Extraits

- Après t'avoir vue danser toute à l'heure, je me dis que tu te serais bien fondue dans la masse, dans les années 1980.

Je levais les yeux au ciel.

-On peut oublier ça ?

Il sourit et me fit face avec un air rusé.

- Tu étais à ça de connaitre "Walk like an Egyptian" à la perfection.

- Tu es un enfoiré.

— Bonjour à tous, ici Katy des « Khroniques de Katy ». Désolée d’avoir été absente si longtemps. J’ai été occupée avec le lycée et… (Je tournai les yeux vers Daemon l’espace d’une seconde.) D’autres choses. Mais aujourd’hui, je vous ai amené un invité. Je vous présente…

— Daemon Black, conclut-il à ma place. Je suis le mec dont elle rêve tous les soirs.

Le rouge aux joues, je lui assenai un coup de coude.

— Ne l’écoutez pas. C’est mon voisin…

— Et le mec qui l’obsède.

Je me forçai à sourire.

— Il est complètement égocentrique et adore entendre le son de sa voix, mais il m’a promis de rester silencieux. Pas vrai ?

Il hocha la tête et adressa un sourire angélique à la caméra, mais son regard reflétait son amusement. C’était vraiment une mauvaise idée.

— Lire, c’est sexy, affirma Daemon en souriant, fier de lui.

Je haussai les sourcils.

— Ah bon ?

— Oh oui. Et vous savez ce qu’il y a d’autre que je trouve sexy ? (Il se pencha de façon à ce que son visage emplisse l’image et me désigna d’un geste de la tête.) Les blogueuses comme elle. Canon.

Levant les yeux au ciel, je le frappai sur le bras.

— Recule, murmurai-je.

Daemon se redressa et tenta de rester silencieux pendant les cinq minutes suivantes. Chaque fois qu’il me tendait un roman, il était incapable de retenir un commentaire et de prendre ma vidéo en otage, genre « ce type a l’air débile » ou « c’est quoi cette obsession pour les anges déchus ? ». Mon moment préféré fut tout de même lorsqu’il plaça un bouquin juste devant moi en disant : « Cet éventreur me plaît bien. Il tue des gens pour vivre. » Quand l’enregistrement toucha à sa fin, je ne pus m’empêcher de sourire bêtement.

— Voilà, c’est tout pour aujourd’hui. Merci de nous avoir suivis !

Daemon faillit me renverser pour faire un ultime commentaire.

— Et n’oubliez pas : il y a des choses bien plus intéressantes que les anges déchus ou les morts-vivants, là-dehors. Je dis ça, je dis rien.

Il fit un clin d’œil à la webcam.

— Ça n’a rien à voir avec mon aversion intense pour ce mec. (Ses mains quittèrent le plan de travail pour se poser sur mes hanches.) Ou le fait que…

— Que tu sois jaloux ? demandai-je en tournant légèrement la tête.

Ma joue se retrouva dangereusement proche de ses lèvres.

— Moi ? Jaloux de lui ? Pas du tout. J’allais dire qu’il avait un prénom stupide. Blake ? Ça rime avec cake. Pitié !

Les yeux de Daemon étincelèrent.

- Bref, revenons à la partie où tu veux être avec moi.

Toujours suffoquée, je secouai la tête.

- Tu me veux.

Je pris une grande inspiration pour calmer ma colère... et mon amusement.

- Tu es bien trop sûr de toi.

- Suffisamment pour faire un pari.

- Tu plaisantes !

Il eut un grand sourire.

- Je te parie qu'avant le nouvel an, tu auras admis que tu es follement, profondément, et irrévocablement...

- Wahou. Tu n'as pas un autre adverbe à ajouter ?

J'avais les joues en feu.

- Qu'est-ce que tu pense d' "irrésistiblement " ?

Je levai les yeux au ciel.

- Je suis surprise que tu saches ce qu'est un adverbe, marmonnai-je.

- Arrête de me distraire, Kitten. Revenons-en à mon pari : avant le nouvel an, tu auras admis que tu es follement, profondément, irrévocablement et irrésistiblement amoureuse de moi.

Abasourdie, j'émis un rire étouffé.

- Et tu rêves de moi. (Il lâcha mon bras et croisa les siens en haussant un sourcil.) Je te parie que tu l'admettras aussi. Tu me montreras même mon nom écrit sur ton cahier avec plein de cœurs autour.

- Oh pour l'amour du ciel...

Daemon me fit un clin d’œil.

- Alors on est d'accord.

"- Mince, tu as raison. Je me suis peut être cassé le cul.

- Je n'espère pas. Je l'aime beaucoup."

Daemon embrassait comme un homme assoiffé buvant de grandes gorgées sans reprendre son souffle. Quand il recula, il me prit la lèvre inférieure entre les dents, avant de revenir à l'assaut. Un mélange d'émotions enivrantes se disputait en moi. Je ne voulais pas de tout ça, car ce n'était que le lien qui nous unissait qui se manifestait. Je ne pouvais m'empêcher d'y penser alors que je remontais les mains le long de sont torse pour passer les bras autour de son cou.

J’atteignis le lac en un rien de temps. Sa surface onyx étincelait sous la faible lumière. J’avançai jusqu’à ce que mes orteils s’enfoncent dans la vase. Une chaleur intense me chatouilla soudain. Brûlante. Étouffante.

— Kat ?

Je me retournai lentement. Le vent tournoyait autour de moi tandis que je contemplais l’apparition qui me faisait face. Des ombres dansaient sur son visage et le clair de lune se reflétait dans ses grands yeux brillants. Il n’était pas réel. C’était impossible.

— Qu’est-ce que tu fabriques, Kitten ? me demanda Daemon.

Il était trouble. Daemon n’était jamais trouble. Ça lui arrivait de bouger trop vite pour mes yeux, mais il n’était jamais trouble.

— Je… il faut que je me rafraîchisse.

Il parut comprendre la situation.

— Tu n’as pas intérêt à entrer dans ce lac.

Je m’y engageai à reculons. L’eau glacée me lapa les mollets, puis les genoux.

— Pourquoi ?

— Pourquoi ? répéta-t-il en s’approchant. Il fait trop froid. Ne m’oblige pas à venir te chercher, Kitten.

J’avais mal à la tête. Mes neurones étaient sans doute en train de fondre. Je m’enfonçai un peu plus dans le lac. L’eau froide apaisa ma peau brûlante. Lorsqu’elle me recouvrit la tête, elle me coupa le souffle. La douleur s’estompa, jusqu’à quasiment disparaître. J’aurais pu rester ainsi une éternité. Et ce n’était peut-être pas une mauvaise idée.

Tout à coup, des bras puissants se refermèrent sur moi et me ramenèrent à la surface. Un air glacial s’engouffra dans ma gorge, mais mes poumons étaient déjà

calcinés. J’avalai d’énormes bouffées d’oxygène pour tenter d’éteindre les flammes.

Daemon me sortit de mon eau bien-aimée. Il bougea si vite que je me retrouvai sur la berge en l’espace d’une seconde.

— Ça ne va pas ?! s’exclama-t-il en posant les mains sur mes épaules pour me secouer. Tu as perdu la tête ?

— Arrête ! (Je le repoussai sans conviction.) J’ai trop chaud !

Son regard intense me détailla jusqu’aux pieds.

— Je vois ça. La chemise de nuit blanche mouillée… C’est très sexy, Kitten. Mais, franchement : un bain de minuit en novembre, c’est un peu osé, tu ne crois pas ?

Ce qu’il me racontait n’avait aucun sens. Mon instant de répit était terminé. Ma peau recommençait à me brûler. Je repoussai ses mains et me dirigeai de nouveau vers le lac.

Il me rattrapa avant que j’aie pu faire deux pas et m’obligea à me retourner.

— Kat, tu ne peux pas aller là-dedans. C’est trop froid. Tu vas tomber malade. (Il repoussa les mèches de cheveux collées à mon front.) Encore plus que tu ne l’es déjà. Tu es brûlante.

Ses paroles dissipèrent légèrement le brouillard dans mon esprit. Je me laissai aller contre lui, la joue contre son torse. Son odeur était merveilleuse. Un mélange d’épices et de musc.

— Je ne veux pas être avec toi.

— Euh, ce n’est pas le meilleur moment pour avoir cette conversation.

Ce n’était qu’un rêve. Soupirant, je posai les mains sur sa taille fine.

— Mais je te veux quand même.

Les bras de Daemon se resserrèrent autour de moi.

— Je sais, Kitten. Tu ne trompes personne. Allez viens.

Je le lâchai. Mes bras retombèrent mollement sur mes flancs.

— Je… Je ne me sens pas très bien.

— Kat. (Il recula et me prit la tête entre les mains.) Kat, regarde-moi.

N’était-ce pas ce que j’étais en train de faire ? Mes jambes ployèrent sous mon poids, puis ce fut le trou noir. Daemon, mes pensées, le feu, Katy… tout disparut.

- Tu n'es pas en train de mourir, reprit-il.

- Comment tu le sais?

Son regard rencontra le mien.

- Parce que je ne laisserai jamais une chose pareille se produire.

Il l'avait dit avec un telle conviction que je le croyais.

"Tu veux mourir, c’est ça ? Tu pousses le bouchon un peu trop loin ce soir, mon pote. Je ne plaisante pas. Continue. Je peux te presser contre son mur jusqu’à ce que tu arrives à court de jus. "

Dix secondes s'écoulèrent entre le moment où Daemon Black s'assit derrière moi et celui où il me planta son fidèle stylo sous l'omoplate. Dix secondes pleines. Je me retournai sur mon siège. Son odeur musquée caractéristique n’emplit aussitôt les narine.

Après avoir retiré sa main, il se tapota le coin des lèvres avec le bouchon bleu. Je les connaissais bien ses lèvres.

-Bonjour, Kitten.

Je m'obligeai à le regardé dans les yeux. ils étaient d'un vert éclatent comme la tige d'une rose fraîchement coupé.

-Bonjour, Daemon.

Il pencha la tête sur le coté. Ses cheveux noir en bataille tombère sur son frond.

-J’espère que tu na pas oublié qu'on se voyais se soir.

-Non,je sais. J'ai hâte d'y être, répondis-je avec ironie.