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Extrait ajouté par feedesneige 2016-06-08T19:16:15+02:00

CHAPITRE PREMIER

Il m’aime. Il m’aime. Il m’aime», se répétait Marie en coupant des tiges d’ancolies roses.

Simon ne l’avait pas oubliée. Il pensait à elle et reviendrait à Nantes. Elle l’avait toujours su. En fermant les yeux, elle l’imaginait, rieur, lui tendant les bras, beau comme un prince. Elle appuierait sa tête contre la casaque rêche, respirerait la poudre des combats dont le tissu était imprégné avant de percevoir l’odeur chaude de Simon, poivrée, piquante, musquée.

Il se pencherait sur elle, chercherait sa bouche avec avidité, elle sentirait les poils durs d’une barbe mal rasée râper ses joues, meurtrir son cou, et elle souhaiterait que ces rougeurs restent longtemps, preuves du désir de Simon.

Vorace, il la baiserait au front, aux yeux, lui croquerait l’oreille, se perdrait dans ses cheveux avant de s’emparer de ses lèvres, avant d’enfoncer une langue si agile quelle la forcerait à répondre à cet embrassement.

Elle suffoquerait délicieusement, son cœur s’emballerait, sa raison lui échapperait dans cet affolement voluptueux.

Le père Thomas avait beau fustiger ses ouailles et leur répéter que succomber à la chair mène droit à l’Enfer, Marie LaFlamme ne pouvait s’empêcher de rêver ainsi à Simon. Elle frissonnait à inventer cette scène de retrouvailles, se la remémorant cent fois l’heure, ajoutant des détails brûlants, précisant l’ardeur des baisers, l’audace d’une main. Elle taisait ses songes osés à tous, persuadée qu’on la condamnerait, que personne ne pouvait comprendre.

Est-ce qu’on avait jamais aimé autant qu’elle?

Non, sûrement non.

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Extrait ajouté par Hrader 2011-03-04T02:17:48+01:00

Chapitre 3

« Péronne Chahinian avait cessé de se débattre. Vaincue, elle espérait seulement que le bourreau, touché par sa soumission, consentirait à l'étrangler. Les magistrats le lui avaient promis mais aucune des autres condamnées ne l'avait été et maintenant, le prêtre s'avançait vers le bûcher, tendait un crucifix cloué à une perche en exhortant les sorcières à une confession publique.

Péronne avait tout admis. Que pouvait-elle ajouter ?

Il lui semblait que son procès avait duré des mois, des années, alors qu'on l'avait arrêtée trois semaines plus tôt le 8 septembre 1647 sous les accusations de sa voisine Dumas qui prétendait qu'elle avait jeté un sort à ses poules. Elles étaient mortes en deux jours, pour avoir mangé un trognon de pomme lancé par Péronne.

Dix-neuf autres témoins se présentèrent aux juges et confirmèrent avoir été victimes des enchantements de la fille Chahinian. Elle avait fait sécher le lait de quatre vaches, donné la fièvre à l'enfant Frémiault, empêché la génération dans deux maisons et plusieurs soutenaient l'avoir vue cracher son hostie dans son mouchoir lors des communions.

Si la jeune femme clamait son innocence avec vigueur le lundi, elle avouait le vendredi, brisée par des heures d'interrogatoire. Oui, elle avait assisté une fois, une seule fois, au sabbat. Citant des sources, les textes des experts Bodin, Boguet et Lancre, ses juges lui firent remarquer que les réunions sataniques étaient hebdomadaires et que toutes les sorcières se devaient d'y paraître. Péronne leur mentait donc. Il fallait obtenir des aveux complets de l'inculpée.

Sur un signe de tête d'un magistrat, deux hommes entraînèrent Péronne dans une salle voûtée.

A la vue des tenailles et des fers, du chevalet, des maillets et des coins, la captive défaillit. Quand elle s'éveilla, elle était allongée sur une table et maintenue bras et jambes écartés afin de faciliter le travail du barbier-chirurgien. A l'aide d'un couteau bien aiguisé, il rasa complètement le crâne de l'infortunée, jetant au feu avec dédain les longues mèches blondes dont Péronne était si fière.

- Tu n'attireras plus de galants avec tes appas démoniaques, avait-il ricané..

Péronne avait senti la lame descendre le long de son cou, frôler son sein gauche. Le barbier l'avait empoignée brutalement pour tendre la chair sous l'aisselle. Il l'avait blessée par deux fois avant de s'attaquer à l'autre bras. Il avait balayé les poils d'un souffle aviné, puis signifiant à ses aides de maintenir solidement la victime, il avait tiré les poils du pubis jusqu'à la faire crier. Le métal était froid mais Péronne transpirait abondamment. Entre deux plaintes, elle entendit ses bourreaux décider de l'alêne ou du stylet. Un instant plus tard, le juge désignait la fesse gauche pour la recherche de la première marque. Le chirurgien s'exécuta aussitôt, enfonçant une épingle longue de trois doigts.

Péronne hurla. L'homme retira l'aiguille pour mieux l'enfoncer. Le sang jaillit.

Péronne cria vingt fois, perdit connaissance quand le juge, impatient de trouver la marque d'insensibilité, ordonna qu'on use de l'alêne pour percer le sein droit. Évanouie, la jeune femme échappa à ce sévice mais le juge, excédé qu'elle saigne encore, décréta que Satan avait supprimé les marques afin de protéger sa créature. Le sang qui coulait était une autre tromperie du Malin.

Les interrogatoires alternèrent avec la recherche de nouvelles marques. Péronne avoua tout ce que les juges lui suggérèrent et le greffier nota, en savourant l'idée du devoir accompli, les minutes d'un atroce procès.

Péronne fut condamnée à mort et traînée sur la place publique.

Elle vit son cousin parmi la foule amassée près du bûcher.

Guy Chahinian était tout de vert vêtu et Péronne se souvint qu'elle lui avait dit un jour que c'était sa couleur préférée. Elle tenta de courir vers lui très vite mais on la saisit rudement et on l'attacha au poteau avec une vieille femme. Péronne toucha les mains de cette dernière, elles étaient froides et inertes comme si elle était morte. Péronne l'envia durant une seconde puis sentit battre son pouls: on ne l' avait pas étranglée. On ne les étranglerait pas.

Les premières flammes montèrent vite, mordirent leurs robes, les embrasèrent dans un crépitement sinistre. Les hurlements de la foule dominèrent un temps ceux des sorcières.

Guy Chahinian ne quitta pas sa cousine des yeux durant tout le supplice. Il voulait lui dire qu'il l'avait toujours aimée. Parce qu'elle était jolie, gaie, impudente.

La fumée n'étouffa aucun de ses cris. Il lui sembla les entendre durant des heures.

Durant des années.

Ils résonnaient encore à ses oreilles quand il arriva à Nantes, en ce jour anniversaire de la mort de sa cousine. »

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Extrait ajouté par Hrader 2011-03-04T02:17:48+01:00

Chapitre 26

« Avant de suivre Martin Le Morhier, Nanette avait brûlé toute la médecine d'Anne mais elle ne pouvait deviner que le balai qu'elle utilisait chaque jour et les bouts de ficelle accrochés à un gros clou au-dessus du linteau de l'âtre seraient considérés comme des instruments maléfiques permettant à sa maîtresse de voler au sabbat ou de nouer l'aiguillette. Guy Chahinian vit les sergents aux mines satisfaites quitter la maison de la sage-femme. Des murmures d'aise dans la foule, les calomnies des badauds se rendant au palais pour témoigner achevèrent de le désespérer. Les témoins venaient de tous les coins de la ville et cette masse croissante ressemblait à cette horrible bête aux mille tentacules qui hantait les abords des îles exotiques. On disait que la pieuvre avait étouffé des femmes, englouti des enfants durant des années sans jamais être assouvie: la foule grouillante n'était pas moins affamée de victimes. Les gens se battaient quasiment pour témoigner, exigeaient le sacrifice.

Les magistrats n'allaient pas les décevoir.

Entre deux témoignages, ils discutaient de points de droit, comparant leurs observations, notant les questions qu'ils poseraient bientôt à l'accusée.

Selon les directives de sa mère, Marie avait fait savoir qu'elle la reniait et demandait à être séparée d'elle, craignant d'être ensorcelée à son tour. Il avait fallu tous les pouvoirs de persuasion d'Anne pour convaincre sa fille de l'accuser publiquement mais après qu'on eut emmené Lucie Bonnet, elle y était enfin parvenue. Les juges avaient cependant refusé d'éloigner Marie: si elle était sincère, elle épierait sa mère pour eux. Elle devait donc rester dans la même cellule.

Tout en se réjouissant du précieux témoignage de Marie LaFlamme, les juges consultaient les écrits des plus célèbres inquisiteurs afin de mener à bien le procès.

- La matrone n'a pas pleuré; l'absence de larmes est un signe.

- Plusieurs malades disent qu'elle leur a donné des pommes et qu'ils ont eu ensuite des maux de ventre comme si mille diables s'agitaient dans leurs entrailles. Les fruits étaient maléficiés !

- Des pommes ? s'étonna malgré lui le bailli Antonin.

- Il faut se garder de tout ce que cette femme a touché! Tout! répéta le magistrat Rolin. Il avait lu que l'illustre Nicolas Rémy avait su dès son plus jeune âge se méfier des diables qui égaraient ses billes; lui-même se souvenait que des démons avaient pourri les confitures sèches offertes à sa mère pour Noël.

Comme le magistrat, ses collègues redoutaient d'être trompés par les réponses sataniques d'Anne LaFlamme, aussi s'appuyaient-ils sur les terribles directoires des premiers inquisiteurs.

- Nous devons maintenant, dit le jurisconsulte Darveau, rechercher la marque diabolique. Avec les témoignages, nous aurons tous les éléments pour la faire avouer.

- Et le bourreau nous y aidera, dit l'échevin Guillec.

L'homme avait acquis en très peu de temps une assurance qui le portait à une surenchère de cruauté pour plaire à ses pairs. Il agait prononcé ces derniers mots en guettant l'approbation du jurisconsulte qui lui avait prêté le guide de démonologie. Un sourire discret le combla. Zélé, il répéta que le chapelet trouvé sur Anne LaFlamme ne lui appartenait peut-être pas: qu'elle eût affirmé le détenir depuis la mort de son mari ne prouvait rien puisqu'on ne devait pas croire ce que disait une sorcière.

- Qui assistera le bourreau? demanda le magistrat Pijart.

M. Gigaudon, M. Le Franc ou M. Hornet?

- Je propose M. Hornet: il a étudié à Paris, vous savez. Et il sera impartial; il ne connaît pas la prévenue. Qu'on le fasse quérir maintenant: on procédera à la recherche du punctum diaboficum dès ce soir. »

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