Extraits

-Katy Ann Swartz ! s'écria une voix furieuse.

Un rire d'homme rauque s'ensuivit et finit de me tirer de l'agréable brume de mon profond sommeil. J'ouvris les yeux en essayant de me rappeler la dernière fois que ma mère m'avait appelée par mon nom complet. Ah oui, des années plus tôt, lorsque j'avais essayé de caresser un bébé opossum qui avait réussi à grimper sur notre balcon.

Ma mère était debout devant ma porte, vêtue de sa robe de chambre et me dévisagea bouche bée. Will se tenait derrière elle avec un sourire étrangement satisfait sur le visage.

-Quoi ? marmonnai-je.

Mon coussin bougea. Lorsque je baissai les yeux, je sentis mes joues s'empourprer, Daemon était encore dans mon lit et je dormais à moitié sur lui. Il tenait une de mes mains, serrée contre son torse. Oh, mon Dieu, pas ça...

Horrifiée au plus au point, je me libérai vivement.

-Ce n'est pas ce que tu crois !

-Ah non ?

Ma mère croisa les bras.

-Ce ne sont que des enfants, intervint Will, tout sourire. Regarde le bon côté des choses: ils sont habillés.

-Tu ne m'aides pas, rétorqua-t-elle.

Alors qu j'allais me relever, Daemon m'attrapa par la taille et roula contre moi, enfouissant son visage dans mon cou. J'avais envie de mourir. Je le repoussai, mais il refusa de bouger.

Il entrouvrit les paupières.

-Hmm... Qu'est-ce qui t'arrive ? (Je jetai un regard appuyé vers la porte. Fronçant les sourcils, il tourna la tête et se figea aussitôt.) Oh. Oups. C'est gênant. (Il s'éclaircit la gorge tout en tirant son bras de ma taille.) Bonjour, madame Swartz.

Ma mère lui fit un sourire crispé.

-Bonjour Deamon. Je crois qu'il est temps que tu rentres chez toi.

Alors, un cas sévère de diarrhée verbale me frappa.

— Tu m'a embrassée il y a quelques jours et, maintenant, tu t'amuses avec Ash ? C'est comme ça que ça marche ? Tu passes d'une fille à l'autre ?

— Non. (Il me lâcha.) Ça ne marche pas comme ça. Ce n'est pas mon genre.

— Désolée de te l'apprendre, mais c'est exactement ce que tu as fait.

Moi aussi, d'ailleurs. Qu'est-ce que je fabriquais ? Je ne pouvais pas lui reprocher quelque chose que je faisais moi-même. C'était n'importe quoi.

— Mon dieu, il faut que j'arrête de pleurnicher pour un rien. Oublie ce que j'ai dis. Fais ce que tu veux. Je n'ai aucun droit...

Daemon jura.

— Tu n'as aucune idée de ce qui s'est passé entre Ash et moi. On discutait, c'est tout. Elle te faisait marcher, Kat.

— Si tu le dis. (Je me retournai d'un coup et recommençai à avancer.) Je ne suis pas jalouse. Vous pouvez faire des bébés extraterrestres ensemble : je m'en contrefiche.

Daemon ouvrit la boîte et plongea la main à l'intérieur. Il en sortit une branche pleine d'aiguilles vertes et me donna un léger coup avec.

- Je crois qu'on a un sapin à décorer. Je sais que la parade est terminée, mais il me semble qu'ils rediffusent l'épisode spécial Thanksgiving de Snoopy. C'est mieux que rien.

Je ne pus rien y faire. La boule réapparut dans ma gorge et cette fois, je fus incapable de la refouler. Sautant du canapé, je courus hors de la pièce. Des larmes jaillirent avant de couler le long de mes joues. L'émotion me serrait la gorge tandis que je m'essuyais les yeux.

Daemon se matérialisa devant moi pour m'empêcher de monter l'escalier. Il avait les yeux écarquillés, les pupilles luisantes. Je tentai de m'échapper, mais il me captura aussitôt entre ses bras puissants.

- Je n'ai pas fait tout ça pour te faire pleurer, Kat.

- Je sais. (Je reniflai.) C'est juste que...

- Juste que quoi ? (Il me prit le visage entre ses mains et essuya mes larmes avec ses pouces. Ses caresses me firent frissonner.) Kitten ?

- Je ne crois pas que tu te rendes compte à quel point... ce genre de chose me touche. (Je tentai de maîtriser ma respiration, mais ces stupides larmes continuaient de couler.) Je n'ai plus fait ça depuis que... Papa est mort. Je suis désolée de pleurer. Je ne suis pas triste. Je ne m'attendais pas à ça, c'est tout.

- Ne t'en fait pas. (Il m'attira à lui. Je n'opposai aucune résistance. Il passa ses bras autour de moi.)

« ll était toujours aussi arrogant. Et son sourire suffisant m’agaçait toujours autant.

Mais je l’aimais.

Et cet enfoiré m’aimait aussi. »

— Tu as conscience que c’est à cause de ça que tu…

Il haussa un sourcil.

— Que tu t’es entiché de moi ?

— Je suis certain que mes sentiments sont apparus avant, Kitten.

— Tu avais une drôle de façon de me les montrer, alors.

— C’est vrai, admit-il. Et je me suis déjà excusé pour la manière dont je t’ai traitée. (Il inspira longuement pour se donner du courage.) Je t’ai toujours aimée. Depuis la première fois où tu m’as fait un doigt d’honneur.

— Mais tu as seulement commencé à vouloir passer du temps avec moi après la première attaque, quand tu m’as soignée. Peut-être qu’on commençait déjà à… se lier l’un à l’autre ou quelque chose comme ça ?

Daemon prit un air renfrogné.

— C’est quoi ton problème ? On dirait que tu as besoin de te convaincre que je suis incapable de t’aimer. C’est plus facile de te persuader que tu n’as pas de sentiments pour moi, c’est ça ?

— Tu m’as traitée comme une brebis galeuse pendant des mois. Alors excuse-moi si j’ai du mal à croire que ce que tu ressens pour moi est réel. (Je m’assis sur le canapé.) Et ça n’a rien à voir avec mes sentiments à moi.

"Non. A la base, je n'étais pas ton problème." La colère se déclara à toute vitesse dans mon corps, comme un feu de forêt incontrôlable. "Et je ne suis certainement pas ton problème maintenant."

La fenêtre laissant apparaître les émotions dans ses yeux se ferma brusquement, me laissant tremblante dans le noir. Je savais que je l'avais blessé plus que je pouvais même penser être possible. Je l'avais blessé d'une façon bien pire que celle dont il m'a jamais blessée.

"Merde. Ça..." il fit un signe de la main m'englobant "n'est même pas important tout de suite. Oublie tout ça."

Il était parti avant même que j'aie pu finir ma phrase. Abasourdie, je me retournai mais il n'était nulle part. Une douleur me frappa dans la poitrine et mes yeux se remplirent de larmes alors que je me tournais vers ma porte d'entrée. [...] Il était parti.

Oh, pour l'amour de tous les bébés extraterrestres de l'univers ...

Je croyais t’avoir fait comprendre que je t’aimais beaucoup. Je peux recommencer si ça ne t’a pas convaincue. Et au lycée, je t’ai offert un smoothie et un cookie.— Le cookie, tu l’as mis dans ta bouche !

Je levai les mains au ciel.

Il sourit comme s’il s’agissait d’un bon souvenir.

— La table…

— Te frotter à ma jambe comme un chien en chaleur à chaque occasion ne prouve pas que tu as des sentiments pour moi, Daemon.

— Oui, oui. Tu sais, je me suis inquiété pour toi, admit-il avant d’avancer entre mes jambes. Tu n’arrêtais pas de m’appeler et je te répondais, mais on aurait dit que tu ne m’entendais pas.

De quoi parlait-on ? J’avais les mains sur son ventre. Ses muscles étaient tendus sous son pull. Je glissai les doigts sur ses flancs avec l’intention de le repousser, mais au lieu de ça, je m’accrochai davantage et l’attirai à moi.

— Wahou. Je devais vraiment être malade.

— Ça m’a fait… très peur.

Avant que je puisse lui répondre ou seulement m’étendre sur le fait que me savoir malade l’inquiétait, nos lèvres se rencontrèrent et mon cerveau se déconnecta. J’enfouis mes doigts dans son pull et… et oh, mon Dieu, ses baisers étaient profonds, ils me brûlaient les lèvres. Ses mains se resserrèrent sur mes hanches pour me rapprocher davantage de lui.

Daemon embrassait comme un homme assoiffé buvant de grandes gorgées sans reprendre son souffle.

Le ventre serré,j'observai les agents entrer dans la maison. On alluma une lampe et une personne élancée tira les rideaux de la fenêtre principale.

-Ils sont du genre plutôt discret, hein?

-Peut être qu'ils font crac-crac?

Je me tournai vers lui.

-Non, mais quelle horreur!

Il me sourit à pleines dents.

-Elle n'est pas du tout mon type. (Ses yeux se posèrent sur mes lèvres. Plusieurs parties de mon corps frissonnèrent sous son regard brûlant.) Mais maintenant je ne pense plus qu'à ça.

J'avais le souffle coupé.

-Tu es un chien.

-Si tu me caresses, je...

-Ne finis surtout pas cette phrase, le coupai-je en réprimant un sourire. (ça risquait de l'encourager, il n'avait absolument pas besoin de ça.) Et vire-moi cet air innocent de ton visage. Je sais très bien que...