Extraits

- L'Humanité est l'un des principaux partenaires commerciaux d'une demi-douzaine d'espèces conciliennes, dont les vôtres. Nos citoyens constituent quinze pour cent de la population de la Citadelle, et des milliers d'humains travaillent au SSC et au Service des contrôles spatiaux de la station. Nous appartenons à la communauté galactique depuis moins de dix ans, et nous sommes déjà devenus trop importants, trop essentiels pour que vous puissiez nous répudier sans conséquences !

Elle ne s'arrêta pas, continuant de parler tout en inspirant une bouffée d'air salvatrice - une technique qu'elle avait appris à maîtriser durant les premières années de sa carrière politique.

- J'admets, oui, que nous avons commis une erreur. Et en toute logique nous devrions être sanctionnés. Mais les Humains prennent des risques ! Nous sommes ainsi faits, et il va falloir vous y habituer. Notre nature même nous poussera parfois à dépasser certaines limites, mais cela ne vous donne aucun droit de nous gifler, de nous rabaisser, de nous humilier comme le feraient des parents trop stricts ! L'Humanité a beaucoup à apprendre quant à la façon de coexister avec d'autres espèces, mais vous en avez tout autant à apprendre quant à la façon de coexister avec nous. Et vous feriez mieux d'apprendre vite, parce que l'Humanité, madame, messieurs les conseillers, n'est pas près de disparaître !

- Vous avez faim ? Si on est coincés ici jusqu'à demain matin, autant avaler quelque chose.

Ils trouvèrent dans le réfrigérateur quelques tranches de pain et de viande froide, un vieux pot de moutarde et trente-six canettes de bière.

- Dans ce cas, je n'ai personne d'autre que toi sous la main...

- Mais, je ne sais rien de plus..., protesta mollement le Butarien, sa voix désespérée dénuée de fourberie, tu pourrais briser tous les os de mon corps que je ne pourrais rien te dire de plus...

- Nous verrons bien, lui promit Saren.

Anderson se retourna vers le hublot en souriant.

- Contentez-vous de la fermer et de profiter de la vue, artilleur. C'est un ordre.

- Oui, mon Lieutenant.

- Selon les médecins, je devrais pouvoir recouvrer complètement l'usage de ma jambe. Je vous en dois une belle...

- Pas de ça entre coéquipiers, artilleurs, sourit Anderson. Vous auriez fait la même chose pour moi.

- J'aimerais vous y croire, mon Lieutenant. Mais il y a une foutue différence entre ce qu'on pense et ce qu'on a le cran de faire. Alors... merci.

- Ils ont... abandonné leurs compagnons, ici ? peina à articuler Shay, les yeux écarquillés.

- C'est tout ce qui fait la différence entre un mercenaire et un soldat, reprit Anderson avant de reporter son attention entière sur la mission.

- Et qu'en est-il si nous perdons cette guerre ? insista Grissom. Nous ne parlons pas uniquement de ce que vous êtes prêt à sacrifier, soldat. Si nous leur déclarons la guerre, le conflit pourrait bientôt gagner la Terre. Êtes-vous prêt à sacrifier la vie de votre femme au nom de cette sacro-sainte liberté ?

- Je l'ignore mon Amiral, répondit Anderson, solennel. Êtes-vous prêt à condamner votre fille à une vie de servitude ?

- C'est ce que je voulais entendre, acquiesça Grissom d'un air convaincu. Si l'humanité compte suffisamment de soldats de votre trempe, Anderson, elle est peut-être prête à affronter ce qui l'attend.

Saren plaça délicatement ses mains de chaque côté de la tête du Butarien, puis dévissa violemment ses vertèbres, rompant aussitôt son cou sinueux. La mort du mercenaire avait été rapide et indolore.

Après tout, Saren n'était pas un monstre.

- C'est totalement hors de question. Comme d'autres espèces, l'humanité est une race foncièrement insoumise: nous ne nous accommoderons jamais que des enquêteurs extérieurs passent leur temps à regarder par-dessus notre épaule.