Extraits

« – Ta séparation était aussi bénéfique que la mienne, Noam. Ils n’étaient pas les seuls gays sexy et friqués de Prilly. Tu es trouveras d’autres encore plus déluré que toi.

– Ouais, mais l’un d’eux était vraiment exceptionnel. »

HARRY:

— Tu étais déjà allé à ce genre d’évènement ?

— Je crois que tu n’as pas besoin de réponse, dit-il en bougeant maladroitement sur sa chaise. La seule cérémonie à laquelle j’ai assisté est ma remise de diplôme.

— Vous ne faites rien entre profs universitaires ? Penn est près de ses sous maintenant ?

— Quelques séminaires, mais rien d’aussi clinquant.

— Tu m’étonnes, ce n’est pas comparable. Ça va être long, encore une fois. Mais c’est pour la bonne cause.

Je secoue le poing en signe de fausse euphorie. Noam m’indique David d’un geste du menton. Ce dernier s’étant rapproché de Malone et sa femme, ils rient ensemble en regardant quelqu’un au loin.

— Il n’a pas l’air d’être près de partir, celui-là. Il est comme un coq dans la bassecour, remarque Noam.

— Il est dans son élément avec ses collègues.

Son regard sombre s’attarde sur notre médecin. Son expression est sérieuse. Ce n’est pas son genre de le juger comme ça, j’ai été habitué à leurs élans avides ou complices quand ils sont tous les deux. J’ai l’impression de faire face à sa version prof sévère comme lorsqu’il corrige les copies de ses élèves.

L’attention de Noam dévie soudain sur moi et un rictus détend ses traits fins.

— Tu sais de quoi j’ai envie là ? À part que le dessert arrive vite.

— Dis-moi, je l’encourage en calant mon menton sur mon poing.

Noam se penche vers mon oreille.

— De goûter ce champagne sur ta queue.

Mes cheveux se dressent dans ma nuque et ma bouche s’assèche.

J’étouffe mon rire en un raclement de gorge. Je récupère mon verre d’alcool et l’entame en regardant les personnes à notre table comme si tout allait bien, comme si le mec à côté de moi n’était pas d’humeur salace.

Mais ça ne va pas, mon entrejambe a réagi comme un ressort. Et dire que je trouvais déjà ce pantalon trop étroit.

— Tu n’as jamais essayé ? Les bulles piquent un peu au début, mais le reste passe tout seul, continue Noam.

— On pourrait leur faire une démonstration, ils s’en serviraient peut-être de sujet d’étude.

— Ou alors on devrait mettre ton sexe aux enchères, ça ferait grimper les prix.

— Juste les prix, tu crois ?

Noam part dans un fou rire qui attire l’attention des convives attablées avec nous. David interrompt brièvement sa conversation avant de reprendre en hésitant sur ses premiers mots.

— Vas-y, planque une bouteille sous ta chemise, se marre Noam en faisant mine de la cacher sous la table.

— Merde, je savais que je n’aurais pas dû en mettre une aussi moulante.

Il se remet à rire, son visage proche du mien. Sa joie est communicative, je n’arrive pas à m’arrêter de sourire.

— Ça passe une bonne soirée, lance Malone sur ma gauche.

— Ils ne sont pas sortables, raille David.

C’est nouveau…

Noam se penche légèrement en avant pour pouvoir les voir.

— Ce n’est pas le discours que tu tenais tout à l’heure.

Le rictus de David se fige sans qu’il réplique quoi que ce soit. Il fronce les sourcils avec incompréhension, puis se tourne vers moi comme si j’étais le responsable. Et de quoi, d’ailleurs ? Pour une fois que je m’éclate à l’un de ces galas.

— J’en connais un qui va finir la soirée en solitaire, lui dit son collègue. T’es venu à trois, mais tu pourrais bien passer l’after avec ta main droite, David.

— Je ne me fais pas de souci pour ça. Tu sais ce qu’on dit, plus on est de fous, plus on rit.

— Le lion a peut-être une belle crinière, mais ce sont les lionnes qui ont le pouvoir, réplique Noam en se resservant du champagne.

La frustration du barbu devient palpable. Malone se bidonne en lui tapotant le torse :

— Il va falloir mater ton harem.

— Ouais, c’est ma soirée on dirait, répond David d’une voix grave tout en enserrant ma cuisse gauche sous la nappe.

Je me tourne vers lui, mais il continue de s'intéresser à Malone. Une seconde prise s’abat sur ma jambe droite. Noam remonte sa main jusqu’à mon aine, coinçant ses doigts dans le pli de ma cuisse. Pris entre deux feux, je n’ose ni en dégager un ni en encourager un autre. Mon thorax se gonfle sous ma chemise cintrée.

— Des fois, le maître du Harem n’est pas celui qu’on croit, déclare Noam en me regardant.

NOAM:

— Ça fait deux semaines que je ne suis pas allé boxer, j’ai déjà

l’impression de m’empâter.

— C’est trop loin d’ici ? demande-t-il en s’attaquant aux briouates.

— Disons que je mets autant de temps pour y aller qu’une fois sur place.

— Change de club.

— C’est prévu.

Je rencontre le vert de ses yeux.

— Je veux voir comment tu t’en sors, je précise face à sa surprise.

— C’est un défi ?

— T’as tout compris.

Un éclat de malice se développe dans son regard et un soupçon de sourire ombrage le coin de ses lèvres.

— Je vois qu’on est dans cet état d’esprit… Tu ne seras pas déçu.

— Je n’en attendais pas moins de toi. Au fait…

Je m’empare de mon PC et le tourne vers lui en rouvrant l’onglet d’une page internet. Les résultats de ma prise de sang.

— Ça vous convient, Monsieur ? Je suis clean.

Il se penche vers l’écran pour juger minutieusement les résultats. Les reflets de lumière bleue accentuent les courbes de son visage, le rendant plus masculin.

— Ça me va, dit-il en fourrant un biscuit dans sa bouche.

Je lui donne une frappe sur l’épaule qui le fait basculer sur le côté.

— Tu avais besoin de vérifier, tu ne me croyais pas sur parole ?

— T’es tombé sur le genre de mec qui lit même les petites lignes d’un contrat

— Psychorigide.

— Je suis attentif ou appliqué, pas psychorigide.

— Ah ouais ? Dans ce cas, j’aimerais avoir l’occasion de voir à quel point t’es appliqué.

— Tu veux une démonstration ?

C’est sans conteste une perche qu’il me tend. Trop flagrante pour que je me plante d’interprétation. Balançant le sachet en plastique à l’aveugle, je me jette sur Harry et l’embrasse à pleine bouche. Pris de court, il inspire profondément contre mes lèvres. Je pousse avec ma langue pour entrer, l’enfonçant à la recherche de la sienne. Sa salive est sucrée. Je le dévore tout en agrippant son tee-shirt. J’ai une de ces envies de le déshabiller…

— T’as le goût du miel, je murmure contre sa bouche.

À quelques centimètres de mon visage, ses yeux détaillent les miens comme s’ils me regardaient pour la première fois. Et j’ai le sentiment que c’est le cas

— Ça t’était déjà arrivé de flasher sur un autre que ton mec ? je lui demande, une fois rassasié.

— J’ai eu de l’attirance pour certains, mais je n’avais jamais vraiment pensé vouloir un autre qu’Harry avant toi.

— Qu’est-ce qui a changé ? Mis à part le fait que je suis un prof génial qui instruit les générations futures ?

Ses iris noisette me renvoient cette attitude charmeuse qu’il a quand on est ensemble.

— Parfois, tu sens une connexion avec quelqu’un, ça va au-delà de l’attirance, ça ne s’explique pas. Je l’ai eu pour plusieurs mecs avec lesquels je suis sorti, je l’ai eu pour Harry, et je l’ai eu pour toi.

— Et si c’était avec moi que tu avais été en couple en premier, tu crois que tu aurais proposé ça aussi à Harry ? Ou alors tu t’es dit, ce prof est assez cinglé pour accepter ?

— Il y a un peu de ça. Je ne pense pas qu’Harry aurait dit oui si on venait de le rencontrer, et ça aurait été dommage. Je ne me vois pas vivre sans lui.

— Ouais, c’est un mec génial. Un brin mystérieux, un brin maniaque, et une bonne dose de sexy.

— Tu l’as dit, putain.

À l’évocation de son mec, l’expression de David s’est métamorphosée. Il l’aime, ça crève les yeux. Je le vois dans la façon qu’il a d’en parler, de le regarder quand il traverse le salon de l’appartement, jusqu’à cette manière plus tendre qu’il a de coucher avec lui. Avec moi, c’est différent. Notre relation est essentiellement basée sur la découverte, la bonne entente, l’humour et le sexe débridé.