Extraits

— Oh, laisse-moi deviner ! Est-ce que je vais avoir droit à un de tes « va te faire foutre » ? Parce que je les adore. Ils me manquent. Non, je t’assure. Depuis que Jack et toi vous vous êtes remis ensemble, tu ne me calcules plus.

— Et tu n’aimes pas ça, n’est-ce pas ?

Will se tapote le menton avec un air pensif avant d’opiner.

— Évidemment, Isis. Je te l’ai dit : tu es à moi. Jack est un idiot, s’il pense que quelques séances de baise lui permettront de te posséder.

Je n’arrive pas à dormir. Je n’y arriverai pas à moins de dire quelque chose. J’attrape mon téléphone et envoie un SMS.

Est-ce que tu sais combien de fois tu m’as fait pleurer, putain ?

Sa réponse arrive plus tard, beaucoup plus tard. Elle me réveille vers 2 heures du matin. Je l’imagine dans son lit à elle, nu, et elle, nue aussi, endormie à côté de lui. J’imagine ses cheveux ébouriffés, ses muscles fins, ses yeux bleu argent dans la lumière de la lune.

Trop de fois , dit son texto. Une demi-heure passe, puis : Trouve quelqu’un qui ne te fasse pas pleurer. Trouve quelqu’un de mieux pour toi.

- On n'est pas horribles, je murmure. On est juste humains.

- Tu es comme ... comme ... quel est l'antonyme de "discret", déjà ?

- Isis Blake, suggère Jack.

- Pleure, ma chérie. Et ensuite, relève-toi. Trouve ce que te rend heureuse, murmure-t-elle. La vie est trop longue pour être triste.

Vivre est vraiment bizarre, par moment. Je trouve qu'on ne s'y habitue jamais tout à fait. Mais on vit quand même. Et parfois, on tombe sur des trucs qui rendent l'existence un tout petit peu plus confortable, et on s'y accroche. Mais plus on le fait, plus ces trucs vous échappent.

- Je te veux, Isis. Pas comme une amie. Pas comme une ennemie, mais comme la plus belle fille que j'aie jamais eu.

Tu es le soleil. Tu es la plus importante. Tu es la seule lumière à avoir jamais percé mon armure. Tu es le bonheur, l'étincelle, la seule fille à n'avoir jamais fui, à ne jamais s'être montrée lâche, à avoir vu par-delà la façade. Je ne rencontrerai jamais une autre fille comme toi ; je ne voudrai jamais plus quelqu'un comme je te veux toi.

« Je ne suis pas en train de perdre ma meilleure amie.

Nous allons juste faire chacune notre vie. Les vents nous entraînent vers des chemins distincts, mais nous nous retrouverons. Nous allons seulement explorer le même globe en empruntant des directions différentes, c’est tout. Comme Colomb et Magellan, qui partirent intrépidement pour des lieux qu’aucun autre explorateur du XVIe siècle et qu’aucun autre équipage malade du scorbut n’avait arpentés auparavant ! Sauf que l’un d’eux est mort de fièvre et de, genre… mutinerie, il me semble, et que l’autre n’était en gros qu’un connard de raciste qui a ouvert la voie à des siècles de génocide. Dans un sursaut de discernement judicieux, je décide d’abandonner cette métaphore pourrie. »

Mais rien de nouveau. Quelque chose ne va pas chez moi. Je me démarque. Je suis trop froid. Je ne suis pas comme ces visages dans la foule. Je ne ressens pas les choses aussi profondément qu’eux. Je ne vibre pas avec autant d’émotions. Je n’ai pas autant d’amis, et je n’en voudrais pas plus, d’ailleurs. Je veux rester seul.