Extraits

Dressé sur ses pattes arrière, Simon posa une patte sur la table et tendit l’autre pour lui toucher le nez. Elle soupçonnait ce jeu de s’appeler « mets ton bonnet, Meg ». Si son nez n’atteignait pas la température dictée par elle ne savait quel critère, il irait chercher le bonnet en laine polaire qu’il lui avait acheté et l’obligerait à le mettre.

Mais elle n’était plus faible ni impuissante. Si elle devait servir de jouet qui couine à ses imposants compagnons à fourrure, elle avait son mot à dire, elle aussi. Y compris sur le choix du jeu.

Elle recula la tête et le fusilla du regard.

— Si tu essaies encore de me toucher le nez, tu n’auras pas de biscuits.

Simon retira sa patte, sembla réfléchir un instant, puis la tendit de nouveau, comme pour la mettre au défi.

— Je suis sérieuse, Simon. Pas de biscuits de toute la journée.

Nez ou biscuits ? Un choix difficile. Mais à la fin, les biscuits l’emportèrent.

Meg

-J'ai une stupide envie de pizza. Avant cet incident, j'étais sur le point d'appeler Croustipizz pour en commander une, et maintenant, je n'arrive plus à pense à quoi que ce soit d'autre.

- Les humains au sang doux sont de simples humains mais dont le cœur garde la douceur de celui d'un enfant.

Asia le fustigea du regard avant d'ouvrir sa parka et de se diriger vers le rayon des nouveautés, ses hanches ondulant avec ostentation à chaque pas sous son jean moulant.

Il examina les mouvements saccadés de sa poitrine sous son pull court et moulant, la manière dont son arrière-train continuait à remuer, serré dans son pantalon, tandis qu'elle prenait des livres pour en inspecter le 4ème de couverture, comme si elle n'osait pas cesser de bouger de peur de ne pas être capable de repartir. Il comprit qu'elle avait conscience d'être observée. Pourquoi s'en réjouissait-elle ? Considérant la façon dont elle peinait à respirer, elle n'aiguisait même pas son appétit.

Ou peut-être n'avait-il pas totalement digéré le cerf qu'ils avaient tuer la veille et n'avait-il pas encore assez faim pour s'intéresser à un faible animal.

- Monsieur Wolfgard ?

Il reporta ses yeux d'ambre et la majeure partie de son attention sur Heather, l'une de ses employées humaines.

-Si vous vous occupez de la caisse, est-ce que vous voulez que je me charge de remplir les rayons ?

Elle lui adressa un sourire hésitant, exhalant soudain des effluves trahissant sa nervosité.

-Tu es une femme sensée, déclara-t-il, élevant la voix de manière qu'Asia n'ait pas besoin d'épier la conversation pour entendre depuis le présentoir.

-Merci, tenta Heather. Euh...Pourquoi ? Je n'ai encore rien fait.

- Tes vêtements n'entravent pas tes mouvements, répondit-il en désignant sa poitrine d'un geste de la main. Tu peux respirer librement. Si tu étais pourchassée, tu ne t'effondrerais pas au bout de quelques pas par manque d'air.

Dans le cas d'un prédateur humain, bien sûr. Un Loup la rattraperait en quelques secondes, quelque soient ses capacités respiratoires.

Heather demeura interdite, les yeux rivés sur lui.

Il l'étudia et compris à l'odeur de peur qu'elle dégageait qu'il avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas au cours de la minute qui venait de s'écouler. Il lui avait pourtant fait part de son approbation, car il lui paraissait maintenant évident qu'Asia ondulait des hanches de façon exagérée afin de dissimuler le fait qu'il lui était impossible de se déplacer rapidement sans s'essouffler.

« — Tu as fait pleurer Meg ! C’est bien fait pour toi si je t’ai mordu ! »

Mais que raconteraient-ils à leur agent de liaison ? « C’est comme ça, Meg. On n’aimait pas Asia Crane, alors on l’a mangée. »

Aussitôt qu'il fut soulagé, Sam fonça vers l'escalier menant à l'appartement de Meg. Simon le rattrapa à mi-course et le ramena chez eux.

-Non, dit-il avec fermeté. Je ne crois pas qu'elle ait envie de jouer ce soir. (Il imaginait bien trop nettement Sam et lui s'ébattant dans la neige avec Meg. ) Vien. Je vais te brosser. Les filles aiment les loups à l'apparence soignée.

Meg en train de le brosser, ses doigts enfoncés dans sa fourrure...

Mieux valait se sortir cette image-là aussi de la tête.

-Probablement, répondit Simon d'une voix égale. Il était censé rester humain toute la matinée, mais je crois qu'il a épuisé la patience d'Elliot avant la fin du petit-déjeuner et qu'il a obtenu la permission de se transformer.

Il ne pouvait blâmer Elliot d'avoir fait ce choix. Il était facile d'autorisé Sam à se changer en Loup que d'écouter sa litanie "Meg faisait comme ci" et "Meg ne fait pas comme ça".

Vlad éclata de rire.

- Ça, c'est méchant.

-Espèces de fouineur songea Tess, irritée. Elle était si agacée qu'elle fourra son bonnet en laine dans la poche de son manteau et sortit de l'appartement en laissant la porte ouverte. Elle avait baisser les yeux, sa véritable nature était proche de la surface, et ses cheveux mouvants attiraient de ceux qu'elle croisait. Elle se délectait de se sentir mourir un peu tous les individus qui posaient les yeux sur elle.