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Elle gara la voiture que Brock lui avait offerte et ferma les yeux, accablée. Sa voiture, sa maison, son argent… Comme Sherry l’avait prédit, elle était totalement à la merci de cet homme. Au lieu de se fier au bon sens de son amie, elle avait commis l’erreur de faire confiance à Brock. Pire, elle avait couché avec lui… et pas qu’une fois !
Elle frappa le volant avec colère et ouvrit la portière. Son corps l’avait trahi. Il s’était ligué avec cet être décevant, egocentrique, têtu…
Afficher en entierMara tint parole. Pendant les trois jours qui suivirent, son univers se réduisit à la chambre et la cuisine. Dès qu’ils avaient fini de s’occuper d’Abby et de jouer avec elle, ils partaient ensemble à l’exploration des moindres tonalités du plaisir. Elle avait l’impression d’avoir glissé dans une zone intermédiaire séparant la terre du paradis et de cheminer sur un sentier d’or et de pierreries.
Son nouveau mari était l’homme le plus sensuel qu’elle ait jamais rencontré, mais ce n’était pas une machine à jouir. Au contraire, il jouait à la perfection avec ses désirs, dont il savait d’instinct épouser le rythme. Parfois, il la caressait et la câlinait langoureusement pour la mener au seuil de l’insoutenable, d’autres fois, il la taquinait avec un savoir-faire espiègle et rieur jusqu’à ce qu’elle se rende et le supplie de mettre fin à ses tortures délectables. Mais il savait aussi la pénétrer avec la rudesse impérieuse d’un fier étalon et, transportée par son assaut fougueux, elle n’aspirait plus qu’à se joindre à lui dans la jouissance.
Afficher en entierA l’heure du dîner, Mara était persuadée d’avoir réussi à établir l’ordre de ses priorités : Abby et la restauration du fort passaient avant tout. Brock, lui, n’était qu’un facteur de confusion qui perturbait le cours de sa vie. La meilleure chose à faire était de se tenir à l’écart de lui, jusqu’à ce que sa situation professionnelle soit bien établie, alors elle pourrait déménager. L’éloignement lui permettrait sûrement de réfléchir sereinement et de démêler ses sentiments. Mais ici, dans sa maison, ils étaient bien trop proches pour qu’elle puisse y voir clair.
Afficher en entierAbby était bien en train de pleurer dans son berceau. Les cris de son bébé affamé, transmis par l’Interphone, avaient été occultés par la musique et les éclats de voix. Mara, honteuse, prit le nourrisson rouge et trempé et le berça jusqu’à ce que ses hurlements se transforment en petits sanglots pitoyables.
Elle changea vivement sa couche mouillée et lui enfila un pyjama propre, puis elle se laissa tomber dans le fauteuil à bascule et abaissa son bustier chatoyant. Au bout de quelques secondes, les bruits de succion satisfaits du bébé lui rappelèrent qu’il y avait au monde des choses plus importantes que de se donner en spectacle dans une étreinte passionnée.
Afficher en entier— Attirés ? C’est bien peu dire, remarqua-t-il en faisant rouler un orteil entre son pouce et son index. Mara, je ne sais pas si ce que nous éprouvons est bien ou mal. Tout ce que je sais, c’est que je ne trahirai jamais la mémoire de Todd. Mais il n’est plus là. Il est parti. Il faut se faire à cette idée. C’était l’homme le plus généreux de la terre : penses-tu vraiment qu’il souhaiterait que tu consumes le reste de ta vie dans le chagrin ?
— Je ne sais pas.
Afficher en entierElle referma aussitôt la portière et, pendant qu’il faisait le tour du véhicule, elle se mit à ruminer de sombres pensées en contemplant la neige qui tombait.
Il était primordial de rétablir des barrières. Et si Brock essayait de reprendre la conversation de tout à l’heure, elle l’arrêterait tout de suite pour lui faire part de ses intentions. Tant pis s’il décidait de réduire sa participation à l’entretien d’Abby !
Brock monta dans la Jaguar et démarra en lui jetant un regard furtif. Il n’avait jamais vu Mara aussi raide et tendue. Bon sang ! Que s’était-il passé ? Au ranch, elle avait paru si contente de l’accompagner ! Maintenant, on aurait dit qu’elle était perdue à des millions de kilomètres.
Afficher en entierForce lui était de constater qu’il ne voulait pas d’une autre femme. Qu’il était même incapable de désirer quelqu’un d’autre. Comment une chose pareille avait-elle pu se produire ? Etait-ce parce qu’il avait vu Mara donner la vie ? Parce qu’il avait passé tant de temps dans sa chambre d’hôpital à l’observer se transformer lentement en mère ? Peut-être n’était-ce que le résultat de ce fameux matin dans les ruines de la vieille bâtisse, quand elle l’avait regardé droit dans les yeux avant de lui retourner fougueusement son baiser ?
Afficher en entierDebout au milieu des ruines, Abby dans un bras, Brock lui tendait la main. Mara, rougissante, s’efforça de réprimer son trouble. Etait-il permis qu’un homme dégage autant de charme et de sensualité ? Et que dire d’elle ? Etait-il permis de mourir à ce point de désir, en plein jour, alors qu’on était fagotée comme l’as de pique et qu’on venait de donner naissance à un enfant ? C’était inconcevable !
Mais, dès qu’elle glissa sa main dans la sienne et que leurs doigts s’entrelacèrent, souffle coupé, Mara constata le contraire.
Afficher en entierLe bébé ne se manifestait plus. Brock mit à profit ce répit pour poser ses pieds sur le lit et détendre ses longues jambes fourbues. Le chuintement de la bise contre la vitre remplaça le grincement du fauteuil à bascule. Epuisé, il ferma les paupières, la joue posée sur le crâne du bébé.
— Fais dodo, Abby, ma chérie…
Le murmure de la tendre voix de Mara filtra à travers les limbes de sa conscience assoupie.
— Papa est en bas qui te bercera…
Brock sursauta et ouvrit les yeux. Toujours étendue sur le lit, Mara le fixait. Tout en fredonnant la berceuse, elle lui taquina le bout de la chaussette, puis fit glisser son orteil nu le long de sa plante des pieds jusqu’à l’ourlet de son jean.
Afficher en entierA cette idée, Mara ressentit son premier frisson d’enthousiasme depuis bien longtemps. Si Brock réussissait à remettre la société en marche et trouvait quelqu’un pour remplacer Todd, on aurait encore besoin de ses services. Brusquement, elle se souvint qu’une section de sa bibliothèque était consacrée à la guerre de sécession et à la colonisation qui avait suivi au Nouveau-Mexique. Peut-être y mentionnait-on les vieilles forteresses ? Peut-être même Fort Selden ?
Tout excitée, elle s’élança dans le salon. La bibliothèque, qui couvrait tout un pan de mur, contenait surtout des textes consacrés à l’histoire, l’anthropologie ou l’archéologie. Elle se dirigea directement vers la section qu’elle avait examinée la veille.
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