Extraits

Jean-Philippe rouvre les yeux, un grand sourire aux lèvres. S’il y a un moment dans la journée où il peut prétendre se sentir libre, c’est bien celui-ci. Même si libre, c’est un bien grand mot. Libre. On est toujours prisonnier de quelque chose. De son corps, de la gravité, de l’administration. De la vie. On ne peut que se contenter d’évoluer dans les limites qui en découlent, comme un cheval dans son pré, un poisson dans son lac, un oiseau dans sa volière. Avec pour seules barrières le temps, les lois, les normes sociales, l’espace.

Au-dessus de lui, les oiseaux profitent des bourrasques pour s’exercer à leurs ballets aériens. Moineau, corbeau, mésange, pinson, moineau de nouveau, leurs chants vibrent de tous les côtés, c’est une véritable symphonie en trois dimensions, rythmée par le seul bruissement du vent dans la végétation.

« Personne n'est libre, même les oiseaux sont enchaînés au ciel. »

Bob Dylan

Les cloches résonnent encore du dernier coup de dix-huit heures.

Comme tous les soirs, Jean-Philippe arrive devant le long mur de pierre. Il le suit sur une dizaine de mètres, se retrouve face à une grande grille en fer forgé. Le temps est radieux pour une soirée de fin d'été. Les rayons de soleil s'infiltrent entre les barreaux, réchauffent délicatement chaque petite parcelle de peau découverte sur leur chemin. Jean-Philippe ferme les yeux, pour mieux savourer l’instant. Il prend une profonde inspiration.