Extraits

Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.

Heil Hitler !

Ce soldat est... NOIR.

Je n'ai jamais vu un noir en chair et en os. Uniquement dans les films qu'on nous projetait à la Napola. Il s'agissait de nègres combattant dans l'armée française. Ils avaient l'air déguisé dans leur uniforme crasseux et trop grands pour eux. On les voyait se prêter à un exercice de tir et c'était un vrai désastre. Le commentateur disait que les nègres ne savaient pas se servir d'armes, quelles qu'elles soient, et que malgré cela, les français les plaçaient en première ligne pour se protéger. Il précisait que c'était une des raisons pour lesquelles nous avions si rapidement vaincu la France. La fameuse blitzkrieg.

Bras droit levé et tendu, nous entourons la pyramide que forment les livres entassés les uns sur les autres. Quatre jungmannen sont désignés pour l'arroser d'essence à l'aide de gros bidons. Puis, chacun à tour de rôle, ils craquent une allumette et la jettent. Le feu commence à prendre à la base de la pyramide. Nous l'encourageons par les chants que nous entonnons. Des chants à la gloire de notre Führer, du Reich et de ses milles ans de règne, délivrés du judaïsme et du bolchevisme. Le feu est lent tout d'abord, quelques petites flammes timides et inoffensives courent à la base de la pyramide de papier,loin du sommet qui semble leur dire d'un ton méprisant :"je suis bien trop haut! Bien trop élevé ! Vous ne m'atteindrez jamais! Je représente des siècles de savoir et d'érudition ! Cela ne se réduit pas à néant en quelques instants!"

"Je bois le lait de maman. Je bois les paroles de notre Führer"

P.39, chap 3

Bientôt, quand la guerre aura commencé, des Françaises, des Belges, des Hollandaises rejoindront nos Frauen allemandes. Elles afflueront de partout! Toutes seront fecondées par des SS!

Une semences aryenne. Un réceptacle diversifié mais trié sur le volet et, au final, un produit unique.

Nous.

L'armée des enfants blonds aux yeux bleus.

L'armée du futur.

Je ne sais pas encore comment je vais m'appeler. Dehors ils hésitent entre Max et Heinrich. Max comme Max Sollman, le directeur administratif du foyer qui va bientôt m'accueillir. Ou Heinrich, en hommage à Heinrich Himmler, qui le premier, à eu l'idée de ma concéption et celles de mes camarades à venir.

Pourquoi elle ne dit pas la vérité ? Que le Père Noël, cette année, va être encore plus rouge que d'habitude, rouge bolchevique, rouge sang. Qu'il va débarquer non pas sur un traîneau, mais sur un char, qu'il aura des armes plein sa hotte et qu'il va tirer sur tout ce qui bouge ?

Difficile de savoir s'il faut avoir peur de mourir ou se réjouir de combattre. Ou avoir peur de combattre en se réjouissant de mourir.

En calcul, on doit résoudre des problèmes, comme, par exemple : « Pour son anniversaire, la mère de Helmut a commandé un gâteau. Sachant que, pendant la nuit, la pâtisserie est pillée par les Juifs qui volent les trois quarts du gâteau, combien restera-t-il du gâteau pour la fête de Helmut ? »

À Auschwitz, on ne travaille pas, on crève. Ou bien on crève à force de travailler.