Extraits

Il se tourna vers moi et me tira contre lui.

— Je suppose que je ne peux pas te convaincre de rentrer aussi à l’intérieur.

— Hors de question. C’est aussi mon combat. Et n’essaie même pas d’utiliser une commande alpha sur moi à nouveau. On sait tous les deux que ça n’a pas marché la dernière fois.

— Évidemment que ça n’a pas marché.

Les doigts de Kaden se resserrèrent autour de mon menton.

— Parce que tu es ma femelle alpha. La seule qui soit mon égale dans ce monde.

Sa bouche s’écrasa sur moi et il m’embrassa fort. Je pris son visage entre mes mains et l’embrassai en retour avec la même vigueur, au cas où ce serait la dernière fois.

Il appuya son front contre le mien.

— Je sais que tu te battras et qu’il n’y a rien que je puisse faire pour t’en empêcher. Sache juste que je me battrai à tes côtés pendant tout ce temps et je serai damné si je les laisse te capturer à nouveau.

— Je ne me ferai pas capturer cette fois, dis-je en passant mon pouce sur ses lèvres. Ne meurs juste pas, d’accord ?

Il me fit un sourire en coin.

— Je ne vais nulle part.

J’aurais préféré parler à quelqu’un comme Stella, mais je ne la verrais pas avant je ne savais combien de temps. Kaden devrait faire l’affaire, même s’il offrait à peu près autant de réconfort émotionnel qu’un cactus.

— Je te l’ai dit il y a des semaines, répondit-il avec un sourire en coin traversant son beau visage. Ça fait plaisir de savoir que j’avais raison.

— Comme si ton ego avait besoin d’être encore plus stimulé. Je suis surprise qu’il puisse tenir dans cette putain de voiture.

— Je vais guérir, dit-il en remettant sa main sur la plaie qui dégoulinait de sang sur le côté de sa jambe et sur le sol.

— Pas assez vite. On doit se déplacer sans que tu laisses une trace de sang que les meutes du Taureau et du Lion pourraient suivre.

Je m’approchai de lui, l’empêchant de boiter plus loin de la voiture.

— Assieds-toi et laisse-moi te guérir, ordonnai-je. Je suis une Ophiuchus maintenant, après tout.

Kaden serra les dents avec force, ses muscles se contractant dans sa mâchoire.

— Non.

Je levai les yeux au ciel en signe d’exaspération. Son entêtement allait nous faire tuer.

— Très bien, je vais le faire avec toi debout.

Je posai le sac par terre et l’ouvris. Des snacks et des bouteilles d’eau étaient logés à l’intérieur avec quelques vêtements de rechange, et je sortis une bouteille que j’ouvris. Kaden me regarda, mais ne fit rien de plus que de lever le menton avec obstination. J’ai pris cela pour un feu vert et je versai le contenu de la bouteille sur l’une des chemises jusqu’à ce qu’elle soit trempée. Puis je la portai à son flanc aussi doucement que possible, bien que Kaden souffla tout de même lorsque le tissu humide toucha sa blessure. Je tamponnai doucement la peau, essayant de ne pas ouvrir davantage la plaie et de ne pas créer plus de dégâts. Une voiture passa, mais l’épave nous cachait et ils ne prirent même pas la peine de ralentir. Nous étions au milieu de nulle part, mais je voulais partir d’ici avant que les autorités humaines ne viennent enquêter sur l’accident. Je jetai la chemise sur le côté après être quasi certaine qu’il n’y avait pas de saleté dans la blessure, puis je regardai Kaden. Ses yeux étaient sombres et indéchiffrables et je soutins son regard tandis que je me baissais lentement sur mes genoux. Les narines de Kaden se dilatèrent et il détourna brusquement le regard. Être si près de lui, aussi nu que le jour de sa naissance, rendait mes sens exacerbés, ainsi que ma louve. L’odeur de Kaden envahit mon nez, et il ne m’échappa pas que j’étais nue aussi ni que la dernière fois que nous avions été dans cet état, c’était lorsque j’étais en chaleur. Je fermai les yeux et me concentrai. Ce n’était pas le moment de se laisser distraire par le fait que Kaden était sexy ou que j’avais envie de lui. Lorsque je fus à peu près sûre de me maîtriser, je rouvris les yeux et ne les levai plus vers Kaden. Je pouvais quand même sentir le poids lourd de son regard sur moi, qui me picotait le sommet de la tête, alors que j’abaissais ma bouche vers sa hanche. Je commençai par le bas de la blessure et léchai la zone juste en dessous. Les muscles de Kaden ondulèrent sous ma langue, réagissant au toucher presque instantanément, et je l’entendis aspirer une forte inspiration. Je continuai à parcourir sa peau frémissante, appuyant ma langue à plat contre elle. C’était salé, la saveur du fer l’emportant sur tout goût naturel que j’aurais pu avoir s’il ne saignait pas, mais pas désagréable. Je ne savais pas exactement comment faire ça, et la dernière fois qu’on me l’avait fait, j’avais été trop distraite pour me souvenir des mouvements exacts que Kaden avait utilisés. Presque immédiatement, la plaie sembla se refermer sous ma langue, et je continuai à œuvrer, guérissant lentement mais sûrement toute la zone. Quand sa respiration devint plus laborieuse, je levai les yeux pour découvrir que la tête de Kaden était renversée en arrière, exposant la longue ligne de sa gorge nue, et que ses mains étaient serrées en poings sur les côtés. Les muscles de ses avant-bras ressortaient clairement en raison de la force avec laquelle il se retenait, mais il ne pouvait pas empêcher sa queue de durcir et de grandir. Elle était si proche de ma langue, qui traçait maintenant des cercles paresseux sur la hanche de Kaden, que j’envisageai de faire un détour. Je n’avais jamais sucé la bite de personne auparavant, mais je voulais désespérément essayer avec lui. Lorsque la blessure de Kaden fut guérie, je me retirai et levai les yeux vers lui, attendant de voir s’il allait m’arrêter. Du désir embrumait ses yeux et je sentais son besoin dans l’air, se mélangeant au parfum du mien. Mes mains se posèrent sur ses cuisses, sentant la force qu’elles renfermaient. Lorsque je déglutis, ses yeux suivirent le mouvement de ma gorge et il inspira fortement. Cela me faisait vibrer de savoir qu’il me désirait même quand je n’étais pas en chaleur, et avec les dernières étincelles d’adrénaline qui couraient dans mon sang, je me sentais complètement sauvage. Je commençai à lécher le long de sa hanche, puis plus haut, traçant les plans durs et les creux de ses abdominaux, incapable de m’arrêter maintenant que j’avais commencé. Il ne m’avait jamais laissée le toucher comme ça avant, même pas quand j’étais en chaleur. Juste au moment où j’allais entourer un de ses tétons avec ma langue, il saisit mes bras et me tira pour me relever.

— Même si j’adore te voir à genoux devant moi, ce n’est pas le moment pour ça, dit-il. On doit partir d’ici.

Je hochai la tête, sachant qu’il avait raison, et me lécha les lèvres, le goûtant sur elles.

— Je t’avais dit que ce serait moi qui te guérirais un jour, dis-je d’une voix essoufflée.

— Tu as fait du bon travail, surtout pour ta première fois, dit-il en inspectant sa hanche. Je n’aurais jamais dû douter de toi.

Je posai ma main sur sa poitrine, fixant ses yeux, mon sang chaud s’écoulant dans mes veines.

— Non, tu n’aurais pas dû.

Nous ne parlions pas seulement de la guérison maintenant, et nous le savions tous les deux. Kaden croisa mon regard avec une lueur qui lui était propre, sa poitrine se soulevant et s’abaissant comme s’il venait de courir un kilomètre. Puis il me tira contre lui, pressant nos corps nus l’un contre l’autre, et m’embrassa fort.

— Tu te souviens de notre première rencontre à la cascade ? demanda Kaden.

— Bien sûr. Ton loup m’a presque arraché la gorge.

— C’est probablement l’impression que ça t’a donnée, mais la vérité, c’est que mon loup s’est jeté sur toi parce qu’il voulait te revendiquer immédiatement. Je ne savais pas ce que ça signifiait à l’époque.

Sa bouche se tordit en un rictus narquois, puis il continua.

— Je pensais que j’avais juste passé trop de temps sans m’envoyer en l’air et que mon loup me punissait pour ça. Mais ensuite, je suis allé à la Convergence et je me suis senti attiré par toi là-bas aussi. Assez pour que je reste invisible pour regarder ce qui s’était passé après notre départ. C’est là que j’ai réalisé que ce que je ressentais devait être le lien d’accouplement. Il ne pouvait tout simplement pas être concrétisé parce que tu n’avais pas encore ta louve.

Mon cœur battit la chamade dans ma poitrine et j’eus soudain du mal à respirer.

— Tu le savais à l’époque ?

Il posa ses mains sur mes épaules.

— Oui et non. Il n’y avait aucun doute dans mon esprit, du moins jusqu’au rituel d’accouplement, lorsque tu as été liée à Jordan. Quand j’ai vu ça, j’ai supposé que je devais avoir tort, car comment pouvais-tu être accouplée à quelqu’un d’autre alors que tu étais mienne ?

— Mais maintenant, on sait que le lien d’accouplement est bidon, murmurai-je en fixant Kaden avec de grands yeux pleins d’espoir.

— Exactement. Une fois que j’ai appris ça, je suis devenu certain que ce que j’avais ressenti à la Convergence était réel. Je suis sûr qu’une fois qu’on aura retiré le faux lien avec Jordan, notre vrai lien d’accouplement émergera.

— Comment tu peux en être sûr ?

Je voulais croire que Kaden était mon vrai partenaire, mais c’était terrifiant de mettre autant de foi dans quelque chose qui pourrait me vouer à un cœur brisé.

— Je le sais depuis le moment où on s’est rencontrés pour la première fois. J’ai essayé de résister, j’ai essayé de me dire que ça ne pouvait pas être réel, mais j’ai finalement dû faire face à la vérité. Tu es ma partenaire.

Il prit ma main et la pressa sur son cœur.

— Je pense que tu le sais aussi.

Ah, voilà le Jordan que je connaissais, celui qui m’avait battue et pourchassée dans la forêt. J’avais eu peur pendant un moment qu’il ait une conscience et un cœur, et j’étais maintenant vraiment contente qu’il soit redevenu un vrai con. Cela rendait beaucoup plus facile le fait de lui dire d’aller se faire foutre.

Je repoussai mon assiette, en ayant officiellement terminé avec ce rendez-vous.

— Je ne te dirai que dalle.

— Tu es ma partenaire ! rugit Jordan, se levant d’un bond pour me dominer de ses larges épaules et de son corps musclé.

Il n’utilisait pas son pouvoir de Lion, mais il était tout de même imposant.

— Tu dois m’obéir, ajouta-t-il.

Cela déclencha un rire de ma part.

— Dois ? Je ne dois rien du tout. Tu es tellement habitué à obtenir ce que tu veux que tu as oublié à quoi ressemble le mot « non ». Laisse-moi te le rappeler.

Je levai lentement mon majeur.