Extraits

- Je te le dis, ou je te le montre ? Ses lèvres effleuraient mon oreille. Tu trembles. Je te rends nerveuse ?

Deux femmes étaient assises de part et d'autre du bout de la table et une troisième était penchée vers elles, elles parlaient à voix basse. Je dus m'arrêter un moment. Ce n'était pas professionnel de reluquer. Peu importe que je me trouvais soudain en présence d'un ange au corps de rêve. Cette réaction devait être réprimée et gardée pour moi.

Cette année-là, j'avais passé l'été dans les Hamptons avec mes vieux amis du lycée. Nous étions partis dans des universités différentes et nous nous étions retrouvés. Nous avions tous tellement changé. J'avais coupé mes cheveux très court et les avais teints en rouge. Jasmine s'était fiancée. Elizabeth allait s'engager dans la Marine. Sophie et moi avions pris des années sabbatiques après le diplôme, donc nous avions effectivement un an de retard sur tout le monde dans leurs études.

On passait les journées à se prélasser sur la plage et les nuits à chercher des fêtes.

Je frappai à la porte de Maggie. Elle avait quelques années de plus que moi et était habillée comme une influenceuse des réseaux sociaux. Peut-être était-ce ses vêtements Boho sophistiqués, ses bijoux criards ou son maquillage parfait qui me firent penser qu'elle avait l'air prête pour une séance photos.

- Tout est prêt ? demanda-t-elle en levant les yeux de son ordinateur.

Je hochai la tête.

- Super. J'espère que tu as apporté des chaussures de course, parce que tu vas commencer en trombe, dit-elle en prenant une pile de dossiers et de photocopies.

J'avais grandi avec cet homme et je ne l'avais jamais vu aussi facilement distrait avant.

- Tu n'as pas idée. Mariage et ensuite les enfants, et je vais te battre à plate couture.

Je gloussai.

- Pas besoin d'être battu, je me couche. Tu gagnes.

- Elle est revenue depuis fin septembre, dit-il comme si je le savais déjà.

- Comment va-t-elle ? demandai-je.

- Elle a gâché sa vie en Europe. Si tu veux mon avis, elle devrait y retourner. Ce serait le mieux.

Il entrait comme s'il vivait toujours ici. C'était aussi sa maison, donc techniquement il n'avait pas besoin de frapper. C'était présomptueux de ma part de penser qu'il allait frapper à la porte d'entrée d'une maison où il n’était pas venu depuis des années.

Je me tenais en haut d'une échelle pour planter des punaises afin de maintenir en place une guirlande de Noël.

- Je ne comprends pas pourquoi tu n’as pas engagé des décorateurs pour faire ça, dis-je en descendant.

Ma mère recula de l'endroit où elle tenait l'échelle. Ensemble, nous l'avons soulevée et déplacée le long du mur sur une distance de quelques mètres.

- Je n'ai pas eu de raison de décorer depuis des années, Gemma. C'est la première fois que toi ou ton frère êtes à la maison pour Noël depuis, oh, je ne sais pas combien de temps, dit-elle. Et maintenant tout le monde rentre à la maison, Spoiler(cliquez pour révéler) et j’ai une petite-fille.