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Ce n'était pas vrai. Enfin, pas tout à fait... Non, votre vie entière ne défile pas devant vos yeux lorsque vous êtes sur le point de mourir... Seules des bribes, des fragments de vie défilent en désordre sous vos paupières, comme un montage d'images en technicolor d'un surprenant réalisme. Et ce que vous éprouvez aussi... c'est un sentiment d'intimité intense avec ceux qui sont sur le point de vous accompagner dans la mort...
Tandis que l'équipage et les onze passagers du jet qui devait relier Royal, au Texas, à l’État européen d'Asterland se préparaient pour le choc, certains avec un optimisme forcené, d'autres, des prières aux lèvres, Helena Reichard s'efforça de penser à Asterland, sa patrie... A sa maison qu'elle ne reverrait peut-être jamais... Elle songea à ses parents, le comte et la comtesse d'Orion, et à la douleur que sa mort allait leur causer. Ses pensées dérivèrent aussi vers le petit chat tacheté qu'elle avait tant aimé enfant, ainsi que sur tous les projets qu'elle avait en tête et qui ne verraient jamais le jour...
Curieusement, Helena se remémora aussi le grand et beau Texan aux yeux verts qui l'avait fait valser, deux jours auparavant, lors de la réception du Club des éleveurs de bétail du Texas...
Elle avait déjà rencontré des hommes impressionnants et raffinés... titrés et riches... mais elle n'avait en revanche jamais croisé quelqu'un comme ce Matthew Walker ! Le sourire charmeur, l'esprit vif, le jeune homme s'était montré si séduisant... Il était riche, de toute évidence, pourtant, la main qui avait tenu celle de la jeune femme était marquée par les callosités propres à ceux qui travaillent la terre. Intriguée par cette personnalité complexe et captivante, Helena avait regretté, ce soir-là, de devoir quitter Royal si tôt...
Quel dommage, songea-t-elle alors que l'avion chutait, comme attiré vers la terre par une force irrésistible, qu'elle perde à jamais toute chance de faire plus ample connaissance avec ce Matthew Walker... Quel dommage que sa dernière vision du Texas soit de deux cents mètres au-dessus... en chute libre ! Puis, Helena ne pensa plus à rien quand l'appareil, dont le moteur gauche s'enflamma, tangua dangereusement, avant d'être secoué de terribles soubresauts et de piquer du nez. Réprimant un cri de terreur, Helena baissa la tête, entoura ses jambes de ses bras et attendit le choc.
Derrière elle, quelqu'un hurla. Un grincement épouvantable emplit la cabine pressurisée. Les tonnes d'acier du jet, privé de train d'atterrissage, frappèrent le sol sur lequel se répandirent des litres de carburant inflammable. Le bruit fut inouï... le choc fracassant. Et la peur... la peur paralysa Helena lorsque les flammes, jusque-là confinées à l'aile gauche de l'avion, s'engouffrèrent soudain dans la cabine !
Une douleur atroce la transperça... et ce fut le trou noir.
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