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Je lui souris, heureuse. Car en réalité il existe une chose encore plus formidable que de partager vos secrets, c’est lorsque la personne que vous aimez partage les siens avec vous.
Afficher en entierOn retrouve rarement les corps. Mais quand cela se produit, ils ont été mutilés, de différentes manières qui évoquent divers poèmes des Fleurs du mal.
Afficher en entierJe suis incapable de faire le tri entre toutes les émotions : répulsion, terreur, incrédulité - qui me submergent.
Et quelque chose d'autre également : l'effroyable constatation que cet instant est programmé. Et que plus ou moins consciemment, je l'avais toujours su.
Je l'avais désiré.
Afficher en entierCapable de réciter tous les monologues amoureux de Shakespeare comme s'ils avaient été écrits pour lui.
Moralité : Ne jamais tomber amoureux d'une personne qui préfère prononcer les paroles de quelqu'un d'autre.
Afficher en entierJe dis cela avec une telle nonchalance, une telle gratitude, que moi-même je serais surprise de découvrir que c’est un mensonge.
Mais ce n’est pas vraiment un mensonge. J’appelle ça se comporter honnêtement dans des circonstances imaginaires.
Ce qui n’est pas du tout la même chose, comme vous allez vous en apercevoir.
Afficher en entierConsuela Alvarez choisit de garder cette chambre pour la fin. Puis, lorsque toutes les autres ont été faites, elle ne peut plus attendre. Une vive douleur dans le bas du dos la fait grimacer : elle a déjà changé une dizaine de lits ce matin et récuré autant de cabines de douche. Elle frappe à la porte avec son passe magnétique. « Femme de chambre ! » s’écrie-t-elle et elle attend la réponse.
Rien.
La première chose qu’elle remarque en entrant, c’est le froid. Un courant d’air glacé passe entre les rideaux. Faisant claquer sa langue d’un air désapprobateur, elle marche jusqu’à la fenêtre et tire sur le cordon. Une lumière grise envahit la chambre.
Où règne le plus grand désordre. Elle ferme brutalement la porte.
La personne couchée dans le lit ne bouge pas.
« S’il vous plaît… Il faut vous réveiller », dit Consuela, gênée.
Le drap couvre le visage. Il estompe les contours du corps, qui semble enseveli sous plusieurs épaisseurs de neige.
En balayant du regard la lampe renversée, le verre à vin brisé, Consuela est soudain gagnée par un mauvais pressentiment. L’année dernière, il y a eu un décès au premier étage. Une sale histoire. Un jeune homme a fait une overdose dans la salle de bains. Et l’hôtel était complet. Il a fallu nettoyer la chambre pour accueillir le nouvel arrivant, à 17 heures.
À y regarder de plus près, plusieurs détails lui semblent anormaux, voire étranges, dans cette suite. Qui se couche en laissant un verre brisé sur la moquette, au risque de marcher dessus le lendemain matin ? Qui dort avec le drap sur la tête ? Des chambres d’hôtel, Consuela en a vu un paquet, et la scène qui s’offre à ses yeux lui paraît bizarre.
Fabriquée, même.
Elle se signe. Et pose une main tremblante sur le drap, là où doit se trouver l’épaule. Elle la secoue délicatement.
Au bout d’un moment, une fleur rouge éclot sur le coton blanc, à l’endroit où s’est posée sa main.
Elle sait maintenant qu’il se passe quelque chose de grave. De nouveau, elle touche le drap, d’un doigt seulement. Et de nouveau, comme de l’encre qui traverse un mouchoir en papier, un pétale écarlate se déploie.
Consuela rassemble tout son courage et, de la main gauche, elle soulève le drap.
Avant même de pouvoir enregistrer ce qu’elle voit, sa main droite se lève pour exécuter un autre signe de croix. Mais, cette fois, elle n’a pas le temps d’atteindre le front. Elle redescend vers la bouche pour étouffer un hurlement.
Afficher en entierLe jour de leur départ, les clients doivent libérer la chambre à midi.
À 11 heures, le cinquième étage du Lexington Hotel s’est presque entièrement vidé. Nous sommes dans le centre de Manhattan, où même les touristes ont un planning chargé : musées, grands magasins et monuments. Les clients qui espéraient faire la grasse matinée ont été réveillés par les voix des femmes de ménage, qui s’interpellent en espagnol quand elles entrent et sortent de la buanderie située à côté de l’ascenseur. Elles préparent les chambres pour l’invasion de l’après-midi.
Les plateaux de petit-déjeuner qui parsèment le couloir indiquent celles qui n’ont pas encore été nettoyées.
Il n’y a pas de plateau devant la porte de la suite avec terrasse.
Tous les matins, un exemplaire du New York Times est distribué gracieusement dans chaque chambre.
Cadeau négligé par l’occupant de la suite. Le journal est toujours sur le paillasson, intact. L’écriteau « NE PAS DÉRANGER » pend à la poignée.
Afficher en entierFaire confiance à un être humain en lui dévoilant vos pensées les plus noires… Il n’y a pas de saut dans le vide plus terrifiant.
Afficher en entierC’est une chose qui arrive parfois, dit-il. Quand tu portes un masque trop longtemps, tu t’aperçois qu’il te colle à la peau.
Afficher en entierComment pouvons-nous encore nous faire confiance, en sachant que nous sommes très doués pour mentir l’un et l’autre ?
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