Commentaire de Mellifluence

Je reviens sur la page de ce livre un mois après pour poster un nouveau commentaire. J'ai eu le temps de m'interroger sur ce qu'il avait provoqué en moi ; bien sûr, en tant qu'asexuelle, je me suis sentie comprise. Mais j'ai discerné des signes que je n'avais pas perçus avant, sans doute car je préférais y rester aveugle : être ace, c'est déjà beaucoup, pas besoin d'y rajouter le fait d'être aro. Et puis, je suis déjà tombée amoureuse (même si ça date d'il y a déjà sept ans), donc j'ai d'emblée écarté cette possibilité. Mais l'aromantisme, c'est un spectre...

Bref, vous voyez où je veux en venir : il y a tellement peu de livres sur l'asexualité et l'aromantisme, mais la lecture d'un aura suffi à me dévoiler pleinement à moi-même. Oui, je suis déjà tombée amoureuse, mais pour autant, je n'ai jamais voulu être dans une relation amoureuse, et si on m'avait annoncé que mes sentiments étaient payés de retour, je crois que je me serais débinée. Je m'en rends compte à présent car ce livre montre bien à quel point la pression sociale nous influence : on finit par vouloir ce qu'on nous vend comme le bonheur absolu, mais mis face au fait accompli, il ne reste que du malaise. Et puis, il y a des éléments qui font qu'on pense qu'on finira bien par rentrer dans le moule hétéronormatif, qu'on a juste pas trouvé la bonne personne : par exemple, le fait d'aimer lire des romances. Mais les lire et les vivre sont deux choses très différentes, et faire le premier suffit à mon bonheur.

Je n'ai pas beaucoup parlé du livre en lui-même dans ce commentaire — je l'ai déjà fait dans mon précédent — mais il me paraissait important d'écrire l'électrochoc que ç'a été pour moi, de la prise de conscience que cela a engendré. Je disais justement que j'espérais que ce roman permettrait à certain•e•s de se trouver ; ironiquement, c'est à moi que cela arrive. En un sens, mes mots n'auraient pas pu être plus justes. Mais il m'a fallu le temps d'accepter de retirer mes œillères, car, comme Georgia, j'ai eu l'impression de perdre une chose qu'on m'a fait miroiter toute ma vie. Ce n'est pas forcément facile à accepter, mais je me sens à présent en paix avec moi-même. Il n'y a plus de stress inutile, à me dire "ça ne coûte rien d'essayer, il faut que je me force un peu sinon ça ne va pas me tomber dessus". Cela aurait dû me mettre la puce à l'oreille bien plus tôt !

Encore un immense merci à Alice Oseman : elle a fait avec ce livre bien plus que je ne le croyais possible.