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La justice ignore notre fragilité à ce moment-là. On est à la merci d'un regard ou d'une phrase. Au moindre signe positif on se ragaillardit ; négatif, on baisse les bras.
Afficher en entierLe sujet de ce livre, c'est une autre violence, celle de la justice, à tous les étages. Du policier qui refuse de prendre une plainte bien que la loi le lui impose. Du magistrat qui nie et refuse de comprendre la situation de femmes, d'enfants, victimes de comportements inouïs. Du juge aux affaires familiales qui ne prend pas au sérieux le contexte, ou pire encore, qui va indirectement mettre en danger les enfants en ne prononçant aucune mesure de protection. Du juge des enfants qui inverse les rôles, en renforçant les droits d'un père qui est pourtant le bourreau de ses enfants. Ou encore celle de la loi qui ne met pas sur un pied d'égalité les femmes victimes et les hommes violents.
Afficher en entierPersonnellement j’ai été déçue par l’absence de définition d’« emprise » dans la loi. Nous avons à faire à une violence invisible : « Je ferai tout pour te retirer la garde de notre enfant », « Tu es conne et tu ne resteras qu’une conne »… Si une femme a le malheur d’avoir des soucis de santé, elle sera aux yeux de son conjoint « une malade imaginaire », « une assistée », « une fainéante qui n’a aucune ambition ». Si elle est coquette, c’est une « traînée »… Et ainsi de suite. « Il est possible de détruire quelqu’un juste avec des mots, des regards, des sous-entendus. Cela se nomme violence perverse ou harcèlement moral » (Marie-France Hirigoyen, psychiatre).
Le sociologue Michael P. Johnson, chercheur au Centre de recherche interdisciplinaire sur la violence familiale et la violence faite aux femmes situé à l’université de Montréal, parle, lui, de « terrorisme intime ». Il précise que « le terrorisme s’inscrit dans une dynamique cyclique où l’agresseur a recours à toute une panoplie de stratégies, alternant violence et non-violence dans le but de désarçonner, de contrôler et de terroriser sa compagne ».
La loi no 2020-936 du 30 juillet 2020 a posé que la caractérisation du harcèlement au sein du couple est considérée comme une circonstance aggravante.
Ce qui signifie que la violence psychologique existe légalement, mais qu’elle doit aujourd’hui exister judiciairement !
Problème : la notion d’emprise n’est pas définie dans le Code pénal ni dans le Code civil.
La loi du 30 juillet 2020 reste muette à ce sujet. Et ce n’est pas la levée du secret médical qui arrangera les choses.
Afficher en entierAprès cette phase de la confrontation, aucune mesure de protection n’a été mise en place au profit de ma cliente. Son dépôt de plainte non plus n’avait pas garanti sa sécurité. Or, contrairement à ce que l’on croit, la priorité de ces femmes n’est pas de faire condamner le mari cogneur, mais d’être hors de leur portée. Elles le font pour elles avant de le faire contre lui. Trop souvent, la justice entend « demande de sanction » là où il faudrait entendre « urgence d’abri ».
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