Mariage

Maxwell souriait au point de plisser ses yeux verts.« Vous allez donc me transformer en un mari acceptable et me dénicher une femme en moins d’un mois ! »En proie à la plus totale confusion, Kate demeura immobile à le fixer. Et pendant quelques secondes, elle détailla ses cheveux bruns à la coupe élégante, emmêlés et ébouriffés par une nuit passée à dormir sur son bureau, et son beau visage, tout sourire dans l’attente de sa réponse.Elle eut alors l’impression d’être foudroyée sur place en comprenant ses paroles.Il ne lui demandait pas de devenir sa femme. Il voulait qu’elle lui trouve une épouse. Sous le choc, elle sentit ses épaules s’affaisser, mais elle se redressa en se mordant les lèvres.

— Tout va bien ? demanda-t-il, le regard étréci par l’inquiétude.Non. Ça n’allait pas. Elle venait de voir ses espoirs s’envoler, ses rêves s’évanouir et son cœur se briser en l’espace d’une minute. Mais plutôt que de lui avouer la vérité, elle dissimula ses sentiments. Comme à son habitude, elle refoula les larmes qui lui brûlaient les yeux d’un battement de cils et secoua la tête.

— Une allergie. Vous le savez peut-être… mais c’est la mauvaise période de l’année, ici à New York.

Acquiesçant faiblement, il insista :

— Vous allez m’aider, n’est-ce pas ?

Jamais elle n’avait moins souhaité une chose que transformer Maxwell Cooper en un mari potentiel pour une autre femme. Pas alors qu’elle était elle-même amoureuse de lui depuis… des années. Rencontrer des hommes à New York n’était pas une mince affaire. Elle avait bien essayé, en vain. Mais en travaillant avec Maxwell, elle avait découvert le genre d’homme dont n’importe quelle femme pouvait rêver — consciencieux, honnête, bienveillant. Et beau à tomber par terre !Depuis six années, il l’appréciait, la respectait et se fiait à ses avis. Combien de ses amies pouvaient se vanter d’une relation aussi longue avec leur petit ami ou leur tendre moitié ? Certes, il ne semblait jamais la voir autrement que comme une assistante personnelle, mais elle passait beaucoup de temps avec lui et s’autorisait parfois à rêver d’un dénouement heureux.Enfin, plus maintenant.A présent, elle était certaine de vieillir seule. Elle allait mourir dans un obscur appartement humide avec pour seule compagnie ses quatre-vingt-sept chats et des placards remplis à ras bord de pudding au tapioca. Si ce n’est qu’elle était allergique aux chats et détestait le pudding, même au chocolat.