Commentaires de livres faits par MaudValdez
Extraits de livres par MaudValdez
Commentaires de livres appréciés par MaudValdez
Extraits de livres appréciés par MaudValdez
-On leur dira: « Hé, vous vous souvenez de ce type que vous avez cramé comme Freddy Kreuger, y a 16 ans? Eh bien, le gars, il nous la joue La Revanche de Freddy. Alors, vous pourriez pas nous filer un petit coup de main, histoire qu’on puisse lui refaire le portrait? »jubila Doug.
Le sourire qu’il lui adressa lui rappela le Luke de son enfance, qui l’avait rattrapée quand elle était tombée de la cage à poule dans le parc, celui-là même qui l’avait toujours protégée.
-Certaines règles sont faites pour être détournées.
-S’il écoute quelqu’un, c’est bien elle.
-C’est adorable, d’aimer sa sœur comme ça, commenta Maia.
-Oui, c’est mignon tout plein, renchérit Simon.
-Non, ce n’est que moi, déclara Simon. Bien qu’on m’ait déjà dit que la ressemblance était frappante.
L’espace d’un instant, je croisai le regard de Leif, toujours aussi glacial, puis je me dirigeai vers le Tisseur d’histoire. Il n’avait pas bougé. Kiki l’avait appelé « Homme-Lune ». Avant de prendre sa main, je lui demandai son nom. –Homme-Lune, cela ira très bien. Je regardai sa peau peinte. –Pourquoi l’indigo ? -Une couleur froide, pour apaiser les flammes entre ton frère et toi, dit l’Homme-Lune avec un grand sourire. Puis il prit l’air contrit. –En fait c’est ma couleur préférée.
A mon approche, Leif me sourit. Je faillis m’évanouir ; l’instant d’après, il me reconnut, et son sourire se changea en grimace. Que devais-je faire pour lui arracher un véritable sourire ? Bah ! De toute façon, je n’avais pas besoin de son amitié… je n’en avais même pas envie. Voilà ! A présent, je n’avais plus qu’à me répéter cette phrase à l’infini, jusqu’à m’en convaincre.
-Nous sommes une classe, dit-il. Elles n’ont jamais plus de quatre élèves. Nulle part dans cette école tu ne verras de longues rangées d’élèves écoutant un professeur pérorer. Nous privilégions l’intimité et la pratique. –Combien d’élèves par mentor ? -Pas plus de quatre pour les plus expérimentés. Les jeunes mentors n’en prennent qu’un seul. –Et les maîtres magiciens ? Je redoutais le moment où je devrais partager Irys avec d’autres élèves. –Ah… Il hésita un instant. Pour une fois, il semblait chercher ses mots. –En général, les Maîtres ne prennent pas d’élèves. Nous sommes occupés par les réunions du Conseil, la vie du pays, le recrutement de nouveaux élèves. De temps à autre, cependant, il se présente un élève qui éveille notre intérêt. Il me regarda longuement, comme s’il hésitait à tout me dire. –Ces dernières années, je suis devenu las des réunions du Conseil. Aussi ai-je décidé de consacrer toute mon énergie à l’enseignement. Cette année, j’ai deux élèves. Roze n’en a choisi qu’un seul depuis qu’elle a été nommée Première Magicienne. Zitora n’en n’a aucun. Elle a besoin d’un temps d’adaptation ; elle n’est devenue Maitresse que l’année dernière. –Et Irys ? -Vous êtes sa première élève. –Vraiment ? Il hocha la tête en silence. –Vous avez dit que Roze avait un élève. Qui est-ce ? -Votre frère, Leif.
-Bien, dis-je. Cahil, dans l’esprit d’un Nouveau Commencement, reprenons les choses de zéro. Pour faire le premier pas dans notre nouvelle amitié, j’accepte de vous accompagner au festin. –Notre amitié ? -C’est tout ce que je peux vous offrir. –A cause de la personne qui vous a donné ce pendentif ? -Oui. –Que lui avez-vous donné en retour ? Cela ne le regardait pas, et je faillis lui en dire autant, puis je me maîtrisai. Si nous allions être amis, Cahil devait connaître la vérité. –Mon cœur, dis-je. J’aurais pu ajouter : ma confiance, mon corps, mon âme. Il me regarda un instant. –Alors je me contenterai de votre amitié. Il sourit de nouveau. –Est-ce que cela veut dire que vous allez être moins difficile, à l’avenir ? -N’y comptez pas trop. Cahil se mit à rire.
-Elena, où étiez-vous passée ? -Je faisais des courses. Pourquoi ? Vous aviez prévu un nouveau contrôle surprise ? Ignorant ma question, Cahil fixa du regard mes compagnons. Ceux-ci s’aplatissaient contre le mur, essayant de se rendre invisibles. –Le marché est fermé depuis des heures. Que faisiez-vous ? -Cela ne vous regarde pas. Le regard de mon instructeur revint vers moi. –Mais si, cela me regarde. C’est votre première sortie dans la Citadelle. Vous étiez seule, on aurait pu vous attaquer et vous voler votre argent. Ne vous voyant pas revenir, j’ai pensé au pire. De nouveaux, son regard coula vers les enfants. –Je me débrouille très bien toute seule, dis-je. Allons-y les enfants. Fisk hocha la tête et partit vers le bout de la rue. Les autres enfants et moi le suivîmes. Cahil poussa un grognement de mépris et descendit de cheval. Conduisant Topaze par les rênes, il marcha à mes côté, mais ne réussit pas à garder le silence. –Vos petits protégés vont vous causer des ennuis, dit-il. Chaque fois que vous sortirez dans la Citadelle, ils se rueront sur vous comme des parasites. Ils ne seront contents que lorsqu’ils vous auront extorqué votre dernier sou. –Encore une leçon ?demandai-je avec sarcasme. –J’essai juste de vous aider, dit Cahil d’une voix tendue. –Ce n’est vraiment pas la peine. Tenez-vous-en à ce que vous connaissez, Cahil. Sauf en ce qui concerne les chevaux, je n’ai que faire de vos conseils. Il expira une longue bouffée d’air. Du coin de l’œil, je le vis ravaler sa colère. C’était assez impressionnant à voir. –Vous êtes toujours fâchée contre moi, dit-il. –Ah ! Pourquoi donc ? -Parce que j’ai cru que vous étiez une espionne. Je ne répondis pas, et, au bout d’un moment, il poursuivit. –A cause de ce qui s’est passé avec la Première Magicienne. Je me doute que cela doit être désagréable. –Désagréable ! Je m’arrêtai au milieu de la rue et me tournai vers Cahil. –Qu’en savez-vous ?demandai-je. Cela vous est-il déjà arrivé ? -Non. –Dans ce cas, vous ne savez pas de quoi vous parlez. Imaginez qu’on vous mette à nu, sans aucun moyen de vous défendre, et que toutes vos pensées, tous vos sentiments soient soumis à un examen sans pitié. –Mais elle a dit que vous l’aviez repoussée. Qu’elle n’a pas réussi à lire profondément en vous. La pensée qu’elle aurait pu pénétrer au fond de mon âme me fit frémir. Rien d’étonnant à ce que cet examen laisse parfois des dégâts mentaux. –C’est pire que d’être violée, Cahil. Je le sais : j’ai vécu les deux. Sa mâchoire se décrocha. –Alors c’est pour ça… -Quoi ? -Que tu n’es pas sortie de ta chambre pendant trois jours. Je hochai la tête. –Je n’étais pas d’humeur très sociable, en effet.
-Elle n’a rien à faire ici, dit Leif. Elle ne connaît rien à ce genre de choses. Avant qu’Irys n’ait pu prendre ma défense, je dis : -Tu as raison, Leif. Je ne me suis jamais trouvée dans une situation pareille, parce qu’en Ixia ce genre de monstre ne vivrait pas longtemps. –Et si tu retournais en Ixia retrouver ton Commandant adoré, et que tu cessais de te mêler de nos affaires ? Je pris une grande inspiration, prête à répondre, mais Irys posa une main sur mon bras en guise d’avertissement. –Elena, Leif, ça suffit, maintenant. Nous n’avons pas le temps de nous chamailler. Il est impératif de retrouver cet assassin.
-Elena, qu’as-tu fait avec ta magie depuis que nous nous sommes quittées ? Je lui racontai l’embuscade, l’évasion, la trêve négociée avec Cahil. –Donc tu as plongé tous les hommes de Cahil dans un profond sommeil ? -Eh bien ? Ils n’étaient que douze, en réalité. Avais-je fait quelque chose de mal ? Brisé le fameux Code éthique, par exemple ? Irys émit un petit rire en lisant dans mes pensées. –Pour couronner le tout, tu voulais t’enfuir avec un cheval. –Plutôt que de rester ici avec Cahil et Leif, oui, répondis-je à haute voix. –Ces deux-là !pesta Irys en fronçant les sourcils. Ils ont eu de sérieuses explications à fournir aux maîtres magiciens. Roze est furieuse d’avoir été induite en erreur à ton sujet. Cahil, lui, a eu le culot de réclamer une session extraordinaire du Conseil au milieu de la saison chaude ! Evidemment, on la lui a refusée. Il devra attendre la rentrée, comme tout le monde. Irys haussa les épaules. Les desseins de Cahil ne semblaient pas l’alarmer.
Je m’étendis sur ma cape, songeant à la Citadelle et au Fort. Irys s’y trouvait-elle avant demain après-midi ? Sans doute pas. En l’absence de ma protectrice, la Première Magicienne allait-elle m’éplucher l’esprit comme une banane ? Je tournais et retournais ces pensées angoissantes dans ma tête. Plutôt affronter des dizaines de brutes comme Geol que cette magicienne inconnue ! Enfin, épuisée, je finis par sombrer dans le sommeil. Aussitôt, Reyad m’apparut. –Toujours la même histoire, Elena, dit le fantôme hilare. Pas de choix. Pas d’amis. Juste un couteau. Les couteaux, tu sais t’en servir, pas vrai ? Une image traversa mon rêve, celle de Reyad gisant dans une mare de sang. Je lui avais tranché la gorge pour sauver ma vie et protéger les autres orphelins contre ses sévices. –Combien en tueras-tu encore, avant de t’arrêter ?demanda-t-il. Tu ne crois pas qu’il serait plus simple de t’égorger toi-même ? J’ouvris brusquement les yeux, réveillée par des bruits de pleurs. A ma grande horreur, je m’aperçus que mon visage était couvert de larmes. Essuyant rapidement mes joues, je me résolus à ignorer mes doutes. Le fantôme de Reyad hantait peut-être mes rêves, mais il était hors de question qu’il empoisonne ma vie.
-Où est Leif ? -Parti. –Où ça ? –Je l’ai envoyé prévenir le fort de notre arrivée. Pourquoi ? -Histoires de famille, crachai-je. Cahil dut voir briller une lueur meurtrière dans mes yeux. –Vous ne pouvez pas lui faire de mal, dit-il. –En quel honneur ? Adhère-t-il à votre quête pour reconquérir le Nord ? -Non. Quand nous vous avons capturés, je lui ai promis que s’il coopérait pleinement, en ce qui vous concernait, il ne lui adviendrait aucun mal. Abasourdie, je fixai Cahil. Avais-je bien entendu ? -Mais…Leif était de mèche avec vous, non ? -Non. –Vous auriez pu me le dire avant. –Je pensais que l’idée d’être trahie par votre propre frère vous démoraliserait. Cependant, cela semble avoir eu l’effet inverse. Le plan de Cahil aurait pu marcher, songeai-je, si une quelconque fraternité avait existé entre Leif et moi. Je me frottai le visage. Cette nouvelle modifiait-elle l’opinion que je me faisais de Leif ?
Quand Irys et Ari partirent pour organiser notre « évasion », Valek m’attira à lui. Nous échangeâmes un baiser plein de passion et de désespoir. Lorsque nous nous séparâmes enfin pour reprendre notre souffle, je lui dis : -Viens avec moi. Ce n’était ni une supplication ni un ordre, mais une invitation. Les yeux bleus de Valek se fermèrent de douleur. –Je ne peux pas. Je me détournai avec l’impression de m’être changée en pierre, mais Valek me ramena vers lui. –Elena, tu as besoin d’apprendre. De retrouver ta famille. D’ouvrir tes ailes et de voir jusqu’où tu peux voler. Mais tu n’as pas besoin de moi. Pas pour l’instant. C’est le Commandant qui a besoin de moi. Je me cramponnai à lui de toutes mes forces. Il avait raison, je n’avais pas besoin de lui. Mais je voulais qu’il soit avec moi pour toujours.
Janco m’accueillit d’un air maussade lorsque je passai à l’infirmerie pour lui faire mes adieux. Irys était pressée de prendre la route ; nous devions partir le lendemain matin. Ari, qui m’avait remplacé en tant que garde –malade, était assis à côté de lui. –Et alors ? « Tempêtes traversées, batailles livrées, amis à jamais », ça ne tient plus ?dis-je en citant à Janco le message gravé sur mon couteau. Les yeux de Janco s’éclairèrent. –Petit renard ! Tu l’as déjà déchiffré ? Je lui décochai un sourire triomphant. –Dés que Janco ira mieux, nous viendrons te rejoindre au Sud, dit Ari. –Et que ferez-vous, là-bas ? -Bronzer, dit Janco. J’ai besoin de vacances. –Te protéger, dit Ari. –Là-bas, je n’aurai plus besoin de gardes du corps. Et puis il me semble que j’ai battu deux de mes instructeurs, il n’y a pas si longtemps… -Quelle arrogance !soupira Janco. Au fond, il vaut mieux que nous ne t’accompagnions pas. Tu vas passer ton temps à crâner, à te vanter et à te rendre odieuse. J’ai déjà Ari sur les bras, je ne pourrais jamais en supporter deux comme lui. –En plus, dis-je, vous vous ennuieriez. Ari prit un air bougon et croisa ses bras colossaux. –Au moindre petit problème, tu nous fais signe. On viendra. Compris ? -A vos ordres, répliquai-je. Ne t’inquiète pas pour moi, Ari. Tout va bien se passer. Et je reviendrai bientôt. –Tu as intérêt, dit Janco. Je veux ma revanche. Mais rapidement, je m’aperçus que j’avais parlé trop vite. Valek, Irys et moi avions parlé de mon avenir, mais le Commandant avait ses propres idées à ce sujet.
Le fantôme de Reyad flottait au-dessus de moi en ricanant. D’un coup, sa présence me parut insoutenable. Avec force jurons et grognements, je me traînai debout et pointai un doigt ensanglanté vers lui. –Toi, dis-je d’une voix enragée, disparais de ma vue ! -Essaie de m’y obliger, lança-t-il d’une voix amusée. Comment combattre un fantôme ? Je me mis en garde. Reyad éclata de rire. Le combat qu’il me proposait n’était pas physique mais mental. Je fis le bilan de tout ce que j’avais accomplis en un an et demi, depuis que j’avais tué Reyad. J’avais surmonté mes peurs pour me faire des amis, affronté mes ennemis, trouvé l’amour… Je réfléchi à moi-même, à celle que j’étais, à ce que j’en pensais. Je me tournai vers mon reflet dans le grand miroir posé contre le mur. J’avais littéralement l’air d’une folle : cheveux emmêlés, chemise maculée de sang, visage taché de crasse et de larmes. Un reflet très semblable à celui que j’avais aperçu dans les bains, au début de ma carrière de goûteuse…et pourtant, quelque chose avait changé. Les ombres de doute sur mon visage avaient disparu. Je regardai au fond de moi-même, et trouvai mon âme. Elle était usée, déchirée par endroits, mais elle était là. A mon grand étonnement, je compris qu’elle l’avait toujours été. Reyad et Mogkan n’avaient jamais réussi à la chasser de mon corps. Sinon à l’heure qu’il était, je serais enchaînée au sol parmi les autres zombies. J’étais maître de moi-même. Cette nouvelle Elena qui me regardait était libre. Débarrassée de ses démons, lavées de ses poisons. Je regardai Brazell. Il respirait encore, mais il était entièrement à ma merci. C’était moi qui déciderais de son sort et du mien. Je n’étais plus une victime, attendant que les mâchoires du piège se referment sur moi. –Pars, maintenant, dis-je au fantôme de Reyad.
-Y a-t-il quelque chose que tu ne m’aies pas dit ? Je réfléchi à toute vitesse. Tant de chose était arrivées, et nous étions sur le point d’affronter un magicien si puissant… La mort était une possibilité menaçante. Je voulais que Valek sache ce que j’éprouvais pour lui. –Je t’aime, dis-je. Valek me prit dans ses bras. –Mon cœur t’appartient depuis la Fête du Feu, dit-il. Ce soir-là, j’ai compris que si tu mourrais, je ne serais plus jamais le même. Je n’ai jamais espéré que tout cela arriverait ; je ne le voulais même pas. Mais je n’ai pas pu te résister.