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- Je ferais mieux de rappeler maman.
- Tu as téléphoné à ta mère ?
- Quand je t'ai vu mort, j'ai pensé que c'était une bonne idée de la mettre au courant.
Afficher en entier« Pratiquement aucune promotion. La campagne de lancement consistera au mieux en deux interviews téléphoniques pour des magazines. Les grandes chaînes de librairie le commanderont en si peu d’exemplaires qu’il ne sera pas présent en tête de gondole avec les best-sellers. Non, il sera rangé avec le tout-venant, sur un rayonnage accessible aux seuls champions de NBA, et donc impossible à trouver pour le commun des mortels. La maison d’édition organisera certes une signature, mais pas dans une succursale de grande chaîne : dans une petite librairie où, assis derrière une table, je serai exposé aux regards des passants, chargés de sacs Gap et Banana Republic et de cornets de frites au vinaigre, qui s’interrogeront sur mon identité sans avoir envie de s’arrêter pour demander. Pendant ce temps je sourirai, hocherai la tête, et quand, par miracle, un couple d’âge moyen ralentira en passant devant moi, jettera un coup d’œil à ma pile de livres, reviendra et s’approchera, mon cœur se gonflera à l’idée que quelqu’un va me parler et peut-être même acheter mon livre, que je serai enchanté de signer en y ajoutant un petit mot personnel. Mais la femme entrera pour me demander : « Vous savez où[…] »
Extrait de
Mauvais pas
Linwood Barclay
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Afficher en entierMonsieur Walker ?— Oui ?— Vous suivez ce que je dis ?— Bien sûr. Il doit arriver à l’heure. Je suis tout à fait d’accord avec vous.— Non, je disais que Paul doit être plus attentif.— À quoi ?Mme Wilton me semble être du genre à s’énerver facilement. D’un ton quelque peu excédé, elle répète :— À ce qui se passe en classe. C’était ce que je disais.— Une fois encore, je suis d’accord avec vous.Je me tourne vers Paul.— Tu n’es pas attentif en classe ?Il hausse les épaules.— J’essaie. Mais les sciences ne m’intéressent pas. À quoi ça sert ? Qu’est-ce que je vais en faire ?Je regarde Mme Wilton.— À vous.
Afficher en entierC’est Paul.— T’es prêt ? me demande-t-il.Je le regarde, effaré.— Prêt pour quoi ?— Putain, t’as oublié ? On doit y être dans dix minutes.— De quoi tu parles ?— L’entretien parents-profs. Ça fait des semaines que c’est écrit sur le frigo. C’est à vingt heures. La prof de sciences va me botter le cul, et tu dois assister à la séance. Tu avais promis de venir avec maman, hein ? Comme elle a dû aller bosser, c’est à toi de jouer.L’air devient irrespirable.— Impossible.Paul commence son cinéma : yeux au ciel, soupirs, roulements d’épaules, tête dans le cou. À Hollywood, il décrocherait un oscar.
Afficher en entierJ’ai dû relire ce message une dizaine de fois. Plus je m’en imprègne, plus il m’inquiète.C’est ce qu’il y a de bizarre avec les e-mails. Alors qu’ils flottent quelque part dans l’éther, dès qu’un message menaçant apparaît sur votre écran, à votre adresse, vous avez l’impression que son auteur se trouve là, devant vous. Vous subissez une intrusion sans effraction. Vous voudriez fermer votre porte à clé mais il est trop tard. Toute fuite est impossible.
Afficher en entierSarah me dévisage.— Qu’est-ce qui te prend ? Ce n’est pas un interrogatoire. Tout ce que je dis, c’est qu’elle a quelque chose, un truc qu’on ne remarque pas à première vue. T’as entendu ce qu’elle a dit sur Catwoman ? Comme quoi elle aime son costume ?— Je ne m’en souviens pas.Sarah sourit à nouveau, glisse la main dans mon jean.— Tu aimerais que j’en aie un ?— Bof !Je me rends compte que je ne réagis pas comme d’habitude aux caresses de Sarah.— Ça serait sûrement excitant. Mais bonjour les irritations !Sarah remarque enfin que je ne réagis pas comme elle le voudrait.
— On est un peu endormi ? demande-t-elle.
Afficher en entierJe dois me reprendre.J’ai un livre à terminer. Il est temps de me concentrer, de profiter des heures que j’ai devant moi. N’est-ce pas ce que faisait Clinton ? J’ai lu la façon dont il compartimentait ses problèmes. Comment il discutait avec ses avocats de Monica Lewinsky, peaufinait son témoignage devant la commission Starr qui avait le pouvoir de l’obliger à démissionner, puis se levait et, dans une autre salle de conférences, se focalisait totalement sur la situation au Moyen-Orient.
C’est moi tout craché. Clintonesque à cent pour cent.
Afficher en entierLe moment me paraît opportun pour reconsidérer ce que j’appelle la question du gros con.À ce stade, vous avez sans doute tiré vos propres conclusions. Mettons que vous avez opté pour le « oui ». Oui, Zack est un gros con. Sans aucun doute. Vous avez arrêté cette opinion au moment de l’incident du sac à dos, et vous n’avez pas changé d’avis depuis. Dans ce cas vous n’êtes pas près de le faire.Mais peut-être n’avez-vous pas tranché aussi rapidement. Peut-être hésitez-vous encore. Vous comprenez qu’un homme soucieux de la sécurité de sa famille puisse parfois agir quelque peu irrationnellement. Dans cette hypothèse, nous en sommes au point où vous allez être conforté dans votre jugement. Et ensuite, ou juste me juger comme un gros con, ou montrer quelque indulgence.Un jour ou deux après mon sermon, j’essaie de tempérer mes craintes, ce qui inclut une attitude plus relax en général.
Afficher en entierPaul part pour l’école à l’heure habituelle, alors qu’Angie prend son temps pour peaufiner un travail photographique. En passant devant sa chambre, je sens une légère odeur de brûlé. Elle a laissé son fer à friser branché sur sa coiffeuse. Je le débranche. Mais, contrairement à mon habitude, je ne prévois pas de louer une machine à fabriquer de la fumée pour lui faire croire à un incendie, ou d’appeler une voiture de pompiers pour lui faire peur.— Laisse tomber, dis-je à haute voix en descendant dans mon studio.
Afficher en entierDans les heures qui ont suivi la découverte du corps de Spender, même sans connaître la cause de son décès, mon premier réflexe a été de faire profiter mon entourage d’une nouvelle conférence sur la sécurité. Ne parlez pas à des étrangers, ne prenez pas d’auto-stoppeurs, ne laissez pas les clés sur la porte, pensez à fermer le verrou, respectez les feux de signalisation, n’utilisez pas de sèche-cheveux quand vous êtes dans la baignoire, attendez une heure après le repas avant de vous baigner, ne courez pas avec des ciseaux…Mais je me suis rendu compte que ce serait une erreur. Depuis l’incident des clés et de la voiture, Sarah et moi communiquons à nouveau, et je ne veux pas tout gâcher. Je prends donc la résolution de faire preuve de tolérance. Je ne veux plus que les événements m’atteignent, je souhaite qu’ils glissent sur moi comme l’eau sur les plumes d’un canard. Je vais arrêter de dicter aux gens leur comportement. Me détendre. Apprendre à me montrer cool.Quand Paul et Angie rentrent de l’école, je leur raconte ce qui s’est passé à la rivière. Première réaction d’Angie :— Tu es sûr qu’il était mort ? Peut-être qu’il faisait semblant pour t’apprendre les règles de sécurité de la marche à pied.
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