Extraits

Une veuve dispose de libertés qu'une femme mariée n'a pas.

Qu'on me donne des dragons, je comprends fichtrement mieux leurs coutumes que celles de mes frères humains. Nous rendons notre monde bien trop compliqué.

Les gens supposent que la sagesse maternelle est totalement instinctive, qu'aussi ignorante que soit une femme en matière d'élevage des enfants avant de donner la vie, la simple appartenance à son sexe lui en donnera par la suite la parfaite capacité. Cela n'est pas vrai même au niveau biologique le plus grossier, comme l'avait prouvé le fait que je n'avais pas eu de lait, et c'est encore moins vrai en termes sociaux. Avec le temps, je parvins à comprendre les enfants du point de vue du naturaliste ; je connais à présent leur développement et j'apprécie dans une certaine mesure leur merveilleuse évolution. Mais, à ce moment de ma vie, le petit Jacob avait moins de sens pour moi qu'un dragon.

Pour la première fois de ma vie, je pris délicieusement conscience que j'étais vraiment une naturaliste. Pas l'épouse d'un savant que l'on avait emmené à cause de ses talents de dessinatrice et de secrétaire ; pas quelqu'un dont le hobby était de collectionner des lucions dans sa cabane de jardin, mais une scientifique à part entière, qui se consacrait pleinement à son travail.

Mais je peux vous assurer que j'ai survécu à tous ces événements ; il est donc probable que vous survivrez à leur lecture.