Mémoires d'un agent secret de la France libre, tome 1 : Mémoires d'un agent secret de la France libre

- Savez-vous que, voilà quinze jours, le chancelier Hitler a fait parvenir par une voie neutre un télégramme à M. Churchill, lui proposant de le rencontrer secrètement à Fontainebleau avec Mussolini afin d'en finir avec cette guerre ?

Mon Allemand sursaute:

- Quoi ?

Je fais machine arrière:

- C'est une histoire qu'on raconte.

- Ah ! bien...

- M. Churchill arrive à Fontainebleau où l'attendent le Führer et le Duce. Le Führer lui fait les honneurs du château.Après quoi il le conduit à une table.

-Voici ce que j'ai à vous dire, Churchill. Cette guerre ne peut durer. J'ai préparé un document, il vous suffit de le signer et l'Europe retrouvera immédiatement la paix.

-Je suis désolé de ne pouvoir signer cela, dit Churchill. "En Angleterre, nous aimons régler les affaires par un pari.Celui qui l'aura perdu reconnaîtra qu'il a aussi perdu la guerre ?

-Quel pari ? demanda Hitler, méfiant.

-Vous voyez ces gosses carpes. Parions que le premier qui s'emparera de l'une d'elles sans employer aucun des moyens habituellement utilisés pour la pêche aura gagné la guerre.

- C'est tout ? Entendu ! Je commence !

Hitler sort immédiatement son pistolet, et tire les six balles du chargeur sur la carpe. Celle-ci continue à nager comme si de rien n'était.

- A toi Musso ! ordonne-t-il, dépité. On m'a dit que tu es excellent nageur... A l'eau, tout de suite !

Mussolini obtempère immédiatement et , se débarrassant de son uniforme, se jette dans l'étang. Il passa près d'une carpe, referme les bras sur elle, amis le poisson lui glisse entre les mains. Il essaie avec une autre, sans succès. Il revient sur la berge.

- A vous, Churchill ! dit Hitler.

Churchill prend sa cuiller à thé, la plonge dans l'étang, jette l'eau qu'elle contient par-dessus son épaule. Puis il recommence, le Führer, bouche bée, regarde son manège, puis s'impatientant, demande ce qu'il signifie.

- Ce sera long, répond Churchill sans s'émouvoir. Mais je crois que nous allons gagner la guerre.

Ayant terminé mon histoire, je vis la mine de mon voisin se renfrognait. Au regard qu'il me jeta de biais, j'opposai une mine candide qui le rasséréna.

-C'est ça, dit-il avec un rire qui me parut contraint. L'Angleterre va gagner la guerre avec des cuillers à thé !