Lucy un peu... beaucoup... à la folie

C'est la voix de Sam.

Il est là!

Il est avec Francesca St. Claire de la Roche.

Il faut que je sache à quoi il ressemble. J'essaie de me faufiler à travers la foule de pique-assiettes qui encombrent le passage. Je suis exaspérée! Je voudrais les pousserr, car j'entends la voix de Sam : il s'éloigne, je ne comprends pas ce qu'il dit, dès que je sens que je me rapproche, sa voix disparaît, je vais devenir folle. Il y a trop de monde.

Et puis soudain je réalise que je suis dans l'expo, l'espo de Paul, et je ne regarde rien, même pas moi qu'il a immortalisée. Pourtant, je dois bien être quelque part... J'entre dans un box et découvre, au centre, la sculpture toute blanche d'une femme nue grandeur nature. Grande, anguleuse, ce n'est pas moi du tout. Epaules carrées, longues jambes interminable. Au-dessus d'elle, sur l'écran, la femme de la sculpture évolue, s'assied, se lèvre, prend la pose, sort de l'écran, revient. Ce film de la séance de pose me met mal à l'aise. Même flou, volontairement, on peut trop facilement reconnaître le modèle. Dans le box voisin, la sculpture marron foncé représente une grande femme avec de longs membres maigres. La vidéo, là encore, montre le modèle durant la séance de pose. Elle est tellement maigre qu'on distingue ses côtes. La sculpture suivante est marron clair. C'est une grande femme mince avec une poitrine plate. LA vidéo, de nouveau, avec ses plant syncopés, montre cette même femme évoluant dans toutes les attitudes.

Etrange odeur. Douce et sucrée. Je m'approche, sens.

Ce n'est quand même pas... Je touche. C'est doux. Je passe le doigt dessus, il reste une petite trace.

Je lèche mon doigt.

Chocolat.

Ses sculptures sont en chocolat!

Elles sont toutes nues, allongées sur le ventre, debout, couchées sur le dos ou sur le côté, certaines donnent l'impression qu'elles vont s'envoler, d'autres sont alanguies.

En chocolat blanc, à peine teintées, en chocolat noir ou d'un brun tirant sur le rouge, at au-dessus de chacune, toujours ces vidéos floues correspondant à chaque modèle.

Je meurs d'impatience.

Je tourne pendant trois bons quarts d'heure dans la spirale avant de trouver.

Ca y est.

J'y suis.

Je suis face à moi-même.

Je me dévisage fixement.

D'abord, je ne veux pas me rendre à l'évidence, mais quelque chose de très lourd et de très triste à l'intérieur me dit que c'est bien ça.

Pas d'erreur.

C'est comme un de ces horribles cauchemars, quand vous êtes devant toute la classe, ou sur une scène devant des millions de personnes, ou quand vous marchez dans la rue au milieu de la foule...

ET QUE VOUS ETES TOUTE NUE ET QUE VOUS ETES OBESE !!!