Extraits

J’étais déjà allé à Liberty auparavant, mais chaque fois que je me pointais, Alec était dans son bureau, en train de s’occuper de paperasse ou d’autres tâches administratives. Il avait l’air… différent. Plus sale. Son visage était maculé de crasse ou de graisse, je ne savais pas trop laquelle, et ses cheveux étaient trempés de sueur. Sans parler de l’état de ses mains. Il avait défait sa combinaison et l’avait attachée autour de sa taille, son tee-shirt blanc moulait sa poitrine alors qu’il déplaçait la meule avec une précision d’expert. Je n’avais jamais remarqué la façon dont ses veines se détachaient des longs muscles de ses bras. Pendant un instant, le désir brûla dans mon ventre et je regardai Alec comme je ne l’avais jamais fait auparavant. Bien sûr, j’avais eu le béguin pour lui au lycée, mais c’était différent. Là, c’était une pulsion d’homme des cavernes de bas étage et, si je n’avais risqué de perdre notre amitié, je serais tombé à genoux instantanément.

- Dites-moi que vous vous êtes au moins embrassés.

Serena était toujours aussi indiscrète et ça devenait gênant.

- Cela n’a jamais fait partie de l’accord, répondis-je.

- Donc vous vous tapez toutes les parties ennuyeuses du mariage sans aucun des trucs amusants, même les petites choses amusantes, dit Brynn.

- On s’amuse.

Chase avait les bras croisés et un air de défi.

- Vous vous amusez à peine, lâcha Serena. Ce n’est pas un vrai mariage sans les trucs physiques.

Un silence s’abattit sur notre groupe.

- Ce n’est pas un vrai mariage de toute façon, protesta Chase.

Il y avait quelque chose de saisissant dans sa voix. Il devint silencieux, presque comme s’il avait honte que ce mariage soit faux. Le pari me retournait le cerveau et évidemment, c’était le cas pour lui aussi. Était-il blessé par le fait que je n’avais rien tenté ?

Il n’avait jamais semblé intéressé. Notre relation avait toujours été complètement platonique. Il n’y avait jamais eu le moindre soupçon sur le fait qu’il puisse y avoir plus. À une époque, j’avais cru qu’il avait peut-être des sentiments… Mais en le regardant maintenant, il avait presque l’air blessé et j’avais plus de doutes que jamais. Les paroles de Serena avaient-elles vraiment blessé Chase ? Cela semblait peu probable, mais sa façon d’être, ses épaules légèrement courbées vers l’avant, racontait une autre histoire.

Avant de pouvoir y réfléchir, je me mis debout et saisis son biceps, le faisant se lever de son tabouret. Je le serrai contre moi et plaçai mes mains sur ses joues, inclinant la tête vers le haut lorsque mes lèvres rencontrèrent les siennes.

J’avais voulu que ce soit rapide et chaste, une simple pression de mes lèvres contre les siennes. Je regardai ses yeux se fermer et les miens firent de même. J’eus le goût de la bière et quelque chose de plus profond dans sa bouche alors que je l’embrassais. Il devint docile dans mes bras et son petit soupir, si doux que je fus le seul à l’entendre, me fit presque perdre les pédales.

Tout disparut autour de nous – le bar devint silencieux, le monde s’immobilisa – et tout ce qui resta fut lui et moi et la sensation de son corps contre le mien. Je le serrai plus fort, approfondis le baiser, poursuivant le goût de sa bouche alors que ma langue glissait contre la sienne. Je sentis que je devenais dur et que ma maîtrise de moi-même se fissurait. Il saisit ma chemise et à ce moment-là, tout ce que je voulais faire, c’était l’amener quelque part et le baiser passionnément.

Au lieu de cela, je reculai, mettant un espace bien nécessaire entre nous deux.

- Voilà. Vous êtes contents maintenant ?

Je parvins à peine à faire sortir les mots. C’était un petit miracle que ma voix ne tremble pas, parce que le reste de mon corps frissonnait. Tout le monde nous regardait, bouche bée, comme s’ils ne pouvaient pas croire ce dont ils venaient d’être témoins.

Chapitre 1 :

Chase

« … Le sourire d’Alec retomba et il se renfrogna.

— Je ne suis pas comme Chase, dit-il.

— Je n’en serais pas si sûre, répondit Brynn.

Une partie de moi était ravie de ne plus être désigné comme le paria du groupe. Heureux d’avoir un peu de compagnie dans ma honte, je me tournai vers Alec.

— Elles sont jalouses parce que nous avons toujours notre liberté. Mais si ces enfoirés peuvent faire fonctionner leur mariage, alors, nous aussi.

— Tu veux ajouter un petit pari à cette affirmation ? demanda Reid, un sourcil levé par défi.

— Vas-y, balance, dis-je avec plus de confiance que je n’aurais due.

Il réfléchit un moment avant de parler.

— Le perdant devra venir au bar un vendredi soir avec des talons hauts, un mankini et le visage de Justin Bieber tatoué sur le cul.

— Le tatouage doit être un vrai ? demanda Serena.

Reid y réfléchit une seconde.

— Non, un tatouage temporaire est acceptable, mais il doit couvrir au moins les deux tiers de la fesse.

— Ça me va, dis-je en me tournant vers Alec.

Me laissant tomber sur un genou, je pris sa main dans la mienne.

— Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il.

— Je fais ma demande. Ne la gâche pas, crétin.

Je remis ma cravate droite.

— Alec Gabriel Montero, veux-tu m’épouser ?

— Pourquoi moi ? dit-il d’un air déconcerté.

— Brynn a dit que je devrais épouser mon meilleur ami. Tu es mon meilleur ami et je n’étais pas le seul dont ils se moquaient.

Je le regardai avec insistance.

— Ils pensent que tu es aussi incapable de maintenir une relation que moi. Je pourrais prendre le pari tout seul, mais tu es le seul autre célibataire du groupe. Tu veux que je trouve un parfait inconnu à épouser ? Ce serait vraiment embarrassant, non ?

Alec leva les yeux au ciel.

— Très bien. Je vais t’épouser. Mais c’est un faux mariage.

Il saisit ma main tendue et me fit me relever…»

« Il était beau.

Je l’avais remarqué auparavant, bien sûr. Je l’avais trouvé beau tant de fois, mais là c’était une autre facette de lui dont je n’avais jamais vraiment eu un aperçu avant. Sa facette professionnelle, pleine d’assurance et élégante. Du mois jusqu’à ce qu’il enfonce deux crevettes dans sa bouche à la fois et soudain, il était redevenu le Chase que j’avais connu la majeure partie de ma vie. »

« – Tu es le meilleur mari de tous les temps.

Le regard qu’il me lança aurait fait fondre ma culotte si j’en avais porté une. »

« – Nous ? demandai-je. Qui a parlé de nous ? Tu as fait ce pari. Je n’ai pas donné mon accord sur les conséquences. Si cette histoire capote, tu es seul là-dedans, mon pote.

Chase haussa les épaules.

– De toute façon, tu n’as pas les mollets pour mettre des talons aiguilles. »