Extraits

J'allais commencer à expliquer pour quelle raisons Roméo dormait sur un coussin dans le jardin du voisin, en plain milieu d'un concert de jazz, lorsque le père de Roméo m'a interrompue.

Le père du BB -Mon fils a déjà tout compris à la vie ! De la bonne musique, une bande de copains, des jolie filles à ses genoux. Vous ne lui avez fait que du lait, j'espère ?

J'ai passé la main. Une espèce de lait caillé collait mes cheveux à mon tee-shirt. Il avait régurgité une partie de son biberon.

J'ai poussé un cri.

Les autres sont arrivés en courant. Si la situation n'avait pas été si désespérante, j'aurais éclaté de rire en voyant la tête de Nicolas. Il semblait dégouté. Léa m'a pris Roméo des bras et m'a tendu du sopalin. J'ai essuyé comme j'ai pu la colle blanche.

Léa -Ouh là, il sent pas bon. Tu lui as changé sa couche après manger ?

Justine -Non.

Léa -Il est grand temps.

La couche n'avait pas rempli son rôle et Roméo en avait jusque sous les bras.

Nicolas -Oh putain, c'est immonde. C'est un porc, ce gosse.

Justine -Parce que tu crois que tu étais comment toi à son âge ?

Nicolas – Je ne sais pas mais si j'ai un enfant un jour, c'est sûr que je ne le changerai jamais.

Thibault -Justine, tu veux laver le petit dans la salle de bain ?

Justine -Non merci, sa mère m'a laissé des lingettes spécial bébé.

Nicolas -Attend, c'est une serpillière qu'il lui faut, pas des lingettes. Tu as vu l'état... Mais pourquoi il n'arrête pas de brailler ?

Thibault : Et toi, Justine ?

J'ai essayé d'avaler ma salive et ça a fait un petit bruit bizarre au niveau de ma gorge. Je suis restée la bouche ouverte sans qu'un seul mot ne sorte.

Nicolas : Moi, je veux bien présenter ma cousine si elle ne peut pas parler. Elle s'appelle Justine et c'est une tête.

Justine : Oui, enfin n'exagérons rien...

Nicolas : Si, elle est en terminale S spé maths. Quand tu la vois, tu peut être sûr que derrière, il y a Crueléa, la sorcière. Ces deux meufs-là sont in séparables, t'en as deux pour le prix d'une. Elle a un caractère de cochon alors je ne sais pas pourquoi tout le monde l'aime, même moi ! Elle habite au premier étage de la maison bleue et moi au dernier, avec mon père. Avant je vivais avec ma mère et ma sœur, mais c'était prise de tête alors je suis venu habiter ici. Je suis en terminal STI, je suis fou de l'électronique et d'information. Je bricole aussi, alors si tu as un truc à réparer tu peux compter sur moi. Comme Jim qui est mon meilleur pote, j'aime les meufs.

Je comprenais tout désormais. Ses silences, son besoin de solitude, ses départs inexpliqués. Il luttait pour oublier. J'ai cru que j'allais me mettre à pleurer. Je ne pouvais rien contre une ex qui a disparu. Elle était parée de toutes les qualités que confère l'absence. Elle ne pouvait en aucun cas le décevoir puisqu'elle n'était plus qu'un fantasme ! Tandis que moi, avec mes gaffes et mes seins plats, j'étais bêtement présente.

Thibault - Ah si !!! On peut même dire que j'en ai bavé !

Bon ça va, on a compris ! Je ne vais pas non plus lui servir de psy et payer son billet retour Paris-Beyrouth pour qu'il aille la rejoindre !

Thibault- Moi j'ai eu un prof exceptionnel quand j'étais à Pékin.

Ingrid- A Pékin, au Japon???

Thibault- Non, à Pékin, en Chine.

Ingrid- Oui, enfin c'est la même chose, ils ont les yeux bridés.

Il y eut une lueur d'agacement dans les yeux de Thibault.

Thibault- Non, ce n'est pas la même chose. C'est comme si on te disait que tu es allemande ou anglaise parce que tu es blanche.

Nicolas- Ou conne parce que tu es blonde!

Elle lui a pris la main et la collée sur ses hanches.

Ingrid - Alors mon grand, tu es devenu aveugle ? Tu ne fais plus la différence entre une jupe et pas de jupe ?

Jim a eu les yeux qui lui sont sortis de la tête façons dessins animés Tex Avery, c'est tout juste si sa langue ne s'est pas déroulée jusqu'au sol. Qu'est-ce que les garçons sont facilement manipulables...

- Je peux toucher moi aussi ?

Voila, il ne manquait plus que lui. Nicolas venait de faire son entrée.

- Putain, Ingrid, t'es top comme ça.

Il n'a pas pu s'empêcher de lui faire un petit smack. Avec Léa, on n'avait aucune envie d'en voir davantage. On s'est réfugiées dans le salon.

Mon cousin nous a rejoint deux minutes après.

Nicolas - Justine, il y a plus de Nutella dans le frigo ?

C'était plutôt rassurant de savoir que le string d'Ingrid avait un rival de taille : le Nutella.

On apprend beaucoup en vivant avec les garçons, par exemple qu'une fille, même la plus sexy, ne tient pas la route devant deux cent grammes de noisettes et de chocolat. Je n'ai pas répondu à sa question, si il avit des yeux pour loucher sur un string, il pouvait s'en servir pour trouver son pot de Nutella.

Nicolas - Qu'est-ce que t'as ma Justine, tu boudes ?

Ca aussi, on l'apprend en vivant avec les garçons. Ils ne voient jamais rien des manigances des allumeuses. Ils jouent leur jeu et vous demandent d'un air ahuri ce qu'il vous arrive lorsque ça vous énerve.

Je sais que tuer son père s'appelle un parricide, sa mère un matricide, à ce moment précis j'ai frôlé le Théocide.