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Quelque chose traîna par terre avec un bruit sourd, celui d'un sac vide qu'on aurait tiré sur le plancher.
L'instant suivant, un petit corps raide et emmitouflé des pieds à la tête venait s'étendre à son côté.
Alors qu'il lui faisait un peu de place, surpris et secrètement ravi, une petite voix nerveuse s'éleva :
- T'as intérêt à bien te tenir, ou je te jure que galoup ou pas, je t'ensorcelle les aiguillettes.
Dans les ténèbres au goût de vieilles choses, elle ne vit pas le sourire attendri et radieux du jeune homme qui sentait contre ses côtes battre le tambourin de ce petit cœur querelleur.
Afficher en entier- Dévore-la et rejoins-nous... Tu seras libre !
Mais il ne pouvait pas.
Même sans ce maudit Louis qui lui hurlait dans le crâne, il n'aurait pas pu.
Il était enchaîné : enchaîné à cette louve sans poils et sans crocs... Et les loups n'ont qu'une compagne.
Alors, tel un condamné passant la chaîne à son propre cou, dompté d'un sourire et d'un murmure, il cala une fois de plus son petit fardeau de fille contre lui.
Tournant le dos aux forêts et à leur appel, il fit face à l'ouest.
Afficher en entierLe conteur a finit de conter.
Dans la pénombre fumeuse du cantou, les derniers mots se sont mêlés aux cendres.
Mis à part les petits, qu'on a couchés quand l'histoire devenait trop périlleuse, tous sont encore là, de la vieille au benjamin, la bouche ouverte, les yeux emperlés de rêve.
On le relancerait bien, le conteur, pour avoir la suite, mais on se retient.
On sait, ici, qu'une histoire c'est comme une bonne soupe, il faut la savoir doser pour qu'elle plaise à l'oreille, et la consommer en gourmet si on veut l'apprécier.
Afficher en entierToute cette joyeuse compagnie remue allègrement la pénombre du soir de ses éclats de voix, pour mieux ignorer le vent d’hiver, qui, tel un chien hargneux, s’échine des griffes invisibles sur les lauzes du toit.
Soudain, pourtant, un filet de silence commence à se répandre dans cette soupe de paroles, s’étend, moissonne le souffle sur chaque lèvre.
Puis la voix du conteur s’élève.
Même les estrangers, pourtant pas habitués des usages du logis, se font soudain taiseux.
«… C’est par un soir d’automne comme celui-là, quand l’hiver s’impatiente déjà à nous couvrir de blanc, que Louis et ses compagnons arrivèrent à Aurillac…»
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