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Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ? suivi de Rappelle-moi



Description ajoutée par lamiss59283 2012-02-23T09:17:38+01:00

Résumé

Résumé

Il est depuis 1965, date de son entrée à l’ORTF, un ami de la famille. Il aura pourtant fallu attendre la parution de ces deux livres pour découvrir qui se cachait derrière l’animateur préféré des Français. Un cancre de la famille, désireux de prouver sa valeur aux siens, qui a construit sa carrière comme une longue course cycliste. Un petit frère fou d’admiration pour son aîné, Jean, avec qui il partageait la passion dévorante de la télévision. Portraits de célébrités, souvenirs d’enfance et de télé, Michel Drucker ouvre son cœur comme jamais, dans cet émouvant autoportrait.

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Classement en biblio

extrait

Vire

Le nom, rien que le nom de cette ville évoque pour moi une certaine nostalgie et un mal d'être. Ce malaise qui a accompagné ma jeunesse m'étreint encore parfois aujourd'hui. Vire : sous-préfecture du Calvados, six mille habitants à l'époque, bordée par la Manche et l'Orne, non loin de la Bretagne, en plein bocage normand. Ce lieu résonne toujours aussi fort en moi : les odeurs, la pluie si fréquente dans cette partie de la Basse-Normandie, la gare, mais surtout le ciel, gris. Mes quinze premières années m'ont paru une éternité.

Mon père a posé ses valises ici en 1947-1948, après trois ans de captivité entre les camps de Drancy et de Compiègne. Il était médecin, médecin de famille à l'ancienne comme il n'en n'existe peut-être plus - et il le fut jusqu'à sa mort, le 9 août 1983. Avec ma mère, il arrivait de loin, des confins de l'Empire austro-hongrois, de Czernowitz, devenue Tchernovtsy, capitale de la Bucovine, qui fut turque avant de devenir autrichienne puis roumaine, puis russe. Aujourd'hui, c'est en Ukraine, et je rêve d'aller voir un jour d'où je viens.

À Vire, juste après la guerre, s'installa donc une famille roumaine et autrichienne d'origine juive, Lola Schafler et Abraham Drucker. Comme tous les parents de cette génération, les miens n'avaient qu'un rêve : que leurs enfants fassent mieux qu'eux. Mon père voulait des fils diplômés, médecins comme lui, hauts fonctionnaires, grands commis de l'État... ou, pourquoi pas ? musiciens, hommes de plume. Nous étions trois, les trois fils Drucker. L'aîné, Jean, serait évidemment préfet - au pire sous-préfet -, Jacques, le benjamin, deviendrait un grand médecin, quant à moi... Pendant toute mon adolescence, je ferai office de bon à rien, sous le joug d'une interrogation permanente : « Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi ? »

On ne peut pas imaginer la pression qu'exerça mon père concernant notre avenir. Les études, les diplômes, rien d'autre n'a compté. Rien d'autre n'a existé. Mes frères et moi, chacun à notre façon, nous nous sommes battus contre cette obsession paternelle. Pour mon père, ses fils devaient représenter des compétences, des résultats, en un mot de l'excellence. Après une année de médecine, entreprise sans conviction pour le satisfaire, Jean, obéissant, optera pour les sciences politiques, avant l'ENA. Le Dr Drucker en fut très fier. Mais je ne suis pas certain que mon grand frère ait été si heureux d'avoir suivi cette voie, surtout à la fin de sa vie. Sortir de l' ENA signifie souvent devenir un homme de pouvoir, fasciné par la politique. Ce n'était pas le cas de Jean, plus proche des saltimbanques qu'on ne l'imagine. Ceux qui l'ont connu à travers ses trente-cinq années dans l'audiovisuel pourraient en témoigner.

C'est Jacques, le plus jeune, qui finalement reprendra le flambeau d'Hippocrate. Interne des hôpitaux, pédiatre de formation, il est aujourd'hui conseiller scientifique auprès de l'ambassade de France à Washington. Voilà trente ans, il a fait partie, au côté du professeur Philippe Maupas, de l'équipe qui découvrit le vaccin contre l'hépatite B.

Au fond, c'est moi qui aurais dû devenir médecin de campagne. Plus tard, mon père a dit que j'avais toutes les qualités pour porter sa sacoche de cuir noir avec le stéthoscope, le bracelet à tension et aller de ferme en ferme soigner les petites gens, qu'ils soient ouvriers ou paysans dans cette Basse-Normandie de Balzac et de Maupassant. J'aurais tellement aimé, mais je n'ai pas pu. Cinquante ans après, j'en éprouve encore des regrets.

Jeudi 29 juin 2006.

Vol en hélicoptère Écureuil 350.B2.

11 h 10

En quittant l'héliport d’Issy-les-Moulineaux, je savais que je ne décollais pas pour un voyage ordinaire. Je ne suis presque jamais revenu à Vire car je l'ai toujours redouté. Mais chaque fois qu'il m'arrive d'effectuer un vol en direction des plages de mon enfance, du côté de Granville et de la Bretagne, je ne résiste pas à l'envie de changer de cap pour survoler la ville de ma jeunesse. Chaque fois, même de très haut, en n'étant qu'un point dans le ciel, la même émotion m'envahit et mon pouls s'accélère. Depuis bientôt quinze ans, Jean Yves Cousin, le maire de Vire, me dit qu'un jour il posera une plaque commémorative sur l'un des murs de l'hôpital en l'honneur de mon père. Ce jour est venu.

À dix minutes de l'atterrissage, à cinq cents mètres d'altitude, une fois amorcée la descente vers cette cuvette au fond de laquelle j'aperçois déjà la ville, mon pilotage devient moins sûr et, par sécurité, je passe les commandes à mon complice Franck Arrestier - je ne pilote jamais seul, c'est une promesse que j'ai faite à ma femme il y a quinze ans. Je lui demande d'effectuer un tour à basse altitude sur Vire. Au fil des années, la vue d'un pilote d'hélicoptère devient celle d'un aigle. D'un regard, on identifie un monument, une toiture, une cheminée d'usine, autant de repères importants qui font partie de la navigation. La place de la Gare me saute aux yeux, si petite, avec la ligne du chemin de fer Granville-Paris et ses rails brillants - enfant, je rêvais qu'il m'emporte. Je vois les deux maisons de mon enfance, la première, modeste, place de la Gare et, deux cents mètres plus loin, la seconde, plus bourgeoise, avec sa vigne vierge. Un coup d'œil furtif sur la Porte Horloge, le monument qui domine la ville, et déjà nous piquons sur le stade, ce stade où je rêvais d'être Raymond Kopa et Just Fontaine, les Zidane et Henry des années 1950. Vire, en grande partie détruite par les bombardements du Débarquement, comme tant de villes normandes, s'est rebâtie avec moi durant les dix premières années de ma vie. Là-haut trône toujours le collège Émile-Maupas - où j'ai découvert cette maladie qui ne devait plus jamais me quitter : l'anxiété.

La Porte Horloge revient dans notre champ de vision, avec son immense cadran circulaire. Quand j'étais gamin, la nuit, avec des copains, nous nous amusions à en avancer les aiguilles d'une heure. L'hélico se pose sur le stade Pierre-Compte, ma gorge se serre. Il est midi. Je vais rester deux heures et demie à Vire. Deux heures et demie noué par l'émotion mais personne n'en verra rien. Quarante années de métier public m'ont appris à ne rien laisser paraître.

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