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Mémoires, tome 2 : Le temps présidentiel



Description ajoutée par Lilinie 2011-06-16T00:12:29+02:00

Résumé

Dans le second volume de ses Mémoires, Jacques Chirac aborde avec une grande liberté de ton les deux mandats de sa présidence, la plus longue de la Ve République après celle de François Mitterrand. Il dresse son bilan et explique ce qui a guidé ses grands choix, sans passer sous silence les aspects qui ont suscité des critiques et des commentaires ? la dissolution de 1997, le feuilleton des « affaires », l'échec du référendum sur la Constitution européenne ? , il rétablit aussi la vérité sur les réformes menées en faveur de la réduction de la « fracture sociale » et de la modernisation du pays. Il consacre une large part de ce récit aux questions de politique étrangère et à son inlassable engagement pour le respect des cultures et la paix, tant en ex-Yougoslavie qu'en Irak. Restituant ses échanges avec les grands chefs d'État du moment, de Bill Clinton et George W. Bush à Tony Blair, de Boris Eltsine et Vladimir Poutine à Helmut Kohl et aux dirigeants chinois, il révèle les dessous, jusqu'ici tenus secrets, d'une action internationale souvent déterminante. Jacques Chirac évoque également avec beaucoup de sincérité ses relations avec les principaux protagonistes de ses douze années de pouvoir : aussi bien Alain Juppé et Lionel Jospin, que Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. Il raconte, enfin, l'autre grande aventure de cette période : la création du musée des Arts Premiers, aventure qui reflète, au-delà de sa dimension esthétique, la part la plus authentique d'un président profondément humaniste, épris d'universel. En conclusion, Jacques Chirac s'adresse à la jeunesse et aux créateurs, tous ceux qui seront les acteurs de la France de demain, et s'appuie sur son expérience hors du commun pour livrer dans un « testament politique » sa vision d'une « France qui ose ».

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extrait

CHEF DE L'ÉTAT

Le lendemain de mon élection, j'assiste en compagnie de François Mitterrand, sur les Champs-Élysées, aux cérémonies du cinquantième anniversaire de la victoire du 8 mai 1945. Nous sommes assis côte à côte dans la tribune présidentielle, bavardant de manière amicale et détendue. Sans déroger à sa réserve habituelle, le chef de l'État manifeste à mon égard une cordialité qui n'a rien de feint ni d'ostentatoire. En dépit du soutien officiel qu'il a apporté au candidat socialiste, il ne paraît pas mécontent, en réalité, que les Français aient fait un choix différent de celui qu'il préconisait. Tout me laisse même à penser qu'il préférait secrètement avoir pour successeur un homme extérieur à sa famille politique, dont il n'aurait à subir ni querelle d'héritage ni « devoir d'inventaire ». Sans doute y voyait-il le gage d'une passation de pouvoir plus apaisée...

J'ai été l'adversaire de François Mitterrand avant de devenir son Premier ministre. Aujourd'hui me voici en charge de sa succession. Quels qu'aient été nos désaccords antérieurs, j'ai conscience du lien particulier qui nous unit désormais et qui dépasse nos seuls rapports personnels, si bons soient-ils. Ce lien se fonde avant tout sur la mission primordiale, qui nous a été confiée par le peuple français, d'assumer l'un après l'autre le destin de la nation, de préserver sa cohésion, sa place dans l'Histoire et son rayonnement dans le monde. Toute présidence nouvelle est porteuse d'un espoir et d'une légitime volonté de changement. Mais son devoir est aussi de veiller à la sauvegarde d'une nécessaire continuité, d'assurer la permanence des valeurs, des principes et des traditions qui ont forgé l'identité de notre peuple et restent les meilleurs garants de son unité. C'est ce qui confère à la fonction présidentielle, telle que l'a conçue et incarnée le général de Gaulle, son caractère sacré et inaliénable.

On n'accède pas à la magistrature suprême sans une volonté tenace, constante d'y parvenir, ni l'intime conviction, chevillée au corps, du destin qui nous y conduit. L'une et l'autre m'ont été très utiles au cours des dernières années pour ne jamais renoncer à une ambition que beaucoup jugeaient irréalisable. Pour tout dire, je n'ai douté à aucun moment que, après deux échecs successifs, cette troisième tentative serait couronnée de succès. D'abord parce que j'avais tiré les leçons de mes échecs précédents, en m'affranchissant peu à peu d'une appartenance trop partisane qui limitait ma relation avec les Français et m'empêchait de mieux percevoir la réalité concrète des problèmes qu'ils devaient affronter. Ensuite parce que l'expérience d'une traversée du désert dont j'avais moi-même pris le risque en laissant à un concurrent inattendu la responsabilité du gouvernement s'est révélée une épreuve bénéfique et même salutaire. Je lui dois en grande partie d'avoir acquis la distance et le recul nécessaires à l'exercice du pouvoir présidentiel, tel que d'autres l'ont pratiqué avant moi.

J'ai beaucoup appris à ce sujet de la plupart de mes prédécesseurs. En premier lieu, bien sûr, du général de Gaulle, au cours des trop brèves années où j'ai eu l'honneur d'être dans son gouvernement. Habité par sa fonction au point de se confondre avec elle, le Général personnifiait l'État dans ce qu'il a de plus fort, de plus élevé et de plus exigeant. « Il n'y a de France que grâce à l'État », rappelait-il peu après son retour au pouvoir, lui qui savait tout ce que la dégradation de ses institutions avait coûté à la France de défaites, de souffrances et d'humiliations. L'État était une véritable mystique pour de Gaulle et il le servait comme tel. Si son modèle reste écrasant et naturellement inimitable, j'ai toujours jugé essentiel de m'y référer et de m'en inspirer.

J'ai reçu du président Pompidou, comme tous ceux qui ont travaillé à ses côtés, un exemple de détermination, de dignité, de rigueur et de maîtrise de soi qui a beaucoup compté dans la haute idée que je me fais du rôle dévolu au chef de l'État et de la responsabilité qui lui incombe. En l'observant dans l'accomplissement de sa tâche, je n'ai cessé de mesurer tout ce que celle-ci requiert de ténacité, de courage et d'abnégation. Georges Pompidou ne portait pas sur lui le poids de l'Histoire, mais son enracinement dans la terre de France, l'humanisme dont il était pétri, la culture vaste et éclectique qu'il avait acquise, alliée à une intelligence exceptionnelle, lui ont permis d'assurer la difficile succession du Général en imprimant sa propre marque sur le fonctionnement des institutions. Homme de tolérance et de mesure, il sut démontrer que ces institutions n'étaient pas seulement faites pour les temps héroïques, mais qu'elles offraient au pays une chance durable d'équilibre et de stabilité.

François Mitterrand eut la sagesse et l'habileté de s'adapter, à son tour, à un système institutionnel qu'il avait pourtant combattu dès sa mise en place et critiqué sans relâche jusqu'à sa propre accession au pouvoir. Il comprit que sa légitimité, à moins de se tromper de fonction, dépendrait de sa capacité à dépasser les clivages idéologiques, à incarner la France dans toute sa diversité et à rassembler le peuple français dans son entier. Il ne suffit pas de remporter une élection présidentielle pour s'imposer comme le « président de tous les Français », selon la formule consacrée. Y parvenir exige à tout le moins une certaine évolution personnelle, la prise de conscience d'une métamorphose nécessaire et même indispensable, sous peine de ne jamais franchir le simple statut de chef de parti.

Porté par un sens de l'État et une intelligence politique indiscutables, François Mitterrand s'est vite identifié à l'autorité souveraine que la Constitution lui octroyait et dont il était toujours prompt et attentif, je puis en témoigner, à affirmer la prééminence qui s'y rattache. Chez lui, la capacité de décision allait de pair, dans sa manière d'être comme de gouverner, avec une maîtrise du temps et un art du détachement qui sont aussi la marque d'un authentique chef d'État. J'en retirai quelque enseignement quant à la meilleure façon de conduire les affaires du pays, même si mon propre caractère m'incite davantage au mouvement et à l'action immédiate.

Lorsque nous nous retrouvons, en ce 8 mai 1995, François Mitterrand m'exprime en confidence son souhait de demeurer quelques jours supplémentaires à l'Élysée avant de déménager. « Rassurez-vous, me dit-il en riant, je ne vous ferai pas attendre aussi longtemps que Giscard m'a fait attendre après mon élection. Mais vous savez ce que c'est : en quatorze ans on finit par accumuler beaucoup de choses. Cela prend du temps de faire les cartons et je ne suis pas si alerte. » J'accède spontanément à sa demande, le sachant en effet très fatigué, mais ce n'est qu'au moment de notre passation de pouvoir que j'en découvrirai la véritable raison...

En attendant mon entrée en fonction, fixée au 17 mai, je mets à profit cette période de transition pour me préparer à cette mutation personnelle dont je parlais et qui passe par l'acceptation d'une nouvelle solitude. Le temps présidentiel impose du recul, de la distance et de la hauteur. Autour de moi règnent l'impatience et la fébrilité des lendemains de victoire. La pression médiatique est incessante. Les rumeurs abondent déjà quant au choix du futur Premier ministre et à la composition du gouvernement. Je n'entends pas me laisser déborder par les attentes et les sollicitations des uns et des autres. Ayant enfin atteint le but que je m'étais fixé, j'éprouve le besoin de prendre un peu de champ par rapport aux tensions et à l'agitation politique des derniers mois. Ce temps d'apaisement et de décantation me sera très utile pour affronter, avec le plus de sérénité possible, la tâche qu'il me revient d'assumer. Il doit être pour moi comme un rite de passage entre ma situation de candidat et celle de président élu, nouveau maillon de la chaîne républicaine.

Retranché le plus souvent dans mon bureau de l'Hôtel de Ville, je reçois, consulte à intervalles réguliers ceux qui ont œuvré à mes côtés durant la campagne électorale et feront partie du futur gouvernement ou de mon équipe rapprochée à l'Élysée. Je suis résolu à agir vite, une fois installé aux commandes, à engager sans délai les réformes attendues par les Français. Il me faut donc doter le pays d'une équipe dirigeante forte, cohérente et déterminée. Et, dans l'immédiat, désigner le Premier ministre qui en aura la responsabilité à mes côtés. Celui-ci ne saurait être à mes yeux qu'un homme avec lequel je me sente pleinement en confiance et en harmonie et dont j'ai éprouvé de longue date la fidélité, sans parler de son expérience de l'État. C'est pourquoi mon choix s'est porté très tôt sur Alain Juppé.

Beaucoup espèrent, je ne l'ignore pas, que je nomme un chef de gouvernement apparemment plus en accord avec l'un des thèmes fondateurs de la campagne présidentielle, la « fracture sociale ». Ils pensent, bien sûr, à Philippe Séguin. Son engagement a beaucoup compté dans le combat commun que nous venons de mener pour faire triompher une certaine idée de la France et du gaullisme à laquelle nous sommes l'un et l'autre attachés. Je lui dois sans aucun doute une grande partie de ma victoire. J'admire sa stature intellectuelle, sa rigueur morale et la force de ses convictions qu'il sait exprimer avec un talent oratoire exceptionnel. De surcroît, Philippe Séguin a été un excellent ministre des Affaires sociales et de l'Emploi dans le gouvernement de cohabitation que je dirigeai, entre 1986 et 1988. Mais le moins qu'on puisse dire est que notre collaboration ne fut pas de tout repos. La moindre contrariété, le moindre désaccord pouvaient blesser Philippe Séguin et soulever chez lui des tempêtes fracassantes qui mettaient du temps à retomber et s'apaiser. Il n'était pas rare, dans ces cas-là, qu'il m'adresse des lettres orageuses ou qu'il refuse de me prendre au téléphone après avoir brutalement interrompu notre conversation quelques instants auparavant. Philippe Séguin était ainsi, fougueux, exigeant, passionné, mais imprévisible et incontrôlable. Je ne suis pas sûr, pour tout dire, que sa personnalité fût adaptée à la fonction de Premier ministre, même s'il avait, naturellement, toute la compétence pour l'occuper.

Mon entente avec Alain Juppé n'a nul besoin, quant à elle, d'être démontrée. Voici plus de vingt ans que j'ai trouvé auprès de lui d'abord le collaborateur et le conseiller, puis l'adjoint et le ministre d'une compétence sans faille, auquel j'ai pu me fier en toutes circonstances. Son soutien ne m'a pas fait défaut dans les périodes difficiles où mon destin présidentiel paraissait dans l'impasse. Cette fidélité est toujours allée de pair chez Alain Juppé avec une grande franchise à mon égard, dénuée de tout souci de complaisance. Ses points de vue sont toujours nets, directs, étayés, argumentés, quitte à se voir reprocher par d'autres, qui le connaissent mal, une certaine raideur. En réalité, sous son aspect parfois rigide, Alain Juppé est un homme d'une profonde sensibilité et d'une extrême pudeur, qui répugne tout autant aux effusions faciles qu'à la moindre démagogie. Il se livre peu. C'est d'ailleurs un de nos traits communs et sans doute une des raisons de cette compréhension mutuelle qui ne s'est jamais démentie.

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Date de sortie

Mémoires, tome 2 : Le temps présidentiel

  • France : 2011-06-10 (Français)

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