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Mathieu ne releva pas l’allusion ; il regarda Flore quelques secondes puis détourna les yeux : qu’aurait-il pu répondre ? Qu’il n’était pas heureux avec Julie-Anne mais qu’il ne l’aurait pas été davantage avec elle puisqu’il aimait Emma ? Et que s’il l’avait épousée, c’est d’elle qu’il voudrait maintenant se débarrasser? Est-ce que Flore aurait préféré ce sort? Mathieu fixait la potiche bleue sur le guéridon ; il l’avait toujours vue-là, à gauche, sur le meuble en bois de rose, là où Catherine l’avait mise quand elle l’avait reçue en cadeau de mariage vingt ans plus tôt. Mathieu avait tout de suite aimé cette porcelaine ; le bleu de Prusse lui rappelait les nuits noires, parfaitement opaques, lourdes, qui l’enchantaient quand il était enfant car il mimait alors – mimait-il vraiment ? – la peur et se réfugiait près de la bonne qui lui racontait l’obscurité : un loup avait supplié la lune de se cacher afin d’entrer dans un poulailler sans être surpris par les fermiers. Si les nuits n’étaient pas toutes noires, c’est que la lune était juste, laissant parfois la chance au loup, parfois aux volatiles. Mathieu était-il le loup ? Il espérait une nuit très noire où Julie-Anne disparaîtrait pour toujours.

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Mais une telle chose se produirait-elle ? Si Mathieu divorçait, il serait sûrement déshérité. L’accepterait-il ? Détestait-il plus sa femme que son père ? Avait-il déjà considéré que l’héritage irait à Emma de toute manière puisqu’elle seule était aimée de Philippe?... Catherine frémit en songeant qu’elle se retrouverait probablement sans le sou à la mort de son mari. Pourtant elle ne le quittait pas, même si elle aurait dû. Avant de finir comme la mère de Mathieu, trop lasse de vivre. Philippe avait toujours refusé de parler de la mort de sa première femme ; à son décès, dans les journaux on avait parlé d’une longue maladie. Malade d’horreur, oui. Cette femme s’était sûrement suicidée ; on ne meurt pas si simplement d’un souffle au cœur, sauf si ce souffle se mue en ouragan à chaque nuit quand des mains sèches et dures vous ouvrent, vous arrachent justement le cœur et vous disent que l’amour c’est bien joli mais qu’il n’y a pas que ça dans la vie. Catherine pensa avec effroi que Philippe savait sûrement qu’elle le trompait; pourquoi n’avait-il encore rien dit? Pour mieux la jeter? Elle le regardait aller et venir parmi les invités, affable, aimable, gai et elle avait envie de hurler à tous qu’il les trompait. Elle se tut cependant, sourit un instant plus tard quand elle vit Philippe se diriger vers Flore. Il devait s’inquiéter. Il n’y avait que Flore pour l’inquiéter ; c’était pour cette raison que Catherine avait suggéré à Julie-Anne d’inviter son aînée. Que Julie-Anne soit maintenant couchée devait accroître les craintes de Philippe; si personne ne s’occupait d’elle, Flore ne manquerait pas de dire tout ce qui lui passerait par la tête, à n’importe qui. Et selon Philippe, Flore était folle : elle parlait des plantes comme si celles-ci avaient des sentiments; elle avait raconté des expériences faites avec des rhododendrons et ces derniers, paraît-il, étaient particulièrement sensibles aux ondes qu’émettaient les humains. Quand elle ne relatait pas ses propres observations, elle protestait contre le sort réservé aux chiens et aux chats dans les laboratoires. Si ce n’était pas le destin tragique des animaux, c’était en l’importance d’une manifestation pour l’écologie que consistait son discours. Cette fille n’avait aucun bon sens et cette manière de préférer des décoctions de thym ou de queues de cerises aux médicaments prouvait bien sa bizarrerie. Que pouvait-elle bien dire à Lucie Turcotte ? Elle parlait de macrobiotique car Lucie lui avait confié ses problèmes cardiaques, son arythmie. Tant mieux. Flore allait être occupée un bon moment car Lucie-arythmie adorait parler, comme Julie-Anne, de ses maladies. Philippe pouvait oublier Flore quelque temps. Il s’approcha d’Emma. « Alors, ma chérie, tu t’amuses ce soir? »

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La pluie assombrit le bureau de Maud Graham mais elle ne se résigne pas à allumer. Elle déteste l’éclairage au néon qui fait les gens plus tristes qu’ils ne le sont. Faire de la lumière sur ces lettres ? Ce n’est pas pour demain. Il y a une mouche qui monte et descend, traverse, sillonne en lignes brisées la vitre de la fenêtre. Graham s’étonne toujours que les animaux ignorent l’existence de la vitre. Les oiseaux s’y fracassent, les chats sautent contre la paroi quand ils aperçoivent l’oiseau blessé, les chiens grognent s’ils voient le chat qui guette l’oiseau derrière le mur transparent. Les maîtres rient de la bêtise des bêtes. Cette mouche ne conçoit-elle pas l’inutilité de ses pas ? Espère-t-elle vraiment trouver une fissure dans la vitre ? Graham a envie de lui faire croire qu’elle a eu raison de s’entêter ; elle ouvre le carreau. L’insecte s’envole. Le vent déplace les feuilles blanches qui traînent sur le bureau de l’inspectrice. Les lettres tombent sur le plancher de bois. Graham se penche pour les ramasser. En se relevant elle interrompt son geste car elle vient de remarquer le cachet de la poste sur une des missives : le 1er avril. L’anniversaire de Yves.

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Tu mens : « Les serviettes assorties à tes yeux verts ! » Tes yeux sont gris Emma, avec parfois l’éclat de l’or qui les fait ressembler à ceux d’un chat. Tu mens.

Tu mens, tu rêves sans doute dans cette nouvelle lettre que j’ai reçue hier et qui me blesse. Tu rêves, tu mens et tu changes les dates, tu devances les temps...

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Emma,

Comme tu mens, et comme tu mens bien ! Sois contente : j’aime tes mensonges. Je te retrouve en eux telle que je t’ai toujours connue, c’est-à-dire disant et faisant ce qui convenait à tes sens, peut-être à ton cœur? Ce qui amènerait ta victime, moi, là où tu l’attendais, devant ton corps. Tu n’as jamais douté de ta victoire et tu as eu raison. Tu sais bien que ta présence noie mon esprit dans une fatigue extrême. Je renonce à toute pensée, je m’approche, je te touche, et plonge en toi jusqu’à me perdre ; je meurs.

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J’écoutais ma mère sans rien dire mais quand elle m’a demandé si je te laisserais enfin, j’ai ri. « Tu vas cesser de rire ; je t’ai vue noyer Julie-Anne. J’ai tout vu, tu entends? J’étais sortie pour brancher le fil d’extension de la télévision. Je sais que tu as tué Julie-Anne. » J’ai haussé les épaules. J’avais envie de lui dire de se mêler de ce qui la regardait, car, enfin, tout se passait entre toi et moi et elle t’était étrangère : elle a épousé ton père, notre père d’accord, mais elle n’a et n’aura jamais aucun lien de sang avec toi. Au mieux, elle est ma mère et de ce fait tu pourrais l’aimer un peu.

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Je suis allée me coucher mais j’ai évidemment laissé la porte de ma chambre entrouverte pour entendre les conversations. Les larmes plutôt. Catherine criait que c’était injuste, que ce n’était pas Julie-Anne qui aurait dû mourir. Philippe, très abattu, répétait que les desseins de Dieu sont impénétrables. Catherine explosait : Non ! l’accident était la preuve, justement, que Dieu n’existait pas. Un voisin faisait du café pour tout le monde malgré l’humidité écrasante de la cuisine. L’ambulance arriva. Dans un bruit de ferraille les portes se sont refermées sur le cadavre et toi. Je déteste encore cette image où tu montes dans l’ambulance pour accompagner ta femme une dernière fois. Je me souviens que j’avais peur qu’elle ne t’entraîne dans la mort, qu’elle ne t’attrape de ses doigts froids. Une autre image, ridicule, en surimpression ; tu m’avais dit que Julie-Anne avait toujours les pieds glacés : elle ne te demanderait plus de les lui réchauffer. Il y avait des tas de formalités à accomplir; tu tenais ton rôle de veuf avec beaucoup de dignité, supportant courageusement le choc. Il n’y a pas eu d’autopsie parce que le chalet familial est vraiment très loin d’un grand centre urbain. Heureusement. Je sais pourtant que Catherine souhaitait l’autopsie. Au salon funéraire, le cercueil de Julie-Anne demeura fermé. Tu étais maintenant libre. Tu venais de plus en plus souvent à la maison, fuyant l’appartement qui te rappelait ta femme. Mais je savais que c’était pour te rapprocher de moi. Même si tu es parti très vite. Ce départ était une fuite, et cette fuite un aveu.

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Je me suis agrippée à ta femme en geignant, suffoquant, crachant. Je me faisais lourde, l’entraînant vers le large. Elle était plus forte que moi mais comme je l’avais surprise... Je me suis mise à crier au secours. J’ai empoigné le corps par les épaules, le tirant vers le fond. Je l’ai maintenue ; elle se débattait. Je l’ai saisie par les poignets. Elle a cédé. Cela a duré un temps fou. Je tremblais, je hoquetais. J’ai commencé à tirer Julie-Anne vers la grève. « Vite, venez vite. » Vous accouriez trop tard.

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C’était un dimanche. Le premier dimanche de septembre. Il ne ventait pas. L’air sentait le feu, la fumée des plantes mortes qu’on brûlerait en octobre. Les gens disaient que c’était l’été indien avant le temps ; c’était idiot puisque cette époque est imprévisible. Nous déjeunions dans le jardin. Tu avais apporté une bouteille de saint-estèphe, Cos d’Estournel 1976. Pour sa longueur et parce qu’il était souple. Je ne comprenais pas qu’un vin puisse être long. Tu m’as expliqué la robe et le bouquet, cet après-midi-là. J’ai peut-être compris. J’ai compris surtout que tu achetais ce vin parce que Julie-Anne, ton impossible femme, rageait quand tu dépensais pour une bonne bouteille. Elle disait que personne ne savait l’apprécier, que tu payais pour rien. Tu t’entêtais chaque samedi à hésiter, à la Maison des vins, entre un pomerol et un saint-émilion. Philippe, notre père, n’a jamais hésité chez le marchand car il achète depuis trente ans le même bourgueil. Le maillot de bain que revêtit Julie-Anne, une heure après avoir quitté la table, était de la même couleur que le vin. C’était Catherine, ma chère maman, qui le lui avait donné. Pour me narguer bien sûr. Me montrer encore une fois qu’elle me préférait Julie-Anne, sa bru, qu’elle me préférait n’importe qui. N’empêche, pour une fois, j’étais contente que Catherine fasse ce présent à ta femme ; elle n’a pas pu résister à l’envie d’enfiler son nouveau maillot et de se pavaner. Cela servait mes intentions comme tu le sais. Mon maillot, moi, était blanc. Nous nous étendîmes Julie-Anne et moi sur la pelouse, face à la jetée. Je revoyais Jean Hémon à ton mariage, tu te souviens? Et si nous allions nous baigner? L’eau était chaude et nous aiderait à bronzer, je le jurai. C’était peut-être la dernière baignade. Je suis allée chercher les serviettes de plage. Toi, Philippe et Catherine écoutiez le tournoi de tennis opposant McEnroe à Connors. Catherine proposait de sortir l’appareil de télévision à l’extérieur à la fin du premier set. Vous ne m’avez pas vue quitter la maison en emportant les serviettes vertes assorties à mes yeux.

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La neige fond. Trois à quatre centimètres par jour. C’était l’inverse en novembre quand tu es parti en promettant de revenir vite. Vite ? Nous voilà en avril et je t’attends toujours. Tu ne veux donc pas quitter Paris? Aimes-tu cette ville plus que moi? M’aimes-tu ? Pourquoi ce silence depuis un mois ?

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