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Entre ici et ailleurs, il existe un pays dont bien peu, de ce côté-ci de la réalité, ont entendu parler.
C’est qu’il y a des milliers d’ici et des milliers d’ailleurs, plus ou moins semblables. Certains seront seulement différents par la couleur de l’herbe, qui sera bleue au lieu d’être verte. Dans d’autres, les pendules auront dix heures à la place de douze. Ou tout sera tellement étrange que la moindre plante paraîtra terrifiante.
Le pays dont nous parlons n’est pas de cette catégorie. Il est plus proche de notre monde, mais pourtant pas tout à fait le même.
Dans ce pays, comme dans tous les autres, les gens vivent, rient, pleurent et rêvent. Somme toute, rien que de très naturel. La plupart des hommes y mènent une existence tout ce qu’il y a de plus paisible, entre semailles et moissons.
Mais pas tous…
Dans chacune des réalités dont nous parlons, il existe des personnes dont la destinée est différente… Des personnes qui, par la force des choses et leur propre volonté, changent l’histoire de leur temps…
Des gens pas comme les autres… Des héros.
Celui dont nous allons parler ici, moins que certains peut-être, mais plus que beaucoup, mérite d’être appelé par ce mot… Héros.
Quand les gens des pays du nord, par-delà la Grande Brèche, racontent une histoire, ils la commencent toujours par « Il était une fois ». Une belle entrée en matière, comme on peut en trouver dans les livres reliés.
Mais chez nous, quand on se rassemble au coin du feu pour se faire rôtir les sourcils et se mettre à l’abri du froid, dans le creux du cantou, on commence plutôt par…
« Il y a un village, là-haut, dans la montagne, entre ciel et bruyère… »
Alors, tout le monde se tait. Même le vent, qui mordille les volets clos, semble faire silence, pour écouter la suite.
C’est l’heure du conteur… C’est l’heure de l’histoire… L’histoire de Louis… Louis le galoup.
Afficher en entierQuand enfin, ils se détournèrent, et, se donnant la main, reprirent tous trois leur marche hésitante, ils en avaient des larmes dans les yeux. Ils ne savaient pas ce que leur réservait ce chemin, mais chacun d'eux savait ce qu'il laissait derrière lui... Son enfance.
Afficher en entier-Tous les grands seigneurs du royaume en ont fait une maladie, quand elle s'est marié avec ton père... Elle l'aimait, tu sais... Comme elle pouvait l'aimer... Et elle l'aime encore... comme lui l'aimait. [...]
Louis, ému, l'interrogea :
- Vous l'aimiez, vous aussi, n'est-ce-pas ?
- L'aimer elle, c'est l'aimer lui, Louis... Ils ne faisaient qu'un. Mais oui, je l'aime, comment ne pas l'aimer ? Elle est...
Il haussa les épaules, en misère de mots pour traduire ce qu'il ressentait.
- Je l'aime comme on peut aimer sa sœur... ou la femme de son meilleur ami.
Afficher en entierDes yeux de loup, bien sûr, aussi jaunes et brûlants que des soleils venimeux, luisants d'une terrible fringale, d'une sauvagerie toute animale... Mais il y avait aussi autre chose, un reflet d'humanité coupable qui rendait ce regard plus terrible et tragique à la fois... une lueur de honte, de souffrance et de remords, un douleur tout à fait humaine.
Louis, étrangement ému, crut voir une larme déborder de l’œil ardent et se perdre dans la fourrure rêche de la créature...
Afficher en entierOn chantait.
Ce fut les premières pensées que formula Louis quand il put rassembler suffisamment de lui-même pour se remettre à réfléchir et à sentir.
Ça lui caressait joliment les oreilles, cette chanson. Ce n'était pas vraiment une chanson, d’ailleurs, juste un méli-mélo de syllabes douces, à mi-voix, comme on peut en pousser sans y penser. Le genre de ritournelle qu'on tresse à un enfant.
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