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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-02T14:17:48+02:00

Tant les nuages sont noirs et bas, je suis sûr maintenant que la pluie va éclater. Les minutes qui la précèdent sont interminables. Elle prend son temps ! Et ça devient une telle torture d’attendre que je désire presque que la pluie soit là, qu’elle en finisse avec nous et que le compteur de Thomas nous annonce notre arrêt de mort. Je jette un coup d’œil à Meyssonnier assis à côté de moi, je vois sa pomme d’Adam remonter dans son cou maigre. Il est en train d’avaler sa salive. Comme sa chaise est un peu en retrait par rapport à la mienne, je distingue Thomas de profil, qui détache avec peine ses lèvres collées l’une contre l’autre, et les humecte avec sa langue. Je ne suis pas le seul, j’en suis sûr, à sentir la sueur mouiller mes flancs et la paume de mes mains. Nous en sommes tous là. Si j’avais le nez assez fin, je percevrais cette odeur de transpiration et de peur qui émane de ces onze corps immobiles.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-02T14:17:00+02:00

— Tu n’ignores pas, reprend-il avec un calme parfait, que dans l’Église primitive les évêques étaient élus par l’assemblée des fidèles. En m’autorisant de ce précédent, je pourrai donc très bien présenter mon candidat aux suffrages des fidèles de La Roque.

— De Malevil, dis-je d’un ton sec. De Malevil, puisqu’il devrait officier à Malevil.

Il ne relève pas mon interruption. Il préfère retourner sur un terrain plus solide.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-02T14:16:16+02:00

Pendant ce discours, sous prétexte de promener un peu Malabar, et de le détendre avant de le monter, j’ai éloigné la Falvine de la Maternité, car le Momo, lui, répète. C’est même son jeu favori. Il répète en enjolivant, ou plutôt en aggravant, tandis que son œil noir et brillant guette le déplaisir de son interlocuteur. Je ne partirai pas, moi, par la tête : j’écoute la Falvine et par de petits grognements je témoigne que je l’écoute. Ce n’est pas la première fois que chacune de nos deux ménines m’annonce le décès de l’autre. Au début, ça m’amusait. Et maintenant, je dois dire, ça m’attriste. Je pense que l’homme est un étrange animal pour désirer avec tant de facilité la mort de son prochain.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-02T14:15:29+02:00

Je les regarde. Ils sont furieux et outragés comme des maris trompés. C’est un sentiment paradoxal et peut-être même un peu comique, car enfin nous ne sommes pas jaloux les uns des autres. Probablement parce que tout se passe à l’intérieur du groupe, au vu et au su de tous. Il n’y a ni tromperie ni même dévergondage. Notre arrangement comporte même un côté institutionnel tout à fait rassurant. Tandis que Fulbert, non seulement n’appartient pas à notre groupe, mais il a agi avec la dernière sournoiserie. Thomas et Meyssonnier me font remarquer que si Miette n’avait pas été si loyale, ils n’auraient même pas appris son « adultère ». Ils ne prononcent pas le mot, car ils ont tout de même le sens du ridicule, mais la chose n’est pas très loin de leur esprit. Il n’y a qu’à les voir bouillonner de rage.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-02T14:14:53+02:00

Dites-vous bien une chose (je me penche en avant et j’accentue avec force), il faudra tous ici qu’un jour ou l’autre vous appreniez à monter. Tous ! Et je vais vous dire pourquoi : avant le jour de l’événement, à la campagne, le gars ou même la fille qui n’avait pas appris à conduire, c’était le pauvre type. Et le pauvre type, maintenant, ça va être le type qui ne sait pas monter et qui n’a pas de cheval. En temps de paix, comme en temps de guerre. Car si on se bat, pour tomber comme la foudre sur l’adversaire, ou pour fuir si on a le dessous, il n’y a que le cheval. Le cheval, maintenant, il remplace tout : la moto, la voiture, le tracteur et l’automitrailleuse. Sans cheval, à l’heure actuelle, tu n’es rien. Tu es de la piétaille, c’est tout.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-02T14:14:24+02:00

— Ouais, dis-je, j’ai bien ma petite idée. Et ma petite idée, d’abord, c’est qu’on nous fait chanter avec ces bébés. (Et le « on », bien sûr, c’est la mauvaise pomme, mais toujours indéterminée.) Car enfin, tu te vois, Menou (ici, je glisse dans le patois) avec le Momo alors bébé sur les bras, pas une goutte de lait pour le nourrir et refuser de le confier à des gens qui en ont ? et même le culot de leur dire : ce n’est pas le lait pour Momo que je veux, c’est la vache !

Je n’ai pas dit autre chose que Thomas, quelques instants plus tôt. Mais je l’ai dit dans le concret. Les mêmes fleurs, mais pas le même bouquet. Je fais mouche, je le lis sur les visages.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-01T15:18:20+02:00

Je repris :

— Pour nous, le problème, c’est celui du pain. Je n’ai pas de blé, sauf un peu de semence.

Il y eut dans l’air une tension soudaine et les visages devinrent graves. Je les regardai. C’était la grande peur de manquer de pain qui leur remontait aux tripes du fond des âges. Car ce manque, eux-mêmes ils ne l’avaient jamais connu et leurs parents pas davantage, même pendant la guerre. Dans notre coin, l’oncle me l’avait souvent raconté, on avait remis en usage, en 40, les vieux fournils et il y avait eu de la cuisson clandestine en abondance, malgré Vichy et ses tickets. Des temps difficiles, oui, disait la Menou, le pépé chez moi, il en parlait bien assez. Mais tu vois, Emmanuel, manquer de pain, je l’ai jamais entendu dire.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-01T15:17:37+02:00

Mais la Menou avait déjà pensé à balayer et à laver le sol dallé, et à frotter avec soin les meubles de noyer luisant, comme si, dans son courage à vivre et à renouer avec le quotidien, elle avait voulu effacer jusqu’au souvenir de l’événement.

Mais elle n’avait quand même pas pu effacer l’expression qui marquait le visage de mes compagnons. Ils mangeaient tous les trois sans regarder personne, sans parler et presque sans bouger, comme si regards et mouvements avaient pu rompre l’état de stupeur grâce auquel leur souffrance était encore anesthésiée. Je prévoyais que le réveil serait affreux, et amènerait chez eux – à coup sûr, chez Peyssou – de nouvelles crises de désespoir. Après ma conversation avec Thomas et les cauchemars qui avaient suivi, j’avais réfléchi toute la nuit et j’avais conclu que la seule façon de parer à l’avance le choc qui les attendait, était de les mettre aussitôt au travail et de m’y mettre avec eux

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-01T15:15:15+02:00

Autre chose me frappe : à partir du moment où le roulement de train (encore une fois, cette expression me paraît dérisoire) éclata dans la cave, suivi de cette horrible chaleur de four, il y eut chez mes compagnons et moi-même comme une paralysie des membres, de la parole et même de la pensée. On parla très peu, on bougea encore moins, et le plus surprenant, comme je l’ai noté, c’est que je n’eus aucune idée claire de ce qui se passait au-dehors de la cave avant l’apparition de Germain. Même alors, je continuai à penser en termes très vagues et ne tirai aucune conclusion de l’interruption du courant électrique, du silence persistant des stations de radio, du tonnerre inhumain et de la hausse terrifiante de la température.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-08-01T15:14:29+02:00

Personne ne disait mot. La cave était maintenant muette comme une tombe, et à part le halètement des respirations, on n’entendait plus un seul son. Je distinguais maintenant mes compagnons, mais c’était une image brouillée, liée à un sentiment de faiblesse et de nausée, comme si j’allais m’évanouir. Je fermai les yeux. L’effort pour regarder autour de moi me paraissait épuisant. Je ne pensais à rien, je ne me posais aucune question et pas même celle de savoir pourquoi j’étais en train d’étouffer. J’étais tassé, inerte dans mon coin comme un animal agonisant, je haletais, je transpirais, et j’éprouvais un sentiment d’angoisse abominable. J’allais mourir, j’en avais l’absolue certitude.

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