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Frère Anthony ne se contente pas de nous faire lecture de la Bible, de nous instruire et de prier avec nous : il nous apprend à toutes, femmes blanches et indiennes, à cuire le pain. c'est un merveilleux passe-temps hivernal et nos tentes s'imprègnent de délicieux arômes.
Septième carnet. L'hiver
10 novembre 1875
Afficher en entierL'image est ravissante. Assis en silence, nous nous laissons parfois aller à la contemplation et imaginons le futur édifice. Il me semble déjà voir l'abbaye de frère Anthony dans les collines, où nous-mêmes, nos enfants et les enfants de nos enfants viendront se recueillir dans la paix...c'est une pensée douce et rassurante.
Septième carnet. L'hiver
10 novembre 1875
Afficher en entierNous sommes toutes heureuses également de compter parmi nous frère Anthony de la Prairie à qui nous rendons fréquemment visite dans la loge qu'il a montée légèrement à l'écart en bordure du village. C'est une tente très simple, d'une propreté immaculée, telle qu'il sied à un moine. Nous venons souvent nous asseoir près du feu qu'il y entretient et récitons avec lui les prières du jour.
C'est ici, au printemps, que j'établirai mon ermitage, nous a-t-il confié de sa voix douce. Ces collines au-dessus de la rivière sont une bénédiction, puisqu'elles offrent tout ce qui m'est nécessaire. Un homme a de toute façon besoin de peu pour communiquer avec Dieu, une modeste demeure et un coeur pur. Je commencerai bientôt à fonder de mes mains l'abbaye à laquelle je pense. je souhaite, si Dieu le veut, que d'autres hommes dotés d'un esprit humble et d'un coeur simple m'y rejoignent plus tard. Nous pourrons prier ensemble, étudier et partager la parole du Seigneur avec ceux qui choisiront de s'unir à nous."
Septième carnet. L'hiver
10 novembre 1875
Afficher en entierNous cancanons, discutons, rions et pleurons, ou restons parfois assises simplement près du feu, les mains jointes, à observer les flammes et les braises, à méditer le mystère de nos existences et nous demander ce que l'avenir nous réserve...Et nous nous réjouissons de nos présences respectives, car l'hiver promet d'être long et solitaire...
Septième carnet. L'hiver
10 novembre 1875
Afficher en entierLe temps agréable de l'automne se maintient. Les peupliers, les érables et les frênes se parent de jaune et de rouge au bord des rivières, et les plaines roulent devant nous une mer d'herbes ocre et or, aux ravins bordés de pruniers violet sombre. le gibier foisonne. les grands troupeaux de bisons ont déjà retrouvé leurs épaisses fourrures de l'hiver, elles touchent presque le sol sous leurs énormes ventres ; nous croisons des centaines d'antilopes, des cerfs, et l'on entend les wapitis en rut bramer, beugler à travers les plaines comme les trompettes du Seigneur. les oies, les canards et les grues entament l'air de leurs criaillements bénis par le divin", commenta Anthony avec cette simplicité qui lui appartient, tandis que nous observions le ciel un jour.
Sixième carnet. Le creuset épineux de la civilisation
14 octobre 1875
Afficher en entierA mesure que je m'initie à leurs croyances, je comprends plus nettement pourquoi ils ont montrés si peu d'enthousiasme à embrasser la chrétienté que leur offrait le bon révérend Dualpin, puisqu'ils disposent déjà d'une religion élaborée, parfaitement satisfaisante à leurs yeux, dotée d'un personnage messianique appelé Motse'eove. A la fois prophète et guide, il est la Douce Médecine lui-même. Loin d'être né dans quelque lieu distant et incompréhensible comme Nazareth, il a pour domaine cet endroit précis, Novavose, véritable coeur du pays cheyenne, dans tous les sens du terme. Qui s'étonnera maintenant qu'ils n'aient pas l'intention d'abandonner ces terres ?
Selon la légende, c'est là que la Douce Médecine est apparue au peuple il y a très longtemps, pour lui dire qu'un jour quelqu'un viendrait parmi eux, que cette personne serait "toute cousue" (c'est ainsi que les Indiens se réfèrent aux vêtements des Blancs) et qu'elle détruirait en arrivant ce dont le peuple avait besoin pour vivre, c'est-à-dire qu'elle leur prendrait tout, le gibier et la terre elle-même.
Si la religion indienne se base essentiellement sur des superstitions, la prophétie de la Douce-Médecine gagne en crédibilité au vu de la situation des événements que nous traversons.
Sixième carnet. Le creuset épineux de la civilisation
3 octobre 1875
Afficher en entierCe soir là la lune est cachée, le vent a repoussé les nuages et la voûte céleste brille au-dessus de moi. Je regarde, accroupie, les milliard d'étoiles et de planètes et, curieusement, ma propre insignifiance ne me fait plus peur comme autrefois. Elle me paraît au contraire rassurante, puisque j'ai maintenant le sentiment d'être également un élément, si minuscule soit-il, de l'univers complet et parfait...Quand je mourrai, le vent soufflera toujours et les étoiles continueront de scintiller, absorbées par le sol sablonneux ou aussitôt évaporées par le vent constant de la prairie.
Sixième carnet. Le creuset épineux de la civilisation
23 septembre 1875
Afficher en entierOui, malgré son étrangeté sauvage et ses difficultés, notre nouveau monde me semblait ce matin-là d'une douceur indicible ; je m'émerveillais de la perfection et de l'ingéniosité avec lesquelles les natifs avaient embrassé la terre, avaient trouvé leur place dans cette nature ; tout comme l'herbe du printemps, ils me semblaient appartenir à la prairie, à ce paysage.
Quatrième carnet. Whiskey l'oeuvre du diable
23 mai 1875
Afficher en entierC'était une superbe matinée de printemps et la prairie était partout en pleine floraison. des espèces sauvages de toutes les variétés couvraient les plaines ondoyantes, l'herbe, d'un vert vif et brillant, frémissait gentiment sous la brise légère, les pipits des près chantaient, et dans les saules et les peupliers le long de la rivière, toutes sortes d'oiseaux répondaient à leurs pépiements matinaux.
Quatrième carnet. Whiskey l'oeuvre du diable
23 mai 1875
Afficher en entierJe dois arrêter de faire sans cesse de faire référence au passé, qui me revient pourtant si nettement en mémoire quand je t'écris, comme si ma nouvelle vie n'était qu'un rêve et que toi, là-bas dans le monde réel, tu essayais de m'y rappeler...trop tard, hélas, il est trop tard...ah! si seulement c'était possible...
Troisième carnet. Ma vie de squaw
19 mai 1875
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