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"C'est un rêve.
Je suis dans une ville, je ne trouve plus mon hôtel. J'ai une valise à la main. Pourquoi ai-je une valise ? Je ne sais pas. Je ne connais pas la ville. J'arrête des gens, sur la place, je leur parle, ils ne comprennent pas ma langue, je ne comprends pas la leur, ils rient, ils s'en vont. Je me perds de plus en plus en cherchant mon chemin. Je grimpe la pente d'une énorme montagne en tirant cette valise, et plus je monte, plus la valise est lourde. Personne ne m'aide...[...]
Je vis sous le signe des valises. Les valises qu'on emporte rapidement. Celles que nous avons dû abandonner à l'arrivée du camp, celles qui se sont accumulées à Auschwitz, avec leurs étiquettes et leurs noms. Les valises que l'on fait pour partir avec un homme, longtemps, dix-sept valises. Je croule sous les valises. Je dois toujours me retenir d'en acheter."
Afficher en entierJe suis donc assise sur mon petit banc à essayer de démêler mon collier. C’est balagan. Balagan, en hébreu, cela veut dire le bordel, la carta. Le collier lui même est balagan, fait de bric et de broc, de faux brillants tout mélangés, bizarre. Il n se ferme pas, il faut le nouer, et après cela, il est tout embrouillé, je ne peux plus le dénouer. Mais finalement, il est bien comme ça. Balagan. Ma vie elle-même est balagan.
Afficher en entierJe n'ai pas d'amertume, ni de regret. Je ne renies pas ce que j'ai fait. J'assume mes erreurs, mes dérives, je les inscris à chaque fois dans mon chemin et dans l'histoire d'une époque à laquelle laquelle j'ai été très mêlée.
Afficher en entierLes gens se libèrent eux-même ou pas du tout.
Afficher en entierOn a l'âge de son traumatisme. Je me sens à la fois non pas vieille, mais mûre, avec des flambées de jeunesse.
Afficher en entierAttendre des autres ce qu'ils ne peuvent pas vous donner revient à entrer dans une prison.
Afficher en entierQuand on est âgée, et qu'il n'y a plus d'enjeux avec les hommes, c'est merveilleux. Ce n'est pas qu'il ne puisse pas y en avoir, mais ce n'est pas essentiel, c'est tellement secondaire. Le jour où descendue dans la rue, je me suis aperçue qu'on ne me regardait plus, j'ai été contente: me voilà enfin libre de moi-même, non plus soumise à des pulsions qui m'entraînaient dans des histoires abracadabrantes.
Afficher en entierSavoir vieillir, c'est savoir faire son chemin jusqu'au bout. Le bout, on le connait, il n'y a pas de bout. Alors c'est le chemin qui compte.
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