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— Sois raisonnable, Claire ! Melanie n'est même pas ta fille !
— C'est ma sœur ! riposta la jeune femme. Et, dans un cri du cœur :
— Comment pourrais-je l'abandonner ?
— Ta demi-sœur ! corrigea sa tante.
Toujours aussi droite que la justice, elle pinça les lèvres après avoir jeté un bref coup d'œil au bébé à la peau mate et aux cheveux sombres, et ajouta avec dégoût :
— De plus, tu ne sais même pas qui était son père !
— Qu'est-ce que ça peut faire ?
Après beaucoup de réticences, sa mère lui avait confessé avoir eu une brève aventure passionnée avec un serveur espagnol. Et pourquoi pas ? Cela lui avait au moins permis de connaître quelques moments de bonheur avant sa mort. Sa vie n'avait pas toujours été rose et Claire estimait qu'elle méritait bien cela.
— Le même sang que le mien coule dans les veines de Melanie ! déclara-t-elle.
Laura Cavell ricana.
— Nous voilà en plein mélodrame !
Claire n'avait pas jugé utile d'ajouter que ce sang coulait aussi dans les veines de sa tante. Cela ne se voyait guère : elles n'auraient pas pu être plus dissemblables — moralement, tout au moins.
Afficher en entier— Je t'ai seulement demandé de m'aider pour le loyer, tante Laura..., murmura-t-elle, tête basse.
Elle avait l'impression d'être une mendiante devant une reine... Sa tante rejeta en arrière sa chevelure aux mèches savamment décolorées.
— Aider, c'est parfois savoir faire preuve de dureté pour aider les gens à reconnaître qu'ils font fausse route.
Claire comprit qu'elle n'allait pas lui donner un seul penny. Mais Laura Cavell avait-elle jamais eu la réputation d'être généreuse?
Afficher en entier— Une adoption ? répéta Claire avec stupeur. Mais tu es folle ! Quoi, tu veux que je donne Melanie à des étrangers ?
Debout au milieu de son modeste studio, très pâle, toute tremblante, la jeune femme regardait sa tante avec horreur. Avait-elle bien entendu ? Si tel était vraiment le cas, songea-t-elle, ce serait la goutte qui ferait déborder le vase, après tout ce qu'elle avait enduré au cours de ces dernières semaines.
— Je... je vais essayer d'oublier que tu as dit une chose pareille, tante Laura, dit-elle enfin en serrant le bébé contre elle dans un geste protecteur.
— Tâche d'être raisonnable. Crois-tu que je t'aurais fait une semblable suggestion si tu étais capable de faire face seule à la situation ?
— J'en suis parfaitement capable !
Très élégante dans son strict tailleur gris, aussi parfaitement air éloquent.
— Ah, oui, tu crois ? s'enquit-elle enfin.
Le studio était dans un désordre indescriptible. Landau, pèse-bébé, baignoire, biberons... bref, tout ce qui était nécessaire au bien-être d'un nouveau-né occupait le moindre espace libre. Devant le radiateur électrique, Claire avait déplié un séchoir surchargé de minuscules vêtements. Il fallait bien mettre la lessive quelque part ! Et elle n'avait même plus de quoi aller à la laverie automatique.
A cause du linge mouillé, l'air était saturé humidité et les vitres couvertes de buée. Pas question, cependant, d'ouvrir la fenêtre. Il faisait horriblement froid en ce début octobre : un vent glacial soufflait, apportant des rafales de pluie qui venaient battre sinistrement les carreaux.
Claire, qui était déjà très mince un mois auparavant, avait perdu au moins cinq kilos. Maintenant, elle était vraiment maigre et semblait épuisée. Ce qui n'avait rien de surprenant après tant de nuits sans sommeil : Melanie ne cessait de pleurer et ne voulait dormir que dans ses bras.
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