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"A travers son héroïne, je m'identifiais à l'auteur, un jour une adolescente, une autre moi-même, tremperait de ses larmes un roman où j'aurais raconté ma propre histoire."
Afficher en entier"Je me promis lorsque je serai grande de ne pas oublier qu'on est à 5 ans un individu complet c'est ce que niaient les adultes lorsqu'ils me marquaient de la condescendance et ils m'offensaient."
Afficher en entierDepuis sept ans , je me confessais deux fois par mois à l'abbé Martin; je l'entretenais de mes états d'âme; je m'accusais d'avoir communié sans ferveur, d'avoir prié du bout des lèvres, trop rarement pensé à Dieu; à ces défaillances éthérées, il répondais par un sermon d'un style élevé. Un jour, au lieu de se conformer à ces rites, il se mis à me parler sur un ton familier. "Il m'est venu aux oreilles que ma petite Simone a changé... qu'elle est désobéissante, turbulente, qu'elle répond quand on la gronde... Désormais il faudra faire attention à ces choses." Mes joues s'embrasèrent, je regardait avec horreur l'imposteur que j'avais pendant des années pris pour le représentant de Dieu : brusquement il venait de retrousser sa soutane, découvrant des jupons de bigote ; sa robe de prêtre n'était qu'un travesti; elle habillait une commère qui se repaissait de ragots.
Afficher en entier"J'aimerai le jour où un homme me subjuguera par son intelligence, sa culture et son autorité."
Afficher en entier"Un seule chose, par instants, m'assombrissait : un jour, je le savais, cette période de ma vie s'achèverait. Cela ne paraissait pas vraisemblable. Quand on a aimé ses parents vingt ans, comment peut-on, sans mourir de douleur, les quitter pour suivre un inconnu ? et comment peut-on, alors qu'on s'est passé de lui pendant vingt ans, se mettre à aimer du jour au lendemain un homme qui ne vous est rien ?"
Afficher en entier"Les pensées vont et viennent à leur guise dans notre tête, on ne fait pas exprès de croire ce qu'on croit."
Afficher en entier"Malgré les promesses du ciel, je suffoquais d'horreur en pensant à la mort qui sur terre sépare à jamais les gens qui s'aiment."
Afficher en entier"Elle se sentait assez forte pour défendre son unique bien contre les coups et contre les caresses, et pour tenir toujours sa main fermée". Cet apologue traduisait le plus obsédant de mes soucis : me défendre contre autrui ; car si mes parents ne m'épargnaient pas leurs reproches, ils réclamaient ma confiance.
Afficher en entierEn dehors de mes études, la lecture restait la grande affaire de ma vie. Maman se fournissait à présent à la bibliothèque Cardinale, place Saint-Sulpice. Une table chargée de revues et de magazines occupait le milieu d'une grande salle d'où rayonnaient des corridors tapissés de livres : les clients avaient le droit de s'y promener. J'éprouvai une des plus grandes joies de mon enfance le jour où ma mère m'annonça qu'elle m'offrait un abonnement personnel. Je me plantai devant le panneau réservé aux "ouvrages pour la jeunesse", et où s'alignaient des centaines de volumes : "Tout cela est à moi?" me dis-je, éperdue. La réalité dépassait les plus ambitieux de mes rêves : devant moi s'ouvrait le paradis, jusqu'alors inconnu, de l'abondance. Je rapportai à la maison un catalogue; aidée par mes parents, je fis un choix parmi les ouvrages marqués J et je dressai des listes; chaque semaine, j'hésitai délicieusement entre de multiples convoitises. En outre, ma mère m'emmenait quelquefois dans un petit magasin proche du cours, acheter des romans anglais : ils faisaient de l'usage car je déchiffrais lentement. Je prenais grand plaisir à soulever, à l'aide d'un dictionnaire, le voile opaque des mots : descriptions et récits retenaient un peu de leur mystère; je leur trouvais plus de charmes et de profondeur que si je les avais lus en français.
Afficher en entier"Aussi loin que je me souvienne, j'étais fière d'être l'aînée: la première. Déguisée en chaperon rouge, portant dans mon panier galette et pot de beurre, je me sentais plus intéressante qu'un nourrisson cloué dans son berceau. J'avais une petite sœur: ce poupon ne m'avait pas."
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