Made in New York

Pendant près de quinze ans, Mim a sacrément bien mené sa barque. Tout n’était pourtant pas gagné quand elle s’est fait engager chez Potter, un fabricant de baskets sur le déclin. Elle y est entrée comme secrétaire du directeur marketing et, en moins d’un an, elle a embobiné tout le monde et a tout simplement relancé la marque. Bon, en réalité, elle ne l’a pas fait exprès. Elle avait pris ce job uniquement pour se faire un peu de fric et retourner en Asie, où elle faisait des allers-retours depuis la fac. Elle s’est finalement trouvée à court d’argent dans le désert de Gobi — quelque part près du parc national de Gurvansaikhan en Mongolie — et a dû appeler ses parents à l’aide pour se faire rapatrier. Mais elle n’était pas prête à renoncer aussi facilement. Son plan était simple : travailler dur, vivre chichement, et sauter dans un avion pour Bangkok dès qu’elle aurait assez d’argent pour payer le voyage. Et puis un soir, alors qu’elle prenait une pizza à emporter, elle a remarqué que tous les ados portaient des baskets volumineuses, avec d’épaisses semelles en caoutchouc. Potter fabriquait un modèle similaire, la Kong, qui allait être arrêté. Mim, par un effet de prémonition qui allait devenir sa marque de fabrique, réalisa qu’il s’agissait d’une terrible erreur. Les chaussures à semelles fines, type catcheur, connaissaient un énorme succès depuis un an. Mais les ados, lassés de leur souplesse excessive, recherchaient quelque chose d’un peu plus lourd.

Exit, ses projets de voyage. La Mimitude était née.

Après une année de plus chez Potter, Mim a eu une nouvelle idée de génie avec des tennis à bout carré, mais a refusé de prendre la direction du service recherche et développement. A la place, elle s’est associée avec une amie titulaire d’un MBA, et, à la tête d’un capital non négligeable, elle a fondé InStyle, un bureau de tendances qui cible les ados.

Sous la férule de Mim, et grâce aussi à l’inexorable ascension de la culture jeune, InStyle s’est développé à une vitesse fulgurante.