Extraits

— Je sais que ça ne sert à rien de te demander de rester dans la voiture, mais je t’en prie, reste au moins près de moi. (Daemon ralentit en traversant le parking en direction de la berline noire.) Je sais que Luc fait confiance à cet abruti, mais pas moi.

Je résistai à l’envie de lever les yeux au ciel.

— Ce n’est pas comme si j’allais me jeter sur lui pour le prendre dans mes bras.

Son visage se ferma.

— Je n’espère pas. Ça risquerait de me rendre jaloux.

— Tu serais jaloux si elle faisait un câlin à un arbre, rétorqua Archer.

— Peut-être. (Daemon se gara sur une place de parking, juste derrière la voiture en question.) C’est mon côté protecteur.

Cette fois, je fus incapable de m’en empêcher : je levai les yeux au ciel tout en ouvrant ma portière.

— Vous êtes ridicules, tous les deux.

Archer soupira comme un adolescent irascible coincé à l’intérieur d’une voiture depuis trop longtemps. Il y eut un moment de silence.

— Quand est-ce qu’on arrive ?

Daemon grogna.

— Je vais finir par te coudre les lèvres, putain !

Je cachai mon sourire derrière ma main tout en jetant un coup d’œil par la fenêtre. Malheureusement, le paysage me coupa toute envie de rire. Je n’avais pas la moindre idée de l’endroit où nous nous trouvions. Deux cents kilomètres après Billings, tout avait commencé à se ressembler.

Daemon dévisagea Archer un long moment avant de reporter son attention sur Nancy.

— Peu importe le sens dans lequel vous retournez le truc. Tout est votre faute.

— Et nous essayons d’y remédier, répondit le général Eaton. Cette solution est la seule envisageable, à moins que vous n’ayez autre chose à nous proposer ?

— Je ne sais pas. (Je pressai mes doigts contre mes tempes.) On aurait bien besoin des Avengers.

— Pas forcément. On aurait surtout besoin de Loki, rétorqua Daemon.

Le général Eaton haussa les sourcils.

— Eh bien, malheureusement pour nous, l’univers de Marvel n’est pas réel…

J’allais éclater de rire et je savais que si je commençais, je serais incapable de m’arrêter. C’était nerveux. Mais tout à coup, Daemon cligna des yeux, comme s’il venait d’avoir un éclair de génie.

— Attendez une minute, dit-il en se passant la main dans les cheveux. Ce qu’il nous faut, c’est l’équivalent de Loki !

Luc posa sur elle ses yeux violets et se mit à parler d’une voix à peine audible pour ceux qui nous entouraient.

— Et toi, tu me tapes sur les nerfs. Je ne crois pas que tu aies envie que je m’énerve, pas vrai ?

Merde. Nancy devint blême comme un linge. Je jetai un coup d’œil à Kat pour voir si elle s’en était rendu compte. Vu ses grands yeux écarquillés, c’était le cas.

Je restai quand même sur la réserve.

— Il y a aussi du jus de fruits, ajouta Luc. Multivitamines. C’est le goûter des champions !

Bon. Peu importait ce que je décidais, il y aurait un risque. Je ne savais jamais à quoi m’attendre avec Luc. D’ailleurs, je n’étais pas le seul. Et malheureusement, je n’avais pas vraiment le choix.

Je posai de nouveau les yeux sur lui.

— Si tu nous mènes en bateau, je te jure sur…

— Le Bon Dieu, ta mère ou la tête de ton arrière-grand-père que tu me tueras, me coupa-t-il. J’ai compris. Je n’ai pas l’air intimidé, comme ça, mais je le suis. Bon, on y va, ou quoi ?

(p.43, Daemon)

Une grande rousse qui portait une jupe noire moulante et une chemise blanche, nouvellement arrivée elle aussi, se racla la gorge. Elle s'appelait Sadi, ce qui lui allait comme un gant, puisque je l'avais surnommée : Sadi la sadique.

"- Trouver des capotes, c'est un peu ton super pouvoir. C'est dingue. On dirait qu'elles tombent du ciel avec toi."

Peu importait ce que le futur nous réservait. C'était ma famille et je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour les protéger, même si l'un d'entre eux était en train de baver sur mon tee-shirt.

-C'est... C'est comme Oiseau des Neiges.

Daemon me dévisagea avec inquiétude, comme s'il pensait que j'avais perdu la tête. Peut-être était-ce le cas.

-Quoi ?

-La légende dont tu m'avais parlé. (Je me tournai pour regarder dans le vide. Tous mes muscles de mon corps me faisaient souffrir. Il y avait de grandes chances pour que j'aie un trou dans mon épaule et j'étais très, très fatiguée.) C'est comme la princesse Oiseau des neiges.

Daemon ne répondit pas.

-Elle a escaladé cette montagne et finalement seul un brave guerrier a réussi à la rejoindre. (Je m'humectai les lèvres et forçai mes poumons à se gonfler d'air.) Tu m'en as parlé quand on s'est promenés ici, avant qu'on tombe sur cet ours. (Je reposais les yeux sur lui. Son expression s'était adoucie.) Tu m'as dit... que les gens les plus beaux l'étaient à cause de ce qu'ils avaient en eux. (Je m'interrompis et fronçai les sourcils.) Enfin, tu l'as dit d'une façon beaucoup plus jolie.

Il s'avança et s'arrêta juste devant moi. Quand il s'agenouilla, ses yeux brillaient.

-Je me souviens. Je t'ai dit que les personnes les plus belles étaient celles qui n'avaient pas la moindre idée de leur charme. Ou quelque chose dans le genre.

-Oui, c'est ça, acquiesçai-je.

Il pencha la tête sur le côté.

-Je parlai de toi. Ces mots étaient pour toi.

Mon regard croisa de nouveau le sien et soudain, ma gorge se noua.

-Tu était tellement belle et tu n'en savais rien. Tu ne le sais toujours pas, mais tu es magnifique, de l'intérieur comme de l'extérieur. (Avec tendresse, il vint poser sa main entre mes seins.) La plus belle chose en ce monde, c'est ce que tu portes en toi.

- Qu'est-ce que t'a dit Beth ? lui demandai-je en agrippant la portière.

Kat me sourit tendrement en me regardant dans les yeux.

- La même chose que celle que j'ai envie de te dire.

- Que je suis génial ?

Elle pouffa et ce simple son fit naître un sourire sur mon visage.

- Non. Elle m'a dit 《merci》.

Bon sang. Je n'avais pas envie de perdre ces précieuses minutes. Je voulais les passer à l'aimer.