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Extrait ajouté par elodiev_ 2020-09-24T18:45:01+02:00

"Darkness is so predictable, don't you think?"

"I like the night," she said, contrary as usual. "Without the dark, we'd never see the stars."

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Extrait ajouté par elodiev_ 2020-09-24T18:42:57+02:00

"How old are you?" she asked.

My answer was automatic and ingrained. "Seventeen."

"And how long have you been seventeen?"

I tried not to smile at he patronizing tone. "A while," I admitted.

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Extrait ajouté par SherCam 2020-08-21T14:36:12+02:00

Je lui devais maintenant de faire la chose à faire. De cesser de me leurrer en me répétant que je risquais seulement de m'amouracher d'elle.

Après tout, qu'elle importance si je partais, puisque Bella ne me verrait jamais comme je souhaitai qu'elle me voit ? Puisqu'elle ne m'estimerait jamais digne d'être aimé ?

Un cœur mort et geler pouvait il se briser ? J'eus l'impression que le mien, oui.

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Extrait ajouté par FiftyShadesDarker 2020-08-13T12:44:23+02:00

- Elle a tout à vivre, Edward, chuchota-t-elle avec raideur. Des tas de possibilités, qu'elle s'apprête à jeter les orties. Toutes. Toutes celles dont on m'a privée. Je ne supporte pas d'en être témoin.

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Extrait ajouté par FiftyShadesDarker 2020-08-13T12:40:36+02:00

L'aimer ne m'empêcherait pas de la tuer si je ne faisais pas attention.

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Extrait ajouté par Lill-Arashi-DaiKyo 2020-08-10T15:44:38+02:00

Ce ne fut qu’à la fin de l’heure que je prêtai attention à Emmett. Il manquait d’intuition pour repérer les humeurs sombres de ses prochains mais, curieusement, il avait noté que la mienne avait changé et s’interrogeait sur ce qui avait réussi à estomper ma morosité incessante. Cherchant à qualifier mon nouvel état d’esprit, il finit par décider que j’espérais.

Telle était donc l’impression que je donnais ?

Sur le trajet jusqu’à la Volvo, je méditai la chose et me demandai ce que j’espérais exactement.

Je fus vite renseigné. Ultrasensible comme toujours aux pensées qui concernaient Bella, le prénom de cette dernière agitant les cerveaux de ceux que je n’étais pas censé considérer comme des rivaux m’interpella. Ayant appris – avec une satisfaction non dissimulée – que Mike avait été éconduit, Éric et Tyler préparaient leur assaut.

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Extrait ajouté par taraddict1 2015-08-25T00:23:41+02:00

J’aimerais rester... mais elle le veut probablement pour elle seule. Qui ne le voudrait pas ? pensa Jess. Au même moment elle regardait Bella lui faire un clin d’oeil.

Un clin d’oeil ?

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Extrait ajouté par Marie-Oceane 2013-09-01T23:55:58+02:00

Le voyage fut rapide sur la sombre route déserte. J'éteignis mes phares pour ne pas attirer l’attention. Cela me fit sourire d’imaginer comment Bella réagirait à la vitesse à laquelle nous roulions à présent. J'étais déjà en train de rouler plus lentement que d’habitude - pour prolonger le temps passé avec elle – quand elle avait objecté.


Carlisle pensait à Bella aussi.


Je n’avais pas prévu qu’elle serait aussi bénéfique pour lui. C’est inattendu. Peut-être que cela devait se dérouler ainsi. Peut-être qu’il y a quelque chose derrière tout ça. Seulement...

Il s’imagina Bella avec la peau froide, les yeux rouges sang, puis fit disparaître cette image.

Oui. Seulement. Bien sûr. Qu'y aurait-il de bon à détruire quelque chose de si pur et adorable?


 Je jetai un regard dehors, toute la joie de cette soirée détruite par ses pensées.

Edward mérite le bonheur. Il l’a acquis. Cette férocité dans les pensées de Carlisle me surprit. Il doit y avoir un moyen.

J’aurais aimé croire à ses paroles - n’importe laquelle des deux. Mais il n’y avait rien derrière ce qui arrivait à Bella. Juste le destin, vicieux, horrible, amer, qui ne voulait pas donner à Bella la vie qu’elle méritait.


Je ne m’attardais pas à Port Angeles. J’amenai Carlisle dans la rue ou la créature dénommée Lonnie noyait sa déception avec ses amis - deux d'entre eux s’étaient déjà évanouis. Carlisle pouvait voir à quel point cela était dur pour moi d’être aussi près - d’entendre les pensées de ce monstre, de voir ses souvenirs, les souvenirs de Bella mélangés à ceux d’autres filles pas assez chanceuses pour être sauvées.

Ma respiration s’accéléra. Je serrai le volant.


Va-t-en, Edward, me dit-il gentiment. Je vais m’en occuper. Rejoins Bella.

C’était exactement ce qu’il fallait me dire. Son nom était la seule chose qui pouvait me distraire à ce moment.


Je le laissai dans la voiture et courus jusqu’à Forks, tout droit, à travers la forêt endormie. Cela me prit moins de temps qu’à l’aller dans la voiture. Quelques minutes après, j'escaladais le flanc de sa maison, me glissant à travers la fenêtre.

Je soupirai silencieusement, soulagé. Tout était en place. Bella était en sécurité dans son lit, rêvant, ses cheveux mouillés, emmêlés tels des algues sur son oreiller.

Mais, contrairement aux autres nuits, elle était recroquevillée dans ses draps, les coins de sa couette bien calés sous ses épaules. Elle avait sûrement froid. Avant que je puisse m'asseoir dans ma chaise habituelle, elle frissonna dans son sommeil, et ses lèvres tremblèrent.

Je réfléchis durant un moment, puis me glissai dans le couloir, explorant une nouvelle partie de sa maison pour la première fois.

Les ronflements de Charlie étaient assez forts. Je pouvais presque attraper ses rêves. Quelque chose concernant la force de l’eau, une attente patiente... une partie de pêche, peut-être?

Là, en haut des escaliers se trouvait un placard prometteur. Je l’ouvris, plein d'espoir, et trouvai ce que je cherchais. Je pris la plus grosse des couvertures de la toute petite étagère, et la ramenai dans sa chambre. Je la rangerais avant qu’elle ne se réveille, et personne n’en saurait jamais rien.


Retenant ma respiration, j’étalai précautionneusement la couverture sur elle ; elle ne réagit pas à l’excédent de poids. Je retournai dans la chaise à bascule.

Tandis que j'attendais anxieusement qu’elle se réchauffe, je pensai à Carlisle, me demandant ce qu’il faisait en ce moment. Je savais que son plan se déroulerait sans problèmes - Alice l’avait vu.

Penser à mon père me fit soupirer - Carlisle me faisait trop confiance. J’aurais aimé être la personne qu’il pensait que j’étais. Cette personne, celle qui méritait d’être heureux, qui pourrait espérer être digne de cette fille endormie. Combien les choses seraient différentes si je pouvais être cet Edward-là.


Alors que je méditais là-dessus, une image étrange surgit dans mon esprit.


Pendant un moment, le destin maléfique que j’avais imaginé, celui qui annonçait la destruction de Bella, fut remplacé par le plus fou et téméraire des anges. Un ange gardien - quelque chose qui ressemblait à la version de Carlisle me concernant. Avec un sourire insouciant sur ses lèvres, ses yeux bleu ciel pleins d'espièglerie, l’ange représenta Bella d’une telle façon qu’il m’était impossible de la négliger. Un parfum d’une puissance ridicule demandant mon attention, un esprit silencieux enflammant ma curiosité, une beauté silencieuse retenant mes yeux, un esprit altruiste gagnant mon estime. Enlever l’instinct naturel de survie - pour que Bella puisse accepter de rester auprès de moi - et finalement, ajouter un don pour s'attirer des ennuis.

Avec un rire imprudent, l’ange irresponsable propulsa sa fragile création directement sur mon chemin, croyant allègrement que ma moralité défectueuse suffirait à maintenir Bella en vie.

Dans cette vision, je n’étais pas la punition de Bella, elle était ma récompense.

Je secouais ma tête devant la fantaisie cet ange sans jugeote. Il n’était pas mieux que le destin maléfique. Je ne pouvais pas m’incliner devant un pouvoir supérieur qui agirait de manière si stupide et dangereuse. Au moins, le destin, je pouvais le combattre.


Et je n’avais pas d’ange. Ils étaient réservés aux bonnes gens - les gens comme Bella. Où donc était passé son ange ? La surveillait-il?

Je ris en silence, surpris de réaliser qu’à ce moment précis, je remplissais ce rôle.


Un ange vampire - c’était contradictoire.

Environ une demi-heure plus tard, Bella se relaxa sous son cocon. Sa respiration s'approfondit et elle commença à murmurer. Je souris, satisfait. C’était une petite chose, mais au moins, elle dormirait mieux ce soir, parce que j’étais là.

- Edward, soupira-t-elle, et elle sourit, elle aussi.
Je repoussai la tragédie pour le moment, me laissant être de nouveau heureux.

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Extrait ajouté par Marie-Oceane 2013-09-01T22:54:15+02:00

Chapitre 8

Je ne vis pas beaucoup les invités de Jasper durant les deux jours ensoleillés où ils étaient à Forks. Je ne revenais à la maison que pour éviter à Esmée de s'inquiéter. Autrement, mon existence ressemblait plus à celle d'un spectre qu'à celle d'un vampire. Je me cachais, invisible dans l'ombre, d'où je pouvais suivre l'objet de mon amour et de mon obsession – d'où je pouvais la voir et l'entendre à travers les esprits des humains chanceux qui pouvaient marcher à ses côtés dans la lumière du soleil, parfois même caresser accidentellement le dos de sa main avec la leur. Elle ne réagissait jamais à de tels contacts ; leur peau était aussi tiède que la sienne.

Cette absence forcée ne m'avait jamais parue aussi oppressante. Mais le soleil semblait la rendre heureuse, ce qui m'empêchait de trop en vouloir au beau temps. Tout ce qui faisait plaisir à Bella était dans mes bonnes grâces.

Le lundi matin, j'épiai une conversation qui aurait eu le potentiel de réduira à néant mon assurance et faire de ce temps passé loin d'elle une véritable torture. Néanmoins, lorsqu'elle se termina, j'avais gagné ma journée.

J'étais forcé de devoir un peu de respect à Mike Newton ; il ne s'était pas résigné à abandonner et à s'éclipser discrètement pour panser ses blessures. Il était plus brave que ce que j'avais présumé. Il allait réessayer.

Bella arriva à l'école assez tôt et, ayant manifestement l'intention de profiter du soleil le plus longtemps possible, s'assit sur une des tables de pique-nique rarement utilisées en attendant que la sonnerie retentisse. Chose inattendue, les reflets que le soleil alluma dans ses cheveux étaient roux.

Mike la trouva là, toujours à griffonner, ravi de sa chance.

J'agonisais d'être impuissant, réduit au rôle de simple spectateur, retenu dans la forêt sombre par le soleil éclatant.

Elle le salua avec assez d'enthousiasme pour le rendre extatique, et moi l'inverse.

Bon, elle m'aime bien. Elle ne sourirait pas comme ça si elle ne m'aimait pas. Je parie qu'elle voulait aller au bal avec moi. Me demande ce qu'il y a de si important à Seattle…

Il perçut le changement dans ses cheveux.

- Je ne l'avais encore jamais remarqué, mais tes cheveux ont des reflets roux.

Je déracinai accidentellement le jeune épicéa sur lequel je m'appuyais quand il prit entre ses doigts une mèche de ses cheveux pour la replacer derrière son oreille.

- Seulement quand il y a du soleil, répondit-elle.

À ma grande satisfaction, elle se dégagea légèrement lorsqu'il effleura sa peau.

Il fallut une minute à Mike pour rassembler son courage, perdant du temps en bavardages futiles.

Elle lui rappela la dissertation que nous avions à rendre pour mercredi. D'après son expression légèrement suffisante, la sienne était déjà terminée. Lui avait complètement oublié, ce qui diminua considérablement son temps libre.

Flûte – stupide disserte.

Il en vint finalement à l'essentiel – mes dents étaient si serrées qu'elles auraient pu pulvériser du granit – et même à ce moment, il ne put se résoudre à poser sa question de but en blanc.

- Je comptais t'inviter à sortir.

- Oh.

Il y eut un bref silence.

"Oh" ? Qu'est-ce que ça signifie ? Elle va dire oui ? Attends – je ne lui ai pas encore vraiment demandé.

Il déglutit bruyamment.

- Tu sais, on pourrait aller dîner quelque part… je bosserai après.

Idiot. Ce n'était pas une question non plus.

- Mike…

La furie et l'agonie de ma jalousie étaient aussi intenses que la semaine précédente. Je brisai un autre arbre en tentant de m'y retenir. Je voulais tellement courir vers le lycée, trop rapide pour les yeux humains, et me saisir d'elle – l'éloigner le plus possible du garçon qu'en ce moment je haïssais tant que j'aurais pu le tuer et y prendre plaisir.

Lui dirait-elle oui ?

- Je ne crois pas que ce serait une très bonne idée.

Je me remis à respirer. Mon corps rigide se relaxa.

Seattle n'était qu'une excuse, après tout. Je n'aurais pas lui demander. A quoi est-ce que je pensais ? Je parie que c'est encore ce monstre, Cullen…

- Pourquoi ? demanda-t-il, maussade.

-Parce que… (Elle hésita) et si jamais tu répètes ce que je vais dire je te jure que je t'étranglerai avec joie –

J'éclatai de rire au son la menace de mort sortant de ses lèvres. Un geai poussa un cri perçant, effrayé, et s'envola loin de moi.

- À mon avis, ce serait blessant envers Jessica.

Jessica ? Quoi ? Mais… Oh. D'accord. Je pense…Donc. Hein ?

Ses pensées n'étaient plus cohérentes du tout.

- Franchement, Mike, tu es aveugle ou quoi ?

Je partageais ce sentiment. Elle ne pouvait pas s'attendre à ce que tout le monde soit aussi perspicace qu'elle, mais ce fait relevait de l'évidence. Pendant qu'il s'obligeait à prendre sur lui pour s'adresser à Bella, n'avait-il pas remarqué que c'était aussi dur pour Jessica ? C'était son égoïsme qui le rendait aveugle aux autres. Et Bella était si peu égoïste qu'elle voyait tout.

Jessica. Euh. Wow. Euh…

- Oh ! réussit-il à répondre.

Bella utilisa sa confusion pour s'esquiver.

- Il est l'heure d'aller en cours, et je ne peux pas me permettre d'arriver en retard une nouvelle fois.

Mike devint dès lors un point de vue peu fiable. Il se rendit compte, tandis qu'il tournait et retournait l'idée de Jessica dans sa tête, qu'il appréciait la pensée de la savoir attirée par lui. Ce n'était qu'un second choix, pas aussi satisfaisant que si c'était Bella qui avait pensé cela.

Elle est pas mal, quand même. Un corps décent. Un oiseau dans la main…

Il n'était plus concentré, embarqué par ses nouveaux fantasmes, tout aussi vulgaires que ceux qu'il avait eus à propos de Bella, mais à présent ils m'irritaient au lieu de me rendre furieux. Il méritait si peu chacune de ces deux filles ; elles étaient presque interchangeables à ses yeux. Je restai loin de sa tête après cela.

Quand elle était hors de ma vue, je me blottissais contre le tronc froid d'un gros arbre, et naviguais d'esprit en esprit, la gardant à l'œil, toujours content quand Angela Weber était disponible. Je souhaitais trouver un moyen pour la remercier d'être simplement une personne gentille. Je me sentais mieux à l'idée que Bella ait une amie qui la méritât.

J'admirais le visage de Bella sous tous les angles, et remarquai qu'elle était à nouveau triste. Cela me surprit – je pensais que le soleil suffirait à la garder souriante. Le midi, je la vis jeter plusieurs fois des regards furtifs à la table vide des Cullen, et cela me fit frissonner. Me donna de l'espoir. Peut-être lui manquais-je aussi.

Elle avait des projets de sortie avec les autres filles après les cours – je prévus aussitôt de la surveiller – mais ils furent repoussés quand Mike invita Jessica à sortir, au même endroit que celui où il avait prévu d'emmener Bella.

À la place, je retournai directement chez elle, faisant un crochet par les bois afin de m'assurer que personne de dangereux n'y rôdait. Je savais que Jasper avait prévenu son ancien frère d'éviter la ville – utilisant mon état mental à la fois comme explication et comme avertissement – mais je préférais ne courir aucun risque. Peter et Charlotte n'avaient aucune intention de s'attirer l'animosité de ma famille, mais les intentions changeaient rapidement…

Bon, j'exagérais. Je le savais.

Comme si elle savait que je la regardais, comme si elle avait eu pitié de l'agonie que je ressentais quand je ne pouvais pas la voir, Bella sortit sur la pelouse derrière sa maison, après plusieurs heures passées à l'intérieur. Elle avait un livre à la main et un plaid sous le bras.

Silencieusement, je grimpai jusqu'aux plus hautes branches de l'arbre le plus proche du petit jardin.

Elle étala la couverture sur l'herbe humide puis s'allongea sur le ventre et commença à feuilleter le livre, comme si elle cherchait un passage précis. Je lus par-dessus son épaule.

Ah, des classiques. Elle était une fan d'Austen.

Elle lisait vite, croisant et décroisant ses chevilles en l'air. Je regardais les rayons du soleil et le vent jouer dans ses cheveux quand son corps se raidit soudain, et sa main s'immobilisa au-dessus de la page. Tout ce que je vis était qu'elle avait atteint le chapitre trois quand elle tourna brutalement plusieurs pages d'un coup.

Je pus lire la page de titre : Mansfield Park. Elle commençait une nouvelle histoire – le livre était une anthologie. Je me demandai pourquoi elle avait si abruptement changé de roman.

Quelques instants plus tard, elle referma violemment le livre. D'un air férocement renfrogné, elle repoussa le livre et se retourna, s'allongeant sur le dos. Elle prit une profonde inspiration, comme pour se calmer, remonta ses manches et ferma les yeux. Je me déroulai mentalement l'histoire, mais n'y trouvai rien d'offensant au point de la contrarier ainsi. Un autre mystère. Je soupirai.

Elle restait immobile, ne bougeant qu'une seule fois la main pour étaler ses cheveux sur la couverture, loin de son visage. Ils se déployèrent autour de sa tête, en une rivière châtain. Elle ne bougea plus.

Sa respiration ralentit. Après quelques minutes, ses lèvres commencèrent à trembler. Elle marmonna dans son sommeil.

Impossible de résister. J'écoutai aussi loin que possible, captant les voix dans les maisons voisines.

Deux cuillères à soupe de farine… une tasse de lait…

Allez ! Lance-le à travers le cerceau ! Allez, vas-y !

Rouge ou bleu… ou peut-être que je devrais mettre quelque chose de plus décontracté…

Il n'y avait personne à proximité. Je sautai par terre, me recevant silencieusement sur la pointe des pieds.

C'était mal, et très risqué. J'avais jadis jugé Emmett avec condescendance pour ses actes irréfléchis et Jasper pour son manque de discipline. Pourtant, à présent, j'enfreignais consciencieusement toutes les règles avec un abandon sauvage qui rendait, en comparaison, leurs écarts de conduite totalement insignifiants.

Je soupirai, mais avançai malgré tout dans la lumière du soleil.

J'évitai de me regarder, éclairé par ses rayons éblouissants. Il était assez douloureux d'avoir une peau de pierre, inhumaine, dans l'ombre ; je ne voulais pas voir Bella et moi côte à côte dans la lumière. La différence entre nous était déjà insurmontable, inutile d'y ajouter cette vision.

Mais je ne pus ignorer les arcs-en-ciel qui se reflétèrent sur sa peau quand je me rapprochai. Mes mâchoires se serrèrent à cette vue. Pouvais-je être plus monstrueux ? J'imaginai sa terreur si elle ouvrait les yeux à ce moment…

Je commençai à reculer, mais elle recommença à marmonner, ce qui me retint.

- Mmm… Mmm.

Rien d'intelligible. Eh bien, j'attendrais un peu.

Je lui pris le livre, tendant précautionneusement le bras et retenant mon souffle tant que j'étais près d'elle. Au cas où. Je recommençai à respirer une fois éloigné de quelques mètres, goûtant comment les rayons lumineux et le plein air affectaient son odeur. La chaleur semblait l'adoucir encore. Ma gorge s'enflamma de désir, d'un feu plus fort, ravivé par ma longue absence. J'avais été trop longtemps loin d'elle.

Je passai un moment à la juguler, puis – en me forçant à respirer par le nez – j'ouvris le livre. Elle avait commencé avec le premier roman… Je feuilletai rapidement les pages jusqu'à arriver au chapitre trois de Raison et Sentiments, à la recherche de quelque chose de potentiellement offensant dans la prose polie de Jane Austen.

Quand mes yeux s'arrêtèrent automatiquement sur mon nom – le personnage d'Edward Ferrars était présenté pour la première fois – Bella se remit à parler.

- Mmm. Edward.

Cette fois-ci, je ne craignis pas qu'elle se soit réveillée. Sa voix n'était qu'un murmure bas et mélancolique. Pas le hurlement de peur qu'elle aurait eu si elle m'avait aperçu.

Ma joie se heurtait à un profond mépris de moi-même. Au moins, elle rêvait toujours de moi.

- Edmund. Ahh. Trop… proche…

Edmund ?

Ah ! Elle ne rêvait pas du tout de moi, réalisai-je sombrement. Le mépris pour moi-même revint en force. Elle rêvait de personnages de fiction. Autant pour ma vanité.

Je replaçai le livre près d'elle, et retournai sous le couvert des arbres, dans les ténèbres auxquelles j'appartenais.

L'après-midi passa et je la contemplais, à nouveau impuissant, tandis que le soleil se couchait lentement et que les ombres s'étiraient, glissant vers elle sur la pelouse. Je voulais les repousser, mais l'obscurité était inévitable ; les ombres l'atteignirent. Une fois la lumière partie, sa peau devint trop pâle, fantomatique. Ses cheveux étaient à nouveau sombres, presque noirs contre son visage.

C'était effrayant à regarder – comme si je voyais la vision d'Alice se réaliser sous mes yeux. Son rythme cardiaque fort et régulier était la seule chose rassurante, le son qui empêchait cet instant d'avoir trop l'air d'un cauchemar.

Je fus soulagé quand son père rentra.

J'entendis assez peu de lui tandis qu'il remontait la petite rue vers la maison. Une vague contrariété… dans le passé, quelque chose qui avait se dérouler au travail. Une attente associée à la faim – je devinai qu'il avait hâte de passer à table. Mais ses pensées étaient si étouffées et contenues que je ne pouvais pas en être sûr ; je n'en comprenais que l'essentiel.

Je me demandai à quoi les pensées de sa mère ressemblaient – quelle combinaison génétique avait pu produire cette fille unique.

Bella commençait à se réveiller, et s'assit brusquement quand les pneus de la voiture de son père crissèrent sur l'allée de briques. Elle regarda autour d'elle, semblant désorientée par les ténèbres inattendues. Pendant un bref moment, elle effleura du regard les ombres dans lesquelles je me cachais, mais elle détourna rapidement les yeux.

- Charlie ? demanda-t-elle d'une voix basse, scrutant toujours les arbres qui entouraient le jardin.

La portière se referma en claquant, et elle regarda dans la direction du son. Elle se leva rapidement et ressembla ses affaires, jetant un autre coup d'œil en arrière vers les bois.

Je changeai de place, m'abritant derrière un arbre proche de la fenêtre de derrière la petite cuisine, et écoutai leur soirée. Il était intéressant de comparer les paroles de Charlie à ses pensées assourdies. Son amour et sa préoccupation pour sa fille étaient presque écrasants, et pourtant ses paroles étaient toujours concises et ordinaires. La plupart du temps, ils restaient dans un silence de bonne compagnie.

Je l'entendis discuter de ses projets pour la soirée suivante à Port Angeles, et j'affinai mes propres plans en l'écoutant. Jasper n'avait pas dit à Peter et Charlotte de rester à l'écart de Port Angeles. Même si je savais qu'ils s'étaient nourris récemment et qu'ils n'avaient pas l'intention de chasser dans notre voisinage, je la surveillerais, des fois que… Après tout, il y en avait toujours d'autres de ma race au-dehors. Sans compter tous ces dangers humains auxquels je n'avais jamais pensé auparavant.

Je l'entendis s'inquiéter à voix haute à l'idée de laisser son père dîner tout seul, et souris à cette preuve de ma théorie – oui, elle était vraiment quelqu'un d'attentionné, aux petits soins pour ceux qu'elle aimait.

Je partis juste après, sachant que je serais bientôt de retour, quand elle dormirait.

Je n'attenterais pas à sa vie privée à la manière d'un voyeur. J'étais là pour sa protection, pas pour la lorgner comme Mike Newton le ferait sans aucun doute s'il était assez agile pour grimper à la cime des arbres, comme moi. Je ne la traiterais pas si grossièrement.

Ma maison était vide quand j'y retournai, ce qui n'était pas plus mal pour moi. Je captais toujours leurs pensées désobligeantes et perplexes concernant ma santé mentale. Emmett avait laissé une note sur la boîte aux lettres.

Football au champ Rainier. Allez ! S'te plaît ?

Je trouvai un stylo et griffonnai le mot désolé sous son plaidoyer. Les équipes étaient égales sans moi, de toute façon.

Je fis la chasse la plus courte possible, me contentant de petits herbivores pas aussi savoureux que les prédateurs, puis me changeai avant de retourner à Forks.

Bella ne dormait pas aussi bien cette nuit. Elle se débattait dans ses couvertures, le visage parfois inquiet, parfois triste. Je me demandai quel cauchemar la hantait… puis réalisai que je ne voulais peut-être pas savoir.

Quand elle parla, elle chuchota principalement des choses désobligeantes sur Forks d'une voix sombre. Une seule fois, quand elle soupira "Reviens" en ouvrant les mains – une supplication muette – pus-je espérer qu'elle rêvait de moi.

Le lendemain au lycée, le dernier jour pendant lequel le soleil me retiendrait prisonnier, ressembla beaucoup à la veille. Bella avait l'air encore plus morose qu'avant, et je me demandais si elle allait annuler ses projets – elle ne semblait pas d'humeur. Mais, étant Bella, elle jugerait probablement le plaisir de ses amies plus important que le sien.

Elle portait un corsage bleu marine, et cette couleur seyait parfaitement à son teint, faisant ressembler sa peau à de la crème fraîche.

La journée de cours se termina, et Jessica accepta de passer prendre les autres filles. Angela les accompagnait, ce de quoi je lui étais reconnaissant.

Je rentrai à la maison pour prendre ma voiture. Quand je vis que Peter et Charlotte étaient là, je décidai que je pouvais me permettre d'accorder aux filles une bonne heure d'avance. Je n'aurais jamais été capable de supporter de conduire derrière, en respectant la limite de vitesse – horrible pensée.

Je rentrai par la cuisine, accordant un vague signe de tête aux saluts d'Emmett et Esmée tandis que je passais entre tout le monde dans le salon, et me dirigeai droit vers le piano.

Ugh, il est rentré. Rosalie, évidemment.

Ah, Edward. Je déteste le voir souffrir ainsi. La joie d'Esmée était gâchée par le souci qu'elle se faisait. Elle avait bien raison de s'en faire, d'ailleurs. L'histoire d'amour qu'elle avait imaginée tournait à la tragédie, plus visible à chaque instant.

Amuse-toi bien à Port Angeles ce soir, pensa gaiement Alice. Dis-moi quand je pourrai parler à Bella.

Tu es pathétique. J'arrive pas à croire que tu aies manqué la partie hier soir juste pour regarder quelqu'un dormir, maugréa Emmett.

Jasper ne m'accorda aucun intérêt, même si l'air que je m'étais mis à jouer devenait un peu plus orageux que je n'en avais eu l'intention. C'était une vieille chanson, avec un thème familier : l'impatience. Jasper saluait ses amis, qui me regardèrent avec curiosité.

Quelle créature étrange, pensait Charlotte aux cheveux blonds presque blancs, aussi grande qu'Alice. Il était si normal la dernière fois que je l'ai vu.

Les pensées de Peter étaient en phase avec les sienne, comme d'habitude.

Ce doit être les animaux. Le manque de sang humain doit les rendre fous, concluait-il. Ses cheveux étaient aussi clairs que les siens, presque aussi longs. Ils étaient très similaires – sauf en ce qui concernait la taille, Peter était aussi grand que Jasper – tant dans leurs pensées que dans leur apparence. Un couple bien assorti, avais-je toujours pensé.

Tout le monde sauf Esmée arrêta de penser à moi après un moment, et je jouai dans des tons plus feutrés qui ne les dérangeraient pas trop.

Je ne leur prêtai pas attention pendant un long moment, me contentant de laisser la musique me distraire de mon malaise. Il était difficile de sortir cette fille de ma tête. Je ne tournai la tête vers eux que quand les adieux semblèrent toucher à leur fin.

- Si vous revoyez Maria, leur dit Jasper avec méfiance, dites-lui que j'espère qu'elle se porte bien.

Maria était le vampire qui avait créé Peter et Jasper – Jasper dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle, Peter plus récemment, dans les années quarante. Elle était passée voir Jasper une fois, quand nous étions à Calgary. Cela avait été une visite riche en évènements – nous avions dû partir immédiatement. Jasper lui avait poliment demandé de garder ses distances à l'avenir.

- Je ne pense pas que ça arrivera bientôt, dit Peter en riant.

Maria était indéniablement dangereuse et il n'y avait plus beaucoup d'affection entre elle et Peter. Il n'avait après tout été qu'un instrument de la défection de Jasper. Jasper avait toujours été le préféré de Maria ; elle considérait comme un détail mineur le fait qu'elle avait un jour projeté de le tuer.

- Mais si ça arrive, je le ferai, lui assura-t-il.

Ils se serrèrent la main, se préparant à partir. Je laissai la chanson que je jouais se dissiper en une fin insatisfaisante, et me levai rapidement.

- Charlotte, Peter, leur dis-je avec un signe de tête.

- J'ai été heureuse de te revoir, répondit Charlotte d'un ton incertain.

Peter se contenta de me retourner mon signe de tête.

Aliéné, me jeta Emmett.

Idiot, pensa Rosalie en même temps.

Le pauvre. Esmée.

Et Alice, d'un ton réprobateur. Ils vont droit à l'est, vers Seattle. Absolument pas près de Port Angeles. Elle me montra la preuve dans ses visions.

Je fis semblant de ne pas l'avoir entendue. Mes excuses étaient déjà assez piètres comme cela.

Une fois dans ma voiture, je me sentis plus détendu ; le ronronnement puissant du moteur que Rosalie avait amélioré – l'année précédente, quand elle était de meilleure humeur – était apaisant. C'était un soulagement de bouger, de savoir que je me rapprochais de Bella à chaque kilomètre qui s'envolait sous mes roues.

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Extrait ajouté par Marie-Oceane 2013-09-01T18:43:03+02:00

Comment pouvait-elle penser une chose pareille? Lui avoir sauvé la vie était la seule chose acceptable que j'aie faite depuis que je l'avais rencontrée. La seule chose dont je n'avais pas honte. La seule et unique chose pour laquelle j'étais content d'exister. Je me battais pour qu'elle vive depuis le premier moment où j'avais senti son odeur. Comment pouvait-elle penser une telle chose de moi? Comment pouvait-elle remettre en question mon unique bonne action dans tout ce gâchis?

- "Tu penses que je regrette de t'avoir sauvé la vie?"

- "Je le sais," rétorqua-t-elle.

Son estimation de mes intentions me faisait bouillir de rage.

- "Tu ne sais rien du tout."

Comme les mécanismes de son esprit étaient tordus! Elle ne devait pas penser du tout comme le reste des humains. Cela devait expliquer son silence mental. Elle était complètement différente.

Elle détourna brusquement sa tête, serrant à nouveau les dents. Ses joues étaient rouges, de colère cette fois. Elle jeta ses livres en tas, les prit d'un mouvement sec dans ses bras, et sortit d'un pas décidé sans rencontrer mon regard.

Même irrité comme je l'étais, il était impossible de ne pas trouver sa colère un peu amusante.

Elle marchait avec raideur, sans regarder où elle allait, et son pied se prit dans l'encadrement de la porte. Elle trébucha, et toutes ses affaires s'éparpillèrent sur le sol. Au lieu de se pencher pour les ramasser, elle resta debout, droite et rigide, sans même regarder par terre, comme si elle n'était pas sûre que les livres vaillent la peine d'être ramassés.

Je réussis à ne pas rire.

Il n'y avait personne pour me voir; je fus à ses côtés en un instant, et eu rassemblé ses livres avant qu'elle ne regarde par terre.

Elle se pencha à moitié, me vit, et se figea. Je lui tendis ses livres, en prenant garde à ce que ma peau glacée ne touche jamais la sienne.

- "Merci," dit-elle d'une voix glaciale et sévère.

Son ton ramena mon irritation.

- "Je t'en prie," lui répondis-je tout aussi froidement.

Elle se releva et s'éloigna d'un pas lourd vers son cours suivant.

Je la suivis du regard jusqu'à ne plus pouvoir voir son visage empreint de colère.

Le cours d'espagnol passa en un éclair. Mme Goff n'interrogea pas mon air absent – elle savait que mon espagnol était meilleur que le sien, et elle me laissa tranquille – me permettant de songer.

Donc, je ne pouvais pas ignorer la fille. Cela au moins était évident. Mais cela voulait-il dire que je n'avais d'autre choix que de la détruire? Cela ne pouvait pas être le seul futur possible. Il devait y avoir un autre choix. Je cherchai à trouver un moyen...

Je ne prêtai pas vraiment attention à Emmett avant la fin de l'heure. Il était curieux – Emmett n'était pas particulièrement intuitif quand il s'agissait des humeurs des autres, mais il avait perçu le changement évident en moi. Il se demandait ce qui s'était passé pour que jeu retiré le masque permanent de l'humeur fracassante de mon visage. Il essaya d'identifier le changement, et décida finalement que j'avais l'air plein d'espoir.

Plein d'espoir? Était-ce de quoi j'avais l'air vu du dehors?

Je réfléchissais à l'idée d'espoir en marchant avec lui vers la Volvo, me demandant exactement ce à quoi je pouvais espérer.

Mais je ne réfléchis pas longtemps. Sensible comme je l'étais aux pensées autour de la fille, le son du nom de Bella dans les pensées de...de mes rivaux, je suppose que je devais l'admettre, attira mon attention. Éric et Tyler, ayant entendu parler – avec beaucoup de satisfaction – de l'échec de Mike, se préparaient à jouer leurs coups.

Éric était déjà en place, appuyé contre sa camionnette, où elle ne pourrait pas l'éviter. Tyler était sorti en retard de son cours, le professeur rendant un devoir, et il était désespéré de pouvoir encore la rattraper avant qu'elle ne s'échappe.

Je devais absolument voir cela.

- "Attends les autres ici, d'accord?" murmurai-je à Emmett.

Il me scruta, soupçonneux, avant de hausser les épaules et d'acquiescer.

Il a perdu sa raison, pensa-t-il, amusé par mon étrange demande.

Je vis Bella sortir du gymnase, et attendis à un endroit où elle ne me verrait pas la regarder passer. Alors qu'elle s'approchait de l'embuscade d'Éric, j'avançai à grands pas, mesurant exactement mes pas pour passer à côté d'elle au bon moment.

- "Salut, Éric," l'entendis-je appeler d'une voix amicale.

Brusquement, sans que je m'y attende, je me sentis très anxieux. Et si cet adolescent dégingandé à la peau malsaine lui plaisait d'une façon ou d'une autre?

Éric avala bruyamment sa salive, sa pomme d'Adam dansant de haut en bas.

- "Salut, Bella."

Elle ne semblait pas consciente de sa nervosité.

- "Quoi de neuf?" demanda-t-elle, ouvrant la porte de sa camionnette sans voir son expression terrifiée.

- "Euh, je me demandais juste...si tu voulais venir au bal de printemps avec moi?" Sa voix se cassa.

Elle le regarda enfin. Était-elle prise au dépourvu, ou contente? Éric n'osait pas rencontrer son regard, je ne pouvais donc pas voir son visage dans ses pensées.

- "Je croyais que c'étaient les filles qui invitaient les garçons," dit-elle, ayant l'air de se démonter.

- "Eh bien, oui," acquiesça-t-il, l'air misérable.

Ce garçon me faisait pitié plus qu’il ne m'irritait comme le faisait Mike Newton, mais je ne réussis pas à éprouver de la sympathie pour son angoisse avant que Bella ne lui eu répondu d'une voix douce.

- "Merci de m'inviter, mais je serai à Seattle ce jour-là."

Il avait déjà entendu cela; c'était quand même une déception.

- "Oh," bredouilla-t-il, osant à peine lever ses yeux au niveau de son nez. "Peut-être la prochaine fois."

- "Bien sûr," acquiesça-t-elle. Elle se mordit ensuite la lèvre, comme si elle regrettait de lui laisser de l'espoir. J'aimai cela.

Éric s'effondra sur lui-même et s'éloigna à grands pas, dans la mauvaise direction pour rejoindre sa voiture, sa seule pensée étant de s'échapper.

Je passai à côté d'elle à ce moment-là, et entendis son soupir de soulagement. Je ris.

Elle se retourna à ce son, mais je regardai droit devant moi, essayant d'empêcher mes lèvres de trahir mon amusement.

Tyler était derrière moi, courant presque dans sa hâte de la rattraper avant qu'elle puisse s'en aller. Il était plus hardi et confiant que les deux premiers; il n'avait attendu pour s'approcher de Bella que par respect pour Mike qui clamait son antériorité.

Je voulais qu'il réussisse à la rattraper pour deux raisons. Si – comme je commençais à le suspecter – toute cette attention contrariait Bella, je voulais savourer sa réaction. Mais, si ce n'était pas cela – si l'invitation de Tyler était celle qu'elle attendait – alors je voulais le savoir aussi.

Je mesurai Tyler Crowley comme un rival, tout en sachant que c'était mal de le faire. Il avait l'air banal et ennuyeux pour moi, mais que savais-je des préférences de Bella? Peut-être aimait-elle les garçons banals...

Je frémis à cette pensée. Je ne serais jamais un garçon banal. Comme c'était bête de ma part de vouloir me poser comme rival pour son affection. Comment pourrait-elle jamais se soucier de quelqu'un qui était, sur tous les plans, un monstre?

Elle était trop bonne pour un monstre.

J'aurai dû la laisser s'échapper, mais ma curiosité inexcusable me garda de faire la bonne chose. Encore une fois. Mais, et si Tyler manquait sa chance maintenant, seulement pour la contacter plus tard, quand je n'aurai aucune chance de savoir ce qui en résulterait? Je déboîtai avec ma Volvo dans le passage étroit, bloquant sa sortie.

Emmett et les autres étaient en route, mais il leur avait décrit mon étrange attitude, et ils marchaient lentement, essayant de déchiffrer ce que je faisais.

Je regardai la fille dans mon rétroviseur. Elle fixait d'un regard noir l'arrière de ma voiture sans rencontrer mon regard, ayant l'air de souhaiter conduire un tank plutôt qu'une vieille Chevy toute rouillée.

Tyler se précipita vers sa voiture et prit sa place dans la file derrière elle, reconnaissant pour mon attitude inexplicable. Il lui fit un signe, essayant d'attirer son attention, mais elle ne le remarqua pas. Il attendit un moment, puis laissa sa voiture, allant flâner près de la vitre passager de la voiture de Bella. Il tapa contre la vitre.

Elle sursauta, puis le fixa, confuse. Après une seconde, elle baissa la vitre à la main, apparemment avec difficulté.

- "Je suis désolée, Tyler," dit-elle, irritée. "Je suis coincée derrière Cullen."

Elle prononça mon nom de famille d'une voix dure – elle était toujours en colère contre moi.

- "Oh, je sais," dit Tyler, pas du tout dissuadé par l'évidente mauvaise humeur de Bella. "Je voulais juste te demander quelque chose pendant qu'on est coincés ici."

Son sourire était culotté.

Je fus satisfait de la façon dont elle blêmit en comprenant ce qu'il allait faire.

- "Voudrais-tu me demander d'aller au bal de printemps avec toi?" demanda-t-il, aucune pensée de défaite dans sa tête.

- "Je ne serais pas en ville, Tyler," lui dit-elle, sa voix toujours pleinement irritée.

- "Oui, Mike m'a dit ça."

- "Dans ce cas pourquoi…" commença-t-elle.

Il haussa les épaules.

- "J'espérais que c'était juste une excuse facile."

Ses yeux brillèrent un moment, puis se refroidirent.

- "Désolée, Tyler," dit-elle, n'ayant pas du tout l'air désolé. "Je ne serai réellement pas là."

Il accepta cette excuse, son assurance intacte.

- "C'est pas grave. On a toujours le bal de promo."

Il se pavana jusqu'à sa voiture.

J'avais eu raison d'attendre pour voir ça.

L'expression horrifiée sur son visage n'avait pas de prix. Elle me disait ce que je ne devais pas désespérément avoir besoin de savoir – qu'elle ne ressentait rien pour ces mâles humains qui espéraient lui faire la cour.

Et puis, son expression était probablement la chose la plus drôle que j'ai jamais vue.

Ma famille arriva à ce moment-là, confus par le fait que j'étais, pour changer, en train de me tordre de rire plutôt que d'assassiner du regard tout ce qui bougeait.

Qu'est-ce qu'il y a de si drôle? Voulu savoir Emmett.

Je secouai juste la tête tout en étant pris d'une nouvelle vague de rire quand Bella fit monter le régime de sa bruyante camionnette avec colère. Elle avait l'air de penser à nouveau à son tank.

- "Allons-y!" siffla impatiemment Rosalie. "Arrête de faire l'idiot. Si tu peux."

Ses paroles ne m'agacèrent pas – je m'amusais trop. Mais je fis ce qu'elle demandait.

Personne ne me parla sur la route du retour. Je continuai à rire tout bas de temps en temps, en repensant à la tête de Bella.

Au moment de tourner dans le chemin qui menait à la maison – accélérant maintenant qu'il n'y avait plus aucun témoin – Alice ruina ma bonne humeur.

- "Bon, je peux parler à Bella maintenant?" demanda-t-elle soudainement, sans considérer ses paroles avant de les prononcer, ne me donnant ainsi aucun avertissement.

- "Non," répliquai-je sèchement.

- "Pas juste! Qu'est-ce que j'attends?"

- "Je n'ai rien décidé, Alice."

- "Mais bien sûr que si, Edward."

Dans sa tête, les deux destins de Bella étaient de nouveau clairs.

- "À quoi bon apprendre à la connaître?" murmurai-je, soudainement morose. "Si je vais la tuer de toute façon?"

Alice hésita une seconde.

- "Tu n'as pas tort," admit-elle.

Je pris le dernier virage en épingle à cheveux à cent cinquante kilomètre-heure, puis freinai pour m'arrêter à deux centimètres du mur noir du garage.

- "Savoure ta course," dit fièrement Rosalie alors que je m'extrayais de la voiture.

Mais je n'allais pas courir cette nuit. J'allais chasser.

Les autres s'étaient préparés à aller chasser demain, mais je ne pouvais pas me permettre d'être assoiffé maintenant. J'en fis trop, buvant plus que de raison, m'empiffrant à nouveau – un petit troupeau de cerf et un ours que je fus chanceux de trouver aussi tôt dans l'année. J'étais si plein que c'en était inconfortable. Pourquoi n'était-ce pas assez ? Pourquoi son odeur devait être plus forte que tout le reste ?

Je devais chasser pour me préparer au jour suivant, mais, alors que j'étais trop plein pour chasser à nouveau et que le soleil menaçait à chaque heure de percer, je sus que le jour suivant était trop loin.

Mes nerfs s'affolèrent lorsque je me rendis compte que j'étais partit rejoindre la fille.

Je me disputai avec moi-même tout le long du trajet de retour à Forks, mais ce fut mes moins bons côtés qui l'emportèrent, et je suivis mon plan indéfendable. Le monstre était là, mais bien nourrit. Je savais que je resterais à une distance raisonnable d'elle. Je voulais juste savoir où elle était. Je voulais juste voir son visage.

Il était minuit passé, et la maison de Bella était sombre et calme. Sa camionnette était garée à côté de la voiture de fonction de son père sur la place de parking. Il n'y avait pas de pensée éveillée dans les environs. Je regardais la maison pendant un moment depuis la pénombre de la forêt qui longeait la façade est. L'entrée principale devrait probablement être fermée – cela ne poserait aucun problème, excepté qu'il valait mieux que je ne laisse pas de trace de mon passage. Je décidai d'essayer la fenêtre en premier. Presque personne ne se donnait la peine d'y installer des sécurités.

Je traversai la route déserte et escaladai la façade en une demi-seconde. Pendu d'une main à l'avant-toit de la fenêtre, je regardais à travers la vitre, et là mon souffle se coupa.

C'était sa chambre. Je pouvais la voir dans le petit lit une place, ses couvertures sur le sol et ses draps ondulants autours de ses jambes. Alors que je regardais, elle s'agita et mit un bras sur sa tête. Elle ne ronflait pas, en tout cas pas cette nuit. Avait-elle sentit le danger près d'elle ?

La voyant se retourner à nouveau, je me dégoûtais. En cet instant, je ne valais pas mieux qu'un pervers voyeur. Je n'étais rien d'autre. J'étais pire, bien pire.

Je détendis mes phalanges, sur le point de me laisser tomber, mais avant cela je m'autorisai un long regard sur son visage.

Il n'était pas calme. Le petit creux était à nouveau entre ses sourcils et les coins de ses lèvres étaient tournés vers le bas. Ses lèvres tremblèrent, puis se séparèrent.

- "OK, Maman," murmura-t-elle.

Bella parlait dans son sommeil.

Ma curiosité bondit, dépassant de loin ma répugnance pour ce que j'étais en train de faire. Cette petite lucarne vers des pensées inconscientes et sans défenses étaient incroyablement tentante.

Je testai la fenêtre, elle n'était pas verrouillée, mais elle grinçait, sûrement qu'elle n'avait pas été ouverte depuis longtemps. Je la fis glisser lentement, terrorisé à chaque petit grincement de la charpente de métal. La prochaine fois, j'amènerai de l'huile...

La prochaine fois ? Je secouais ma tête, dégoûté à nouveau.

Je me glissai lentement à l'intérieur.

Sa chambre était petite – désorganisée mais propre. Il y avait des livres empilés sur le sol à côté de son lit, leur reliure me tournant le dos, et des CD s'étalaient près de son modeste lecteur – le disque du dessus n'était qu'un boité vide. Des piles de papiers entouraient un ordinateur qui mériterait d'avoir sa place dans un musée réservé aux technologies obsolètes. Des chaussures parsemaient le parquet.

Je désirais ardemment aller lire les titres de ses livres et de ses disques, mais je m'étais promis de rester à bonnes distances, alors à la place, j'allai m'installer dans un rocking-chair-chair dans un coin de la pièce.

L'avais-je vraiment un jour trouvé banale ? Je pensais à ce premier jour, et à mon dégoût pour tous ces garçons immédiatement intrigués par elle. Mais à présent que je me souvenais de la manière dont son visage avait été représenté dans leur esprit, je ne pouvais comprendre pourquoi je ne l'avais pas immédiatement trouvé belle. Ça semblait si évident.

À présent que je la regardais – avec ses cheveux sombres ondulants sauvagement autour de son visage pâle, vêtue de son t-shirt élimé et plein de trous et de son vieux pantalon de jogging, ses membres détendus, ses lèvres pleines légèrement entrouvertes – elle me coupait le souffle. Du moins l'aurait-elle fais, pensai-je avec humour, si je respirais.

Elle ne parla plus. Peut-être que son rêve était terminé.

J'admirais son visage tout en essayant de penser à un moyen de rendre l'avenir supportable.

La blesser n'était pas supportable. Cela voulait-il dire que mon seul choix était d'essayer de partir à nouveau ?

Les autres ne m'en blâmeraient pas à présent. Mon absence ne mettrait personne en danger. Personne n'aurait de soupçons, personne ne ferait le lien avec l'accident.

J''hésitai comme j'avais hésité cet après midi, et rien ne semblait possible.

Je ne pouvais pas espérer rivaliser avec les jeunes humains, que ces humains là l'attirent où pas. J'étais un monstre. Comment pourrait-elle me voir autrement ? Si jamais elle venait à savoir la vérité à mon sujet, cela l'effraierait et l'écœurerait. Comme les victimes présumées dans les films d'horreur, elle s'enfuirait en hurlant.

Je me souvins de ce premier jour en biologie...oui, elle s'enfuirait ; et elle aurait bien raison.

Il était complètement débile d'imaginer que si je l'avais invité à ce bal ridicule, elle aurait annulé ses plans et accepté ma proposition.

Je n'étais pas celui à qui elle allait dire oui. C'était quelqu'un d'autre, quelqu'un d'humain et de chaud. Et je ne pourrais même pas me permettre – ce jour là, lorsqu'elle aura dit oui – de le traquer et de le tuer, parce qu'elle le mériterait, qui ce que soit. Elle méritait le bonheur et l'amour plus que quiconque.

Je lui devais d'agir pour le mieux à présent. À présent que je ne pouvais plus prétendre être sur le point de l'aimer.

Après tout, cela importait peu, si je partais, parce que Bella ne pourrais jamais me voir comme je désirerais qu'elle me vît. Elle ne me verrait jamais comme quelqu'un dont elle pourrait tomber amoureuse.

Jamais.

Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait encore se briser ? Le mien en semblait capable.

- "Edward," dit Bella.

Je me figeai, regardant ses yeux clos.

M'avait-elle vu, était-elle éveillée ? Elle semblait endormie, mais sa voix avait été si claire...

Elle soupira calmement, et bougeant à nouveau, se roulant sur le côté.

- "Edward..." Répéta-t-elle doucement.

Elle rêvait de moi.

Est-ce qu'un cœur mort et gelé pouvait battre à nouveau. Le mien en semblait capable.

- "Reste." Soupira-t-elle. "Ne pars pas. Je t'en prie...ne pars pas."

Elle rêvait de moi, et ce n'était même pas un cauchemar. Elle voulait que je reste avec elle, là dans son rêve.

Je débattis pour trouver des mots pour nommer les sensations qui se déversèrent en moi, mais aucun mot n'était assez fort pour les contenir. Pendant un long moment, je m'y noyai.

Quand je refis surface, je n'étais pas le même homme qu'avant.

Ma vie était un minuit éternel et immuable. Pour moi, c'était inévitable, il sera toujours minuit. Alors comment était-il possible que le soleil se lève, là maintenant, au milieu de ce minuit ?

A l'instant où je suis devenu vampire, échangeant mon âme et ma mortalité pour l'immortalité la douleur brûlante de la transformation, j'avais été littéralement gelé. Mon corps s'était transformé en quelque chose qui s'apparentait plus à de la pierre qu'à de la chair, dure et immobile. Ma conscience, aussi, s'était gelée, ma personnalité, mes goûts et mes dégoûts, mes désirs et mes répugnances ; tout c'était figé.

C'était la même chose pour chacun de nous. Nous étions tous figés. Des pierres vivantes.

Quand un changement survint en nous, c'est une chose rare et permanente. Je l'ai vu chez Carlisle, puis plus tard chez Rosalie. L'amour les changea d'une façon permanente, éternelle. Plus de quatre-vingts ans s'étaient écoulés depuis que Carlisle avait trouvé Esmé, et il continuait à la regarder avec les yeux incrédules du premier amour. Il en sera ainsi pour l'éternité.

De même que pour moi. J'allais aimer cette humaine, si fragile et délicate, pour le restant de mon existence sans limite.

J'admirais son visage, sentant cet amour pour elle s'encrer dans chaque portion de mon corps de pierre.

Elle dormait calmement à présent, un petit sourire aux lèvres.

Tout en la regardant, je commençai à comploter.

Je l'aimais, alors j'allais essayer d'être assez fort pour la quitter. Je savais que je n'étais pas assez fort pour le moment. J'allais travailler ce point. Mais peut-être étais-je assez fort pour faire changer le futur de cap.

Alice avait vu deux avenirs pour Bella, et à présent je comprenais les deux.

L'aimer ne m'empêcherais pas de la tuer, si je me laissais faire des erreurs.

Je ne pouvais plus sentir le monstre à présent, je ne le trouvais plus, nulle part en moi. Peut-être que l'amour l'avait réduit au silence. À présent, si je la tuais, ce ne serait pas intentionnel, seulement un effroyable accident.

J'allais devoir être extrêmement prudent. Je ne devrais jamais, jamais baisser ma garde. J'allais devoir contrôler chacune de mes inspirations, chacun de mes mouvements. J'allais devoir respecter une distance de sécurité permanente.

Je n'allais pas faire d'erreur.

Je compris enfin le second futur. J'avais été dérouté par cette vision – que pouvait-il bien se passer pour que Bella se retrouve prisonnière de cette demi-vie immortelle ? Mais à présent – dévasté de désir pour cette fille – je pouvais comprendre comment je pourrais, dans un élan d'impardonnable égoïsme, implorer mon père de me faire cette faveur. L'implorer de lui prendre et sa vie et son âme pour que je puisse la garder près de moi pour toujours.

Elle méritait mieux.

Mais je vis un autre avenir, un fil extrêmement fin et fragile sur lequel je pourrais peut-être marcher, si je savais garder l'équilibre.

Pouvais-je faire cela ? Etre avec elle et la garder humaine ?

Délibérément, je pris une profonde inspiration, puis une autre, laissant son arôme se déchirer comme un feu sauvage. Sa chambre débordait de son parfum, sa fragrance restait accrochée à chaque objet. Ma tête me tournait mais je combattis le vertige. Je devais m'y habituer, si je voulais essayer d'avoir une quelconque relation avec elle. Je pris une autre bouffée d'air brûlant.

Je la regardais dormir jusqu'à ce que le soleil se lève derrière les nuages à l'est, complotant contre moi.

***

Je rentrai à la maison juste après le départ des autres pour le lycée. Je me changeai rapidement, ignorant le regard interrogateur d'Esmé. Elle avait vu comme mon visage rayonnait, et cela l'avait rendue tant soulagée qu'inquiète. Ma longue mélancolie lui avait fait de la peine, et elle était heureuse de voir que ma douleur semblait s'en être allé.

Je couru jusqu'au lycée, arrivant quelques secondes après mes semblables. Ils ne se retournèrent pas, alors qu'Alice savait au minimum que je me tenais dans le bois qui longeait la chaussée. J'attendis que personne ne regarde, puis sortit du bois comme si de rien n'était pour arriver au milieu des nombreuses voitures garées.

J'entendis la camionnette de Bella gronder près du virage, et m'arrêtais derrière une Suburban, d'où je pouvais voir sans être vu.

Elle roula en direction du parking, fixant ma Volvo un long moment avant de se garer à l'une des places les plus éloignées de ma voiture, en fronçant les sourcils.

Il était étrange de se rappeler qu'elle était probablement toujours fâchée contre moi ; avec de bonnes raisons.

J'avais envie de me moquer de moi, ou de me gifler. Tout mon complot ainsi que mes plans étaient entièrement caduc si de son côté elle n'éprouvait rien pour moi, n'est-ce pas ? Son rêve avait sûrement dû porter sur quelque chose que complètement banal. Je n'étais qu'un crétin arrogant.

De toute façon, il valait mieux pour elle qu'elle ne ressente rien pour moi. Cela ne m'empêcherait pas de la harceler, mais ça l'avertirait en tout cas que je la harcelai. Je lui devais bien ça.

J'avançais dans sa direction silencieusement, me demandant quel était le meilleur moyen de l'approcher.

Elle me facilita la tâche. Les clés de sa voiture glissèrent de ses doigts alors qu'elle sortait de sa camionnette, et tombèrent dans une flaque d'eau.

Elle se pencha, mais j'arrivai le premier, les attrapant avant qu'elle n'eus à plonger ses doigts délicats dans l'eau froide.

Je m'adossai à sa camionnette pendant qu'elle se redressait avant de se raidir.

- "Pour quelle raison as-tu fait ça?" Brailla-t-elle.

Oui, elle était toujours fâchée.

- "Fait quoi?" Demandai-je en lui tendant ses clés.

Elle tendit sa main, et je laissai tomber les clés dans sa paume. Je pris une profonde inspiration, engloutissant son odeur.

- "Surgi à l'improviste." Précisa-t-elle

- "Bella, je ne suis quand même pas responsable si tu es particulièrement inattentive."

Mes paroles étaient humoristiques, c'était presque une blague. Y'avait-il quelque chose qu'elle ne remarquait pas?

Avait-elle remarqué, par exemple, comme ma voix avait enveloppé son nom, comme une caresse?

Elle me regarda, n'appréciant pas mon humour. Son rythme cardiaque s'emballa – de colère? De peur? Après un moment, elle regarda le sol.

- "Pourquoi ce bouchon, hier soir ?" Demanda-t-elle, sans me regarder. "Je croyais que tu étais censé te comporter comme si je n'existais pas, pas t'arranger pour m'embêter jusqu'à ce que mort s'ensuive."

Très fâchée. J'allais faire un effort pour arranger les choses avec elle. Je me souvins avoir résolu d'être digne de confiance...

- "Je rendais service à Tyler, histoire de lui donner sa chance."

Puis je ris. Je ne pus m'en empêcher, repensant à la tête qu'elle avait faite.

- "Espèce de..." haleta-t-elle, puis elle s'interrompit, apparemment trop furieuse pour finir.

La voilà : cette expression, exactement la même. Je retins un nouveau rire. Elle était déjà assez hors d'elle comme ça.

- "Et je ne prétends pas que tu n'existes pas." Finis-je.

C'était ainsi que je devais m'y prendre : rester sur le ton de la conversation, la taquiner. Elle ne comprendrait pas si je lui montrais mes véritables sentiments. Ça l'effraierait. Je devais maîtriser mes sentiments, garder les choses au clair.

- "C'est donc bien ma mort que tu souhaites, puisque le fourgon de Tyler n'y a pas suffit !"

Un éclair de colère me traversa. Pouvait-elle réellement penser une chose pareille ? Il était irrationnel de ma part d'être si offensé, elle ne savait rien de la transformation qui s'était opéré en moi durant la nuit. Mais j'étais tout de même en colère.

- "Bella, tu es complètement absurde." Assénai-je.

Elle rougit et me tourna le dos. Elle commença à s'éloigner.

Remords. Je n'avais pas le droit de lui en vouloir.

- "Attends !" Suppliai-je.

Elle ne s'arrêta pas, alors je la rattrapai.

- "Désolé pour ces paroles désagréables. Non qu'elles soient fausses (parce qu'il était bel et bien absurde de penser que je puisse vouloir sa mort) mais je n'étais pas obligé de les dire."

- "Et si tu me fichais la paix, hein ?"

Crois moi, voulais-je lui répondre, j'ai essayé.

Et, à propos, je suis désespérément amoureux de toi.

Reste clair.

- "Je voulais juste te poser une question, c'est toi qui m'as fait perdre le fil." Dis-je en riant.

Je venais d'avoir une idée lumineuse.

- "Souffrirais-tu d'un dédoublement de la personnalité?" Demanda-t-elle.

Cela y ressemblait fort, en effet. J'étais plutôt lunatique, à cause de toutes ces nouvelles émotions qui me traversaient.

- "Voilà que tu recommences." Lui fis-je remarquer.

- "Très bien," soupira-t-elle. "Vas-y, pose-la, ta question."

- "Je me demandais si, samedi de la semaine prochaine... (Je vis le choc traverser son visage, et retint un autre rire), tu sais, le jour du bal..."

Elle m'interrompit, me regardant enfin dans les yeux.

- "Essaierais-tu d'être drôle, par hasard ?"

Oui !

- "Et si tu me laissais terminer ?"

Elle attendit en silence, ses dents mordant doucement sa lèvre inférieure.

Cette vue attira mon attention pendant une seconde. Cela provoqua d'étranges réactions au plus profond de mon enveloppe charnelle jusqu'alors oubliée. Je tentai de les mettre de côté pour pouvoir me concentrer sur mon rôle.

-"J'ai appris que tu allais à Seattle, ce jour là, et j'ai pensé que tu avais peut-être besoin d'un chauffeur." Lui proposais-je.

Je réalisai que, mieux que de l'interroger sur ses projets, je lui demandais de m'inclure dedans.

Elle me regarda, choquée.

- "Quoi ?"

- "As-tu envie qu'on t'accompagne là bas?"

Seul dans une voiture avec elle...ma gorge me brûla à cette seule pensée. Je pris une longue inspiration. Prend en l'habitude...

- "Qui donc ?" Me demanda-t-elle, ses yeux montrant à nouveau cette expression abasourdie.

- "Moi, évidemment." Dis-je lentement.

- "Pourquoi ?"

Était-il vraiment aussi étonnant que je veuille passer du temps avec elle ? Elle avait vraiment dû interpréter mon ancienne attitude de la pire manière qu'il soit.

- "Disons, dis-je aussi naturellement que possible, que j'avais l'intention de me rendre à Seattle dans les semaines à venir et, pour être honnête, je ne suis pas persuadé que ta camionnette tiendra le coup."

Il semblait plus prudent de continuer à la taquiner plutôt que de me permettre d'être sérieux.

- "Ma camionnette marche très bien, merci beaucoup." Dit-elle de la même voix surprise.

Elle recommença à marcher. Je ne la lâchai pas d'une semelle.

Elle n'avait pas vraiment dit non, alors j'insistai.

Dirait-elle non? Que ferais-je si elle refusait?

- "Mais un seul réservoir te suffira-t-il?"

- "Je ne vois pas en quoi ça te concerne."

Ce n'était toujours pas un non. Et son cœur recommençait à s'emballer, sa respiration à s'accélérer.

- "Le gaspillage des ressources naturelles devrait être l'affaire de tous."

- "Franchement, Edward ! Ton comportement m'échappe. Je croyais que tu ne désirais pas être mon ami."

Un frisson de ravissement me prit quand elle prononça mon nom.

Comment pouvais-je répondre clairement à cela tout en restant honnête ? Bon, il était plus important que je sois honnête. Au moins en ce qui concerne ce sujet.

- "J'ai dis que ce serait mieux que nous ne le soyons pas, pas que je n'en avais pas envie."

- "Ben tiens ! Voilà qui éclaire ma lanterne !" Railla-t-elle.

Elle s'arrêta, sous l'auvent de la cantine, et rencontra mon regard à nouveau. Son cœur s'affola. Avait-elle peur?

Je pris un grand soin à choisir mes mots. Non, je ne pouvais la quitter, mais peut-être serait-elle assez intelligente pour me quitter, elle, avant qu'il ne soit trop tard.

- "Il serait plus...prudent pour toi de ne pas être mon amie."

Puis, en plongeant dans les profondeurs de chocolat fondu de ses yeux, je perdis ma désinvolture. Les mots que je prononçai en suite brûlèrent d'une trop grande ferveur.

- "Mais j'en ai assez d'essayer de t'éviter, Bella."

Elle arrêta de respirer et, vu le temps qu'elle mit avant de recommencer, cela m'inquiéta. Combien l'avais-je effrayée ? Eh bien, j'allais avoir la réponse.

- "Viendras-tu à Seattle avec moi?" Demandais-je sans cérémonie.

Elle acquiesça, son cœur battant la chamade.

Oui. Elle m'avait dit oui. À moi !

Puis ma conscience refit surface. Combien cela allai-t-il lui coûter?

- "Tu devrais vraiment garder tes distances." La prévins-je.

M'avait-elle entendu ? Echappera-t-elle au futur qui la menaçait ? Pouvais-je faire quoi que ce soit pour la protéger de moi-même?

Reste clair. M'ordonnai-je.

- "On se voit en cours."

Je dû me concentrer pour m'empêcher de courir alors que je m'enfuyais.

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