Milliardaires et célibataires, Tome 3 : Sous l'emprise d'un cheikh

** Extrait offert par Tara Pammi **

1.

— Qu’attendez-vous d’une épouse, cheikh al-Ghamdi ? s’enquit Elizabeth Young.

Zayn considéra pensivement le visage de la jolie blonde qui s’affichait sur l’écran de son ordinateur. L’espace d’un instant, il fut tenté de lui répondre : « qu’elle soit comme vous » mais il s’abstint sagement de le faire.

L’heure n’était pas à la plaisanterie. De plus, il était convaincu que la séduisante directrice de l’agence matrimoniale Léviathan était une ex-petite amie de Xander Trakas et il ne tenait pas à marcher sur les plates-bandes du milliardaire grec.

Zayn n’avait aucune envie de se marier. Bien sûr, il avait toujours su que son statut de cheikh l’obligerait à le faire un jour. Après tout, il était censé assurer une descendance à la famille al-Ghamdi et élever celui qui lui succéderait à la tête de l’État de Khaleej. Mais jusqu’à présent il était parvenu à repousser cette échéance fort peu enthousiasmante.

Malheureusement, la parution récente d’une série d’articles diffamatoires dans le magazine à scandales Celebrity Spy avait tout changé. Ils le présentaient comme un dépravé qui passait plus de temps à fréquenter les soirées mondaines et à courir les filles qu’à se préoccuper du bien-être de son peuple.

Ces chroniques assassines avaient écorné son image et fait chuter sa cote de popularité. Son père lui avait durement reproché sa légèreté. Plusieurs responsables politiques et économiques de la région avaient exprimé leur désapprobation en termes plus ou moins voilés.

La fondation pour l’enfance Hope qu’il soutenait depuis des années avait également laissé entendre qu’être associée à son nom risquait de la desservir.

Pire encore, la très conservatrice famille du fiancé de sa sœur menaçait à présent de s’opposer au mariage. Plus jeune que lui de dix ans, Mirah avait toujours été pour lui un véritable rayon de soleil. Elle avait illuminé les longues et austères années qu’il avait passées à se préparer à la tâche qui l’attendait.

Il était donc résolu à lui éviter cette humiliation publique. Et pour cela, il avait décidé de se marier lui-même, ce qui dissiperait toutes les rumeurs qui avaient couru sur son compte et lui permettrait de redorer sa réputation.

Il était d’ailleurs parvenu à convaincre de faire de même les trois autres victimes de la campagne de presse acharnée de Celebrity Spy, Xander Trakas, Benjamin Carter et Dante Mancini. Mais tous quatre avaient rapidement compris que trouver une épouse convenable n’était pas aussi simple.

Alors même qu’Elizabeth Young lui posait la question, il se rendit compte qu’il n’avait jamais vraiment réfléchi aux critères qui devaient présider à un tel choix.

— Eh bien, répondit-il enfin d’une voix un peu hésitante. Il faudrait si possible qu’elle soit séduisante. Il sera ainsi plus facile d’expliquer que j’aie pu tomber amoureux d’elle aussi vite… Il faut qu’elle soit jeune car son principal devoir sera de mettre au monde un enfant. Moins de trente ans…

Elizabeth Young se rembrunit légèrement.

— Est-ce que cela pose un problème ? lui demanda-t-il.

— Non, pas particulièrement. Mais je tiens à vous rappeler qu’à trente ans une femme a encore tout le temps d’avoir un ou plusieurs enfants.

— Sans doute, reconnut-il. Mais une célibataire séduisante de trente ans aurait certainement un passif, une ou plusieurs anciennes histoires d’amour… Cela compliquerait les choses. Mieux vaut quelqu’un de jeune. Le mieux serait d’ailleurs qu’elle soit vierge…

Cette fois Elizabeth ne put réprimer un commentaire réprobateur.

— Nous ne sommes plus au Moyen-Âge, cheikh al-Ghamdi ! s’exclama-t-elle.

— Je le sais bien, soupira-t-il. Et croyez bien que tout ceci ne me plaît pas beaucoup plus qu’à vous. Mais nous devons regarder la réalité en face : cette femme sera amenée à concevoir l’héritier de Khaleej. Je ne peux pas me permettre de découvrir que ma nouvelle épouse a déjà eu un ou plusieurs enfants. Cela risquerait de créer une crise de succession.

— Je peux le comprendre, concéda Elizabeth. Mais je vous assure que nous procéderons à une vérification approfondie du passé des candidates.

— C’est préférable, en effet. Je ne tiens pas à voir se manifester un ex-petit ami jaloux ou désireux de profiter de l’aubaine. Mon objectif principal est d’éviter toute forme de scandale.

— J’aurais pensé que votre but était de trouver une personne compatible, remarqua Elizabeth d’un ton légèrement narquois.

— Je ne me fais aucune illusion, Miss Young. Ce n’est pas par votre intermédiaire que je trouverai la femme de mes rêves. Tout ce que j’espère, c’est qu’elle sera capable d’assumer le rôle qui sera le sien.

— Vous cherchez donc plus une souveraine qu’une compagne.

— Ce n’est pas une question de choix : que je le veuille ou non, je suis le cheikh de ce pays. En conséquence, les gens attendent de moi que je choisisse une épouse capable de se plier aux exigences de la tradition. Particulièrement en de telles circonstances, vous pouvez vous en douter…

— Très bien, acquiesça Elizabeth. Si vous êtes sûr que c’est vraiment ce que vous voulez, je vais commencer mes recherches. Je devrais pouvoir vous envoyer quelques dossiers d’ici à une semaine ou deux.

Deux semaines plus tard

Amalia Christensen n’aurait jamais pu imaginer qu’elle serait un jour reçue par le cheikh Zayn al-Ghamdi. Elle n’avait même jamais eu l’intention de se rendre dans le pays de son père.

Et pourtant, voilà qu’elle se trouvait à Khaleej, dans l’enceinte même du splendide palais qui se dressait au cœur de la capitale historique.

L’architecture et l’aménagement intérieur du bâtiment étaient d’une beauté à couper le souffle et, en d’autres circonstances, elle aurait probablement déjà sorti son appareil photo pour prendre quelques clichés des lieux.

Mais en cet instant elle était surtout préoccupée du sort de son frère jumeau, Aslam. Elle avait parfaitement conscience du fait que cette entrevue serait peut-être sa seule chance d’intervenir en sa faveur.

Il lui avait fallu deux mois pour l’obtenir. Pendant ce laps de temps, elle était allée rendre régulièrement visite à son frère en prison. Elle avait également pris contact avec les amis de ce dernier pour compléter ce que lui avait raconté Aslam et reconstituer ainsi toute l’histoire.

En fin de compte, c’était Massimiliano qui lui avait permis d’être reçue par le cheikh. Pour cela, son plus vieil ami, qui se trouvait aussi être son employeur, n’avait pas hésité à faire appel à ses nombreux contacts dans la région.

— Tout ce qui m’importe, lui avait-il expliqué, c’est que cette affaire se règle au plus vite pour que tu puisses revenir en Angleterre. Je ne peux pas me passer indéfiniment de la meilleure assistante que j’aie jamais eue !

Ce compliment lui avait légèrement remonté le moral. Amalia était en effet très attachée à son travail et se désolait d’avoir dû prendre ce congé prolongé. Mais elle ne pouvait pas abandonner son frère et était déterminée à le sortir du mauvais pas dans lequel il s’était mis.

Réprimant un soupir, elle se dirigea vers la fenêtre qui offrait une vue imprenable sur le golfe bordé de sable blanc. L’eau couleur d’azur scintillait au soleil. Au loin, on apercevait plusieurs bateaux aux voiles blanches ainsi qu’un navire de plus gros tonnage, peut-être un porte-conteneurs ou un paquebot.

Jetant un coup d’œil à sa montre, elle constata que cela faisait à présent plus d’une demi-heure qu’elle attendait dans cette antichambre d’être reçue par le cheikh. Pendant tout ce temps, elle n’avait aperçu personne. Cela lui paraissait un peu étrange : un palais tel que celui-ci n’était-il pas censé fourmiller d’activité ?

Mais il régnait ici un calme étonnant, une impression de paix et de sérénité qui ne cadrait guère avec l’idée qu’elle s’était faite de Zayn al-Ghamdi.

Lorsqu’elle s’était renseignée à son sujet, elle avait lu la série d’articles qui étaient parus dans la revue Celebrity Spy. Ils le présentaient comme un incorrigible débauché qui se souciait plus de soirées mondaines et de conquêtes amoureuses que du gouvernement de son pays.

Malgré la sympathie que suscitait le jeune cheikh, cette attitude déplaisait à la frange la plus conservatrice de la population. Les journaux locaux ne manquaient d’ailleurs pas une occasion de se faire l’écho de ce malaise.

Certains éditorialistes s’étaient même interrogés ouvertement sur l’aptitude de Zayn à gouverner Khaleej. C’était une première dans ce pays où la presse, quoique libre, se gardait généralement de critiquer le pouvoir de façon trop appuyée.

Amalia s’était beaucoup inquiétée à ce sujet sans parvenir à déterminer si l’apparente faiblesse du dirigeant constituait un avantage ou un inconvénient pour elle. Se laisserait-il aisément influencer par ses arguments ou préférerait-il éviter de prendre le moindre risque ?

Elle n’avait aucun moyen de le savoir, bien sûr, et cela ne rendait son attente que plus interminable. Le plus agaçant était que plusieurs groupes étaient passés devant elle. Chacun d’eux comportait en son sein une femme, généralement jeune et séduisante.

Ce véritable défilé n’avait pas manqué d’éveiller sa curiosité. S’agissait-il d’amies du cheikh ? D’invitées qui venaient assister à l’une de ses soirées ? D’entretiens visant à sélectionner le personnel qui officierait lors du mariage de sa sœur ? Ou bien encore d’un casting qui lui permettrait de se constituer un harem personnel ?

Cette dernière hypothèse lui arracha un sourire amusé. Même ici la pratique ne devait plus avoir cours depuis au moins un siècle. D’ailleurs, quel besoin le cheikh aurait-il eu d’un harem alors que la plupart des femmes de la jet-set semblaient se disputer ses faveurs ?

Elle ne comprenait d’ailleurs pas les raisons de cet engouement. Zayn était effectivement un homme très séduisant. Mais toutes celles qui le rencontraient devaient savoir qu’elles n’avaient rien à espérer d’une liaison avec lui. S’il fallait en croire les articles le concernant, il passait d’une femme à l’autre sans jamais s’impliquer réellement.

Amalia, quant à elle, ne se serait jamais contentée d’une relation aussi superficielle.

— Vous attendez quelqu’un ?

Réprimant un sursaut, Amalia se détourna de la fenêtre pour observer l’homme qui lui avait adressé la parole. Aussitôt, elle sentit les battements de son cœur s’emballer dans sa poitrine. Car celui qui venait de pénétrer dans la pièce n’était autre que le cheikh Zayn al-Ghamdi.

La première chose qui la frappa fut son regard acéré. Ses yeux paraissaient la transpercer de part en part, comme s’il était capable de lire au plus profond d’elle. Il émanait de lui une impression d’assurance et de détermination qui tranchait avec l’image de play-boy narcissique qu’elle avait de lui.

Les journalistes n’avaient pourtant pas exagéré en évoquant le charisme du jeune souverain. C’était incontestablement l’un des hommes les plus séduisants qu’il lui eût jamais été donné de rencontrer.