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Adam se pencha sur moi et m’embrassa. Je lui rendis son baiser. De façon appuyée. Il rit, posa son front contre le mien, et je sentis tout son corps se relâcher.

— Tu es complètement shootée, bébé. — Est-ce que je suis frite ? demandai-je. — Quoi ?

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Les draps étaient trop blancs, trop rêches, et les couvertures trop fines. J’avais froid aux pieds. Allongée sur le flanc, je gigotai pour tenter de les relever et les remettre au chaud. — Mercy ? demanda Adam. — Il nous faut de nouvelles couvertures. Il s’esclaffa. — Tout ce que tu voudras, mon cœur.

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— Elle est partie se chercher un café, Mercy. Je l’aime, mais… c’était une riche idée, la teinture. Elle gloussa, puis poursuivit : — Tu es vraiment étonnante. Je n’arrive pas à croire que tu l’aies eue alors que tu étais… (Elle se racla la gorge.) Alors que tu étais à l’hôpital.

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Je ne voulais qu’un seul battement de cœur à mon oreille. Celui d’Adam.

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Il hésita. — Je lui ai promis de veiller sur toi. Je ne l’avais jamais entendu parler d’une voix aussi douce. Je m’essuyai les yeux d’un geste rageur, mais réussis à émettre un petit rire. — Ferme-la. Samuel m’a dit de ne pas pleurer avant d’avoir une bonne raison de le faire. — Oui, murmura Darryl. Oui. Il s’adossa au chambranle de la porte et me tint compagnie encore quelques minutes avant de retourner dans la maison.

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— Je suis nulle pour ça, soupirai-je. Pour trouver des mots aux moments importants. Il m’adressa un sourire. — Je sais. — Je comprends. Je comprends pourquoi tu dois y aller et pourquoi je dois rester. Je crois que tu prends la bonne décision, la seule possible. J’aimerais… Avec la boule que j’avais dans le ventre, je me sentais comme un animal sur le point d’aller à l’abattoir, mais je ne comptais pas partager ce sentiment avec Adam. — Je sais, déclara-t-il. — Tu n’étais pas censé capter ça. — Je le sais aussi, assura-t-il d’une voix tendre. Tu devrais savoir que tu ne peux rien me cacher. — Bien, lançai-je avec détermination. Bien. Alors, tu sais… tu sais que je t’aime.

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— C’est vrai, concéda Adam. Et j’ai vu assez de chair à canon au Vietnam pour toute une vie. Il remarqua mon tressaillement et cessa un instant de me coiffer pour m’embrasser. Aucun de nous deux ne reprit la parole jusqu’à ce qu’il repose le peigne. — Je t’aime, déclarai-je brutalement. Et si tu ne reviens pas, j’irai vraiment cracher sur ta tombe. Il sourit, pas assez toutefois pour creuser sa fossette. — Je sais tout cela. Mercedes Athena Thompson Hauptman, si je ne te l’ai pas déjà dit, sache que tu as apporté la joie dans ma vie alors que je pensais que le monde n’en avait plus à m’offrir. — Arrête, suppliai-je, tâchant frénétiquement d’essuyer les larmes qui ruisselaient sur mes joues. Ne me dis pas des trucs pareils alors que je vais devoir sortir et faire face à tous les autres. Ne me fais pas pleurer. Encore une fois. Il esquissa un sourire, assez large cette fois pour faire apparaître sa fossette, et m’épongea le visage à l’aide du tee-shirt qu’il n’avait pas encore enfilé. — Tu es solide, affirma-t-il. Tu t’en remettras. Et moi, au moins, je ne t’ai pas laissé de lettre.

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— Ne nous pleure pas tant que nous ne sommes pas morts. — J’irai cracher sur vos tombes. Il éclata de rire, ce salaud. — Sympa, commenta Adam en s’accroupissant devant moi. Je te rappelle que j’ai dû te regarder partir affronter seule la Diablesse du fleuve. — C’était nul aussi, concédai-je sans lever les yeux. Mais nous avions un plan qui avait une chance de marcher. — Basé sur une légende, répliqua-t-il d’un ton brusque. Ce n’était pas un plan. C’était une mission suicide. Je croisai son regard et m’abstins de dire « ça aussi ». Il le savait, je le lisais dans ses yeux.

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— Ce n’est pas ta faute, Christy, affirma Adam. C’est simplement… Quelle était l’expression de Mercy ? Un mauvais karma.

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— Moi. (Je me concentrai sur Adam, et il m’entendit, j’en étais sûre.) Choisis-moi. Si tous ceux qui partent vont vers une mort certaine, pourquoi ne pas me choisir ? — Il faut que tu survives, me répondit-il sans même me regarder. J’ai besoin de savoir que tu survivras. Moi aussi, j’ai besoin que tu survives, songeai-je, tout en tâchant de ne pas partager cette pensée avec lui. Il existait une mince chance pour qu’il m’écoute. Et si la présence d’un coyote au lieu d’un loup-garou faisait pencher la balance du mauvais côté ? Et s’il mourait à cause de moi ? Je gardai donc le silence.

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