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Pour Marie, la lutte commence. Au couvent de la Visitation, sous la direction de sœur Marie-Élisabeth de Lamoignon, sœur du premier président, elle va mettre toute son ardeur, tout son désir de revanche, appliquer toute son inflexible volonté à une nouvelle passion : la culture. Elle lit, étudie le français, vainc ses difficultés de prononciation, étend ses connaissances déjà surprenantes, mais y ajoute un vernis mondain qui lui manquait totalement. Pas un instant de relâchement ; tout lui est étude. Danse, musique, rien ne lui est agrément ; ce sont des armes qu’elle fourbit, et non des plaisirs qu’elle se donne. Pas un attachement, une amitié : elle n’en a pas le temps. Un jour, se dit-elle déjà, on reconnaîtra ce qu’elle vaut, on reviendra sur cet injuste mépris qui la ronge. « On m’admirera. » Pense-t-elle parfois : « On m’aimera » ? Sans doute, car elle est sensible. Mais peut-être rougit-elle de le penser, car elle est déjà assez fière pour ne pas solliciter ce qu’on ne lui accorde pas d’emblée.
Afficher en entierRéfugiée dans sa chambre, la plus obscure, la moins agréable de l’appartement, elle se rejette avec une avidité désespérée sur ses livres. Elle aime l’apaisement amer de la lecture. Elle en ressort plus calme, elle arrive à regarder les autres comme des personnages, odieux mais sans pouvoir, (...).
Afficher en entierSes brèves apparitions à la cour n’ont pas été des succès. Fait d’autant plus remarquable que ses cadettes, Hortense et Marianne, en sont la coqueluche. Hortense a douze ans. Elle est éclatante de beauté et de joie de vivre, Marianne, sept ans, ravit la reine et le cardinal par sa spontanéité et son esprit. Elle fait des vers, elle sert de prétextes à mille amusements à la fois naïfs et grossiers. Elle plaît comme un petit chien savant, et on s’en amuse parfois de façon étrange.
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