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Commentaires de livres faits par miss-naboo

Extraits de livres par miss-naboo

Commentaires de livres appréciés par miss-naboo

Extraits de livres appréciés par miss-naboo

"et si le temps gagné par l'entremise de la vitesse était inutilisable pour le bonheur ?"
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Je ne sais pas, j'ai parfois l'impression que tu n'es pas là, parce qu'il me manque des morceaux de toi. Tu n'es qu'un personnage, un homme partiel. Je t'embrasse, je suis sur tes genoux, je sens dans mon dos les basses de ton cœur, mais il me manque tout le reste. C'est une des difficultés d'écrire. J'ai beau me concentrer, je ne pourrai jamais t'écrire en entier, avec la lumière qu'il faut, le son de ta rue, tout ton corps, tes mots, et ce qu'il y a autour? C'est difficile de ne faire qu'écrire. Il n'y a pas de littérature totale.
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Tu m'as répondu j'étais ta rivière ? mais pour qu'il y ait une rivière, il faut qu'il y ait un lit, comme un récipient pour tenir l'eau. Tu étais mon lit.
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date : 18-09-2009


Quand tu vois une ombre, Sophie, tu te dis que quelque chose projette cette ombre. L'ombre d'un animal, par exemple : c'est peut-être un cheval, mais tu n'en es pas tout à fait sûre. Alors tu te retournes et tu vois le cheval en vrai qui est évidemment beaucoup plus beau, avec des contours plus précis que son ombre. Platon pensait que tous les phénomènes naturels ne sont que les ombres de formes ou d'idées éternelles. Force est pourtant de constater que la grande majorité des gens sont satisfaits de vivre parmi les ombres. Ils croient que ces ombres sont la seule chose qui existe et n'ont pas conscience que ces ombres ne sont que des projections.

Platon raconte une allégorie qui illustre parfaitement mon propos : c'est l'allégorie de la caverne. Je vais te la raconter avec mes mots à moi.

Imagine des hommes qui habitent dans une caverne. Ils sont assis le dos tourné à la lumière et sont pieds et poings liés, de sorte qu'ils sont condamnés à ne voir que le mur devant eux. Dans leur dos, se dresse un autre mur derrière lequel marchent des hommes brandissant diverses formes au-dessus du mur. Parce qu'il y a un feu derrière ces figures, celles- ci jettent des ombres vacillantes contre le mur au fond de la caverne. La seule chose que les habitants de cette caverne puissent voir est par conséquent ce "théâtre d'ombres". Ils n'ont pas bougé depuis qu'ils sont nés et pensent naturellement que ces ombres sont la seule réalité au monde.

Imagine maintenant que l'un des habitants de la caverne parvienne enfin à se libérer. Il se demande tout d'abord d'où proviennent ces ombres projetées sur le mur de la caverne. Que va-t-il selon toi se passer quand il va découvrir les formes, puisqu'il n'a vu jusqu'ici que leurs ombres. A supposer qu'il réussisse à escalader le mur et à franchir le feu pour se retrouver à l'air libre, il serait alors encore davantage ébloui. Mais, après s'être frotté les yeux, il serait frappé par la beauté de tout ce qui l'entoure. Il distinguerait pour la première fois des couleurs et des contours biens précis. Il verrait en vrai les animaux et les fleurs dont les ombres dans la caverne n'étaient que de pales copies. Il se demanderait d'où viennent tous les animaux et toutes les fleurs. Alors, en voyant le soleil, il comprendrait que c'est lui qui permet la vie des fleurs et des animaux sur terre, de même que le feu dans la caverne permettait d'apercevoir des ombres.

Maintenant l'heureux habitant de la caverne pourrait s'élancer dans la nature et profiter de sa liberté reconquise. Mais il pense à tous ceux qui sont restés là-bas. C'est pourquoi il veut y retourner et dès qu'il est redescendu, il essaie de convaincre les autres habitants de la caverne que les ombres sur le mur ne sont que le pâle reflet vacillant de choses bien réelles. Mais personne ne le croit. Ils montrent le mur du doigt et maintiennent que la seule réalité est ce qu'ils voient. Et ils finissent par le tuer.

Ce que Platon illustre avec l'Allégorie de la caverne est le chemin du philosophe qui va des représentations incertaines aux vraies idées qui se cachent derrière les phénomènes naturels. Il pense sans aucun doute à Socrate que les "habitants de la caverne" mirent à mort parce qu'il dérangeait leurs représentations habituelles et leur montrait le chemin d'une vraie vision intérieure. L'Allégorie de la caverne devient une métaphore du courage du philosophe et de sa responsabilité vis-à-vis des autres hommes sur le plan pédagogique.
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date : 10-09-2009
Nous arrivâmes chez notre aveugle sur les cinq heures du soir, et nous le trouvâmes occupé à faire lire son fils avec des caractères en relief : il n'y avait pas plus d'une heure qu'il était levé ; car vous saurez que la journée commence pour lui, quand elle finit pour nous. Sa coutume est de vaquer à ses affaires domestiques, et de travailler pendant que les autres reposent. À minuit, rien ne le gêne ; et il n'est incommode à personne. Son premier soin est de mettre en place tout ce qu'on a déplacé pendant le jour ; et quand sa femme s'éveille, elle trouve ordinairement la maison rangée. La difficulté qu'ont les aveugles à recouvrer les choses égarées les rend amis de l'ordre ; je me suis aperçu que ceux qui les approchaient familièrement partageaient cette qualité, soit par un effet du bon exemple qu'ils donnent, soit par un sentiment d'humanité qu'on a pour eux. Que les aveugles seraient malheureux sans les petites attentions de ceux qui les environnent ! Nous-mêmes, que nous serions à plaindre sans elles les grands services sont comme de grosses pièces d'or ou d'argent qu'on a rarement occasion d'employer ; mais les petites attentions sont une monnaie courante qu'on a toujours à la main.
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[9,5] Un récit, une lecture ou la distraction intérieure de leurs pensées, trompe les voyageurs sur la longueur du chemin ; et ils s'aperçoivent qu'ils sont arrivés, avant d'avoir songé qu'ils approchaient : il en est ainsi du chemin continuel et rapide de la vie ; dans la veille comme dans le sommeil, nous le parcourons d'un pas égal, et, occupés que nous sommes, nous ne nous en apercevons qu'à son terme.
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[9,1] [...] différer c'est perdre une grande portion de la vie ; tout délai commence par nous dérober le jour actuel, il nous enlève le présent en nous promettant l'avenir. Ce qui nous empêche le plus de vivre, c'est l'attente qui se fie au lendemain [...]
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[7,10] Ce n'est donc pas à ses rides et à ses cheveux blancs, qu'il faut croire qu'un homme a longtemps vécu : il n'a pas longtemps vécu, il est longtemps resté sur la terre
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Maintenant, regardez-moi.'
Je tournai la tête et le regardai par-dessus mon épaule droite.
Ses yeux s'immobilisèrent dans les miens et tout ce qui me vint à l'esprit ce fut que leur gris me rappelait l'intérieur d'une coquille d'huître.
Il semblait attendre quelque chose. Mon visage commença à refléter ma crainte de ne pouvoir le satisfaire.
'Griet', reprit-il avec douceur. Il n'eut point besoin d'en dire davantage, mes yeux s'emplirent de larmes. Je les retins, je savais faire maintenant.
'Oui. Ne bougez pas.'
Il allait peindre mon portrait.
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Acte I
Le théâtre représente une chambre à demi démeublée ; un grand fauteuil de malade est au milieu. Figaro, avec une toise, mesure le plancher. Suzanne attache à sa tête, devant une glace, le petit bouquet de fleurs d'orange, appelé chapeau de la mariée.

Scène 1
Figaro, Suzanne
FIGARO. Dix-neuf pieds sur vingt-six.

SUZANNE. Tiens, Figaro, voilà mon petit chapeau ; le trouves-tu mieux ainsi ?

FIGARO lui prend les mains. Sas comparaison, ma charmante. Oh ! que ce joli bouquet virginal, élevé sur la tête d'une belle fille, est doux, le matin des noces, à l'oeil amoureux d'un époux !...

SUZANNE se retire. Que mesures-tu donc là, mon fils ?

FIGARO. Je regarde, ma petite Suzanne, si ce beau lit que Monseigneur nous donne aura bonne grâce ici.

SUZANNE. Dans cette chambre ?

FIGARO. Il nous la cède.

SUZANNE. Et moi, je n'en veux point.

FIGARO. Mais encore ?

SUZANNE. Elle me déplaît.

FIGARO. On dit une raison.

SUZANNE. Si je n'en veux pas dire ?

FIGARO. Oh ! quand elles sont sûres de nous !

SUZANNE. Prouver que j'ai raison serait accorder que je puis avoir tort. Es-tu mon serviteur, ou non ?

FIGARO. Tu prends de l'humeur contre la chambre du château la plus commode, et qui tient le milieu des deux appartements. La nuit, si Madame est incommodée, elle sonnera de son côté ; zeste, en deux pas tu es chez elle. Monseigneur veut-il quelque chose ? il n'a qu'à tinter du sien ; crac, en trois sauts me voilà rendu.

SUZANNE. Fort bien ! Mais quand il aura tinté le matin, pour te donner quelque bonne et longue commission, zeste, en deux pas, il est à ma porte, et crac, en trois sauts...

FIGARO. Qu'entendez-vous par ces paroles ?

SUZANNE. Il faudrait m'écouter tranquillement.

FIGARO. Eh, qu'est-ce qu'il y a ? Bon Dieu !

SUZANNE. Il y a, mon ami, que, las de courtiser les beautés des environs, monsieur le comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c'est sur la tienne, entends-tu, qu'il a jeté ses vues, auxquelles il espère que ce logement ne nuira pas. Et c'est ce que le loyal Bazile, honnête agent de ses plaisirs, et mon noble maître à chanter, me répète chaque jour, en me donnant leçon.

FIGARO. Bazile ! ô mon mignon, si jamais volée de bois vert appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à quelqu'un...

SUZANNE. Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu'on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite ?

FIGARO. J'avais assez fait pour l'espérer.

SUZANNE. Que les gens d'esprit sont bêtes !

FIGARO. On le dit.

SUZANNE. Mais c'est qu'on ne veut pas le croire.

FIGARO. On a tort.

SUZANNE. Apprends qu'il la destine à obtenir de moi secrètement certain quart d'heure, seul à seule, qu'un ancien droit du seigneur... Tu sais s'il était triste.

FIGARO. Je le sais tellement, que si monsieur le Comte, en se mariant, n'eût pas aboli ce droit honteux, jamais je ne t'eusse épousée dans ses domaines.

SUZANNE. Eh bien, s'il l'a détruit, il s'en repent ; et c'est de ta fiancée qu'il veut le racheter en secret aujourd'hui.
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Comme un sot, comme un fou
Aliénor poussa un soupir de satisfaction, et roulant ses mains sous sa nuque, laissa courir ses yeux sur le plafond orné de fleurs de lys bleues, réhaussées de feuilles d'or. Louis passa tendrement une main blanche sur les seins fermes, admirant le visage de son épouse dans la lueur blafard du jour qui pointait au travers du papier huilé de la fenêtre de la chambre.
Il était heureux. Depuis quelques mois, Aliénor avait changé à son égard, elle était douce, enjouée, radieuse, paraissait mieux comprendre ses besoins et peu à peu l'avait ramené vers sa couche, où il découvrait l'amour, non pas comme aux premiers temps de leur mariage, mais comme une communication sensuelle, puissante.
La raison en était qu'en cet automne 1138 Aliénor ne portait toujours pas d'enfant et qu'elle craignait, malgré la potion que je lui fournissais, d'être devenue stérile. Et puis, elle avait trouvé un nouveau jeu.
J'avais fini par lui faire entendre raison. Aliénor cognait de front contre les obstacles quand il suffisait pour passer de les contourner. L'espérience de cette dernière année lui avait montré qu'il ne naissait rien de bon dans ses sautes d'humeur et que chaque fois, elle trouvait face à elle, Suger, derrière qui se réfugiait.
Bien que prodigieusement têtue, Aliénor était intelligente, et c'était sur cette intelligence que je comptais. J'entrepris tout d'abord de lui montrer les manigances de Béatrice, m'arrangeant pour qu'au cours de nos promenades nous la voyions de nos yeux avec Suger, ou Louis à plusieurs reprises.
Dès lors, Béatrice fut gentiment écartée de ses faveurs.
Après de nombreux travaux effectués par Alienor dans l'illustre mais vieillot palais capétien, celle-ci voulu, pour retrouver un peu de son Aquitaine lointaine, faire mettre des fenêtres comme dans son cher pays. Mais Suger s'y opposa.
A nouveau, elle m'écouta. S'il ne restait plus que Suger pour lui faire des misères, il fallait le moucher. Mieux, le remplacer. Louis ne demandait au fond qu'à se laisser aller à l'amour qu'il portait à son épouse depuis leur rencontre. Et Aliénor aimait le pouvoir. Et l'obtint.
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Printemps 1522

- Je pars pour la France demain et reviendrai avec votre soeur Anne, me dit mon père sur les marches du palais de Westminster. Sa place est à la cour de Marie Tudor.
- Je pensais qu'elle resterait en France, répondis-je. Je croyais qu'elle avait épousé un comte français.
Il secoua la tête.
- Nous avons d'autres projets pour elle.
Je savais qu'il était inutile de lui demander de quels desseins il s'agissait. Il me fallait attendre. Ma plus grande peur était qu'ils eussent pour elle l'ambition d'un meilleur mariage que le mien, m'obligeant à suivre sa traîne pour le restant de mes jours.
- Effacez cet air renfrogné de votre visage, m'enjoignit sèchement mon père.
J'affichai aussitôt mon sourire de cour.
- Bien sûr, père, répondis-je docilement.
Il hocha la tête et je m'abîmai dans une profonde révérence alors qu'il s'éloignait. Je me relevai puis me dirigeai lentement dans la chambre de mon époux, où un petit miroir était accroché au mur. «Tout ira bien, murmurai-je à mon reflet, je suis une Boleyn, ce n'est pas rien; et ma mère est née Howard, qui sera l'une des plus grandes familles du pays. Je suis une Howard et une Boleyn.» Je me mordis les lèvres. Mais elle aussi.»
Le miroir me renvoya mon creux sourire de courtisan. «Je suis la cadette des filles Boleyn, mais non la moins importante. Unie à William Carey, un homme qui a les faveurs du roi, je suis la plus jeune des dames d'atour de la reine, et sa préférée. Nul ne peut m'ôter cela. Ni elle ni personne.»
Anne et père furent retardés par des intempéries et j'espérai, pué­rilement, que coulât le bateau de ma soeur et qu'elle se noyât. À la pensée de sa mort, je ressentais un mélange déconcertant de véritable détresse et d'exaltation. Le monde sans Anne m'était inconcevable ; mais il ne me semblait guère assez grand pour nous deux.
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date : 30-08-2009
Le cancre


Il dit non avec la tête
Mais il dit oui avec le coeur
Il dit oui à ce qu'il aime
Il dit non au professeur
Il est debout
On le questionne
Et tous les problèmes sont posés
Soudain le fou rire le prend
Et il efface tout
Les chiffres et les mots
Les dates et les noms
Les phrases et les pièges
Et malgré les menaces du maître
Sous les huées des enfants prodiges
Avec des craies de toutes les couleurs
Sur le tableau noir du malheur
Il dessine le visage du bonheur.
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date : 30-08-2009
Acte I

la nourrice:
D'où viens-tu?

Antigone:
De me promener, nourrice. C'était beau. Tout était gris. Maintenant, tu ne peux pas savoir,
tout est déjà rose, jaune, vert. C'est devenu une carte postale. Il faut te lever plus tôt,
nourrice, si tu veux voir un monde sans couleurs.

la nourrice:
Je me lève quand il fait encore noir, je vais à ta chambre pour voir si tu ne tes pas découverte
en dormant et je ne te trouve plus dans ton lit!

Antigone:
Le jardin dormait encore. Je l'ai surpris, nourrice. Je l'ai vu sans qu'il s'en doute. C'est
beau, un jardin qui ne pense pas encore aux hommes.

la nourrice:
Tu es sortie. J'ai été à la porte du fond, tu l'avais laissée entrebâillée.

Antigone:
Dans les champs, c'était tout mouillé, et cela attendait. Tout attendait. Je faisais
un bruit énorme toute seule sur la route et j'étais gênée, parce que je savais bien
que ce n'était pas moi qu'on attendait. Alors, j'ai enlevé mes sandales et je me suis glissée
dans la campagne sans qu'elle s'en aperçoive.

la nourrice:
Il va falloir te laver les pieds avant de te remettre au lit.

Antigone:
Je ne me recoucherai pas ce matin.

la nourrice:
A quatre heures! Il n'était pas quatre heures! Je me lève pour voir si elle n'était
pas découverte. Je trouve son lit froid et personne dedans.

Antigone:
Tu crois que si on se levait comme ça tous les matins, ce serait tous
les matins aussi beau, nourrice, d'être la première fille dehors?

la nourrice
La nuit! C'était la nuit! Et tu veux me faire croire que tu as été te promener,
menteuse! D'où viens-tu?

Antigone, a un étrange sourire:
C'est vrai, c'était encore la nuit. Et il n'y avait que moi dans toute la campagne à
penser que c'était le matin. C'est merveilleux, nourrice. J'ai cru au jour la première, aujourd'hui.
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date : 18-08-2009
"Anton Voyl n'arrivait pas à dormir. Il alluma. Son Jaz marquait minuit vingt. Il poussa un profond soupir, s'assit dans son lit, s'appuyant sur son polochon. Il prit un roman, il l'ouvrit, il lut; mais il n'y saisissait qu'un imbroglio confus, il butait à tout instant sur un mot dont il ignorait la signification.
Il abandonna son roman sur son lit. Il alla à son lavabo; il mouilla un gant qu'il passa sur son front, sur son cou.
Son pouls battait trop fort. Il avait chaud. Il ouvrit son vasistas, scruta la nuit. Il faisait doux. Un bruit indistinct montait du faubourg. Un carillon, plus lourd qu'un glas, plus sourd qu'un tocsin, plus profond qu'un bourdon, non loin, sonna trois coups. Du canal Saint-Martin, un clapotis plaintif signalait un chaland qui passait.
Sur l'abattant du vasistas, un animal au thorax indigo, à l'aiguillon safran, ni un cafard, ni un charançon, mais plutôt un artison, s'avançait, traînant un brin d'alfa. Il s'approcha, voulant l'aplatir d'un coup vif, mais l'animal prit son vol, disparaissant dans la nuit avant qu'il ait pu l'assaillir."
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date : 06-08-2009
vant qu'elle se mariât, elle avait cru avoir de l'amour; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songea-t-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres. [...]

Emma, rentrée chez elle, se plut d'abord au commandement des domestiques, prit ensuite la campagne en dégoût et regretta son couvent. Quand Charles vint aux Bertaux pour la première fois, elle se considérait comme fort désillusionnée, n'ayant plus rien à apprendre, ne devant plus rien sentir.

Mais l'anxiété d'un état nouveau, ou peut-être l'irritation causée par la présence de cet homme, avait suffi à lui faire croire qu'elle possédait enfin cette passion merveilleuse qui jusqu'alors s'était tenue comme un grand oiseau au plumage rose planant dans la splendeur des ciels poétiques; -- et elle ne pouvait s'imaginer à présent que ce calme où elle vivait fût le bonheur qu'elle avait rêvé.

Elle songeait quelquefois que c'étaient là pourtant les plus beaux jours de sa vie, la lune de miel, comme on disait. Pour en goûter la douceur, il eût fallu, sans doute, s'en aller vers ces pays à noms sonores où les lendemains de mariage ont de plus suaves paresses! Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon, qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. [...] Il lui semblait que certains lieux sur la terre devaient produire du bonheur, comme une plante particulière au sol et qui pousse mal tout autre part. Que ne pouvait-elle s'accouder sur le balcon des chalets suisses ou enfermer sa tristesse dans un cottage écossais, avec un mari vêtu d'un habit de velours noir à longues basques, et qui porte des bottes molles, un chapeau pointu et des manchettes!

Peut-être aurait-elle souhaité faire à quelqu'un la confidence de toutes ces choses. Mais comment dire un insaisissable malaise, qui change d'aspect comme les nuées, qui tourbillonne comme le vent? Les mots lui manquaient donc, l'occasion, la hardiesse. [...]

La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie. Il n'avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu'il habitait Rouen, d'aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d'équitation qu'elle avait rencontré dans un roman.

Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères? Mais il n'enseignait rien, celui-là, ne savait rien, ne souhaitait rien. Il la croyait heureuse; et elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu'elle lui donnait. [...]

Emma se répétait:

-- Pourquoi, mon Dieu ! me suis-je mariée ?

Elle se demandait s'il n'y aurait pas eu moyen, par d'autres combinaisons du hasard, de rencontrer un autre homme; et elle cherchait à imaginer quels eussent été ces événements non survenus, cette vie différente, ce mari qu'elle ne connaissait pas. Tous, en effet, ne ressemblaient pas à celui-là. Il aurait pu être beau, spirituel, distingué, attirant, tels qu'ils étaient sans doute, ceux qu'avaient épousés ses anciennes camarades du couvent. Que faisaient-elles maintenant? A la ville, avec le bruit des rues, le bourdonnement des théâtres et les clartés du bal, elles avaient des existences où le coeur se dilate, où les sens s'épanouissent. Mais elle, sa vie était froide comme un grenier dont la lucarne est au nord, et l'ennui, araignée silencieuse, filait sa toile dans l'ombre à tous les coins de son coeur. Elle se rappelait les jours de distribution de prix, où elle montait sur l'estrade pour aller chercher ses petites couronnes. Avec ses cheveux en tresse, sa robe blanche et ses souliers de prunelles découverts, elle avait une façon gentille, et les messieurs, quand elle regagnait sa place, se penchaient pour lui faire des compliments; la cour était pleine de calèches, on lui disait adieu par les portières, le maître de musique passait en saluant, avec sa boîte à violon. Comme c'était loin, tout cela! comme c'était loin!
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date : 06-08-2009
Comme il est vrai que la beauté réside dans le regard de qui la contemple. Le visage sans éclat et olivâtre de mon maître, son front carré et massif, ses sourcils noirs et épais, ses traits marqués, sa bouche ferme et rébarbative, pleine de décision, d’énergie, de volonté, il n’y avait dans tout cela, d’après les règles, rien de beau ; mais ces traits possédaient pour moi plus que de la beauté : ils étaient empreints d’un intérêt, d’une influence qui me subjuguaient complètement, qui me privaient de tout pouvoir sur mes propres sentiments pour les livrer à mon maître. Je n’avais pas voulu l’aimer…
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date : 06-08-2009
Être ou bien n'être pas, voilà la question.
Est-il plus noble en notre for de supporter
Les traits dont nous meurtrit l'outrageuse Fortune,
Ou bien de s'insurger contre une mer d'ennuis
De lutter et d'en triompher ? Mourir, dormir,
Pas davantage, et, par un sommeil mettre fin
Aux maux du cœur, aux mille atteintes naturelles,
Le lot de toute chair, c'est là un dénouement
À souhaiter de tout son cœur. Mourir, dormir,
Dormir ; rêver peut-être: oui, c'est là qu'est le hic ;
En ce dernier sommeil quels rêves l'on peut faire,
Lorsqu'on s'est échappé de l'humaine bagarre,
Voilà qui doit nous faire hésiter: c'est le doute
Qui fait que l'infortune a si longue la vie.
Car qui consentirait à subir les mépris
Des hommes et leur fouet, l'injuste oppression,
L'insulte de l'orgueil, les peines lancinantes
De l'amour dédaigné, les lenteurs du Palais,
L'insolence des gens en place et les rebuts
Que réserve l'indigne au patient mérite,
Quand il pourrait lui-même obtenir son quitus
D'un seul coup de poignard ? Qui ploierait sous le faix,
Gémirait et suerait sous le poids de la vie,
N'était que la terreur de nous ne savons quoi
Après la mort, cette contrée inexplorée
D'où ne revient nul voyageur, rend le vouloir
Perplexe et fait qu'on se résigne aux maux présents
Plutôt que de voler vers des maux ignorés ?
Notre pensée ainsi fait de nous tous des lâches ;
Et le teint naturel de la décision
Tourne à l'air maladif et pâle du souci ;
Et les plus grandes, les plus hautes entreprises,
Cela considéré, détournent leur courant
Et ne méritent plus le nom d'action. Paix.
C'est la belle Ophélie. En tes oraisons, nymphe,
Souviens-toi de tous mes péchés.
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date : 06-08-2009
« Le premier week-end où tout était en fleurs, Tim devint fou de joie. Il gambadait des cerisiers aux amandiers, s’émerveillait que Mary eût la finesse de ne choisir que des oignons de tulipes et de jacinthes roses pour entourer les cerisiers, et des fleurs blanches et jaunes pour l’amandier, s’exclamant qu’elles avaient l’ai de sortir à l’état sauvage de la pelouse. Mary le regardait en souriant, malgré toutes les résolutions qu’elle avait prise d’être sérieuse, quelles que fussent les réactions prises d’être sérieuse, quelles que fussent les réactions de Tim. Sa joie était si évidente, si fragile et si neuve. C’était à vrai dire un beau jardin, pensa Mary, en suivant du regard Tim qui gambadait, mais comment de voyait-il, jusqu’à quel point ce jardin apparaissait-il différent à ses yeux, pour qu’il l’impressionnât et le ravît à ce point ? [...] Mais son monde était à jamais interdit à Mary, elle ne pouvait y pénétrer et il ne pouvait lui dire à quoi il ressemblait.

- Tim, dit-elle, ce soir-là, alors qu’ils étaient assis dans le living-room encore obscur et dont les portes vitrées laissaient pénétrer le vent saturé d’odeurs, Tim, que ressentez-vous maintenant, en cet instant ? A quoi ressemble l’odeur des fleurs, comme voyez-vous mon visage ?

Il s’arracha à contrecoeur de la musique qu’ils écoutaient et tourna vers elle ses yeux embrumés qui la regardaient confusément, en lui adressant un de ces sourires particuliers, gentils, presque vide d’expression. [...]

Il fronça les sourcils en se creusant la tête pour répondre et, quand il se décida enfin, ce fut lentement, en hésitant.

- Ressentir ? Ressentir ? Bon sang, je ne sais pas. Du genre heureux, bien. Je me sens bien, c’est ça !
- Et à quoi ressemble l’odeur des fleurs,

Il sourit, pensant qu’elle plaisantait.

- Ma foi, elles sentent comme des fleurs, naturellement.
- Et mon visage ?
- Votre visage est beau comme celui de maman et Dawnie. Il ressemble à celui de sainte Thérèse sur mon image pieuse. »
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Je pensais à ces nuits où elle fredonnait « ça te va » dans le noir de ma chambre. Ces nuits où je l’entendais, la sentais, sans la voir. Une voix habitait l’espace. Gail n’était peut être qu’une chanson, et l’amour un excès morbide d’imagination. Je l’avais romancée pour la rendre réelle. Je lui avais prêté tant de corps qu’il avait été impossible de le satisfaire. J’étais fou de ce corps pour des raisons stylistiques. Dès le premier soir, chez Testi, je l’avais confondu avec la poésie. La poésie, on l’aime de dos. Plus tard, lui donner du plaisir, c’était faire jouir la poésie. Cette confusion démente m’avait fait perdre mes moyens. Je débandais : le stylo cassait. Elle ne venait pas : la poésie reculait. Le dépit du mâle se confondait avait celui du poète. Et si elle me disait que ce n’était pas grave, que le plaisir n’avait pas d’importance, c’est qu’elle était moins poète que moi. Elle m’aurait peut être aimé si j’avais été moins poète.
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"La honte est un méchant microbe. Quand il entre en quelqu’un, il lui ronge la volonté, la gaité, tout ce qui donne l’envie et le plaisir de vivre. Le honteux s’enfouie sous terre, comme un animal qui hiberne. Il s’enferme en lui-même. Il ne répond plus aux paroles ni aux sourires. Il demeure immobile, les mains moites et les yeux baissés, accrochés à la pointe de ses chaussures. Tel était Hans, le honteux, depuis la tempête, la maudite et trompeuse tempête, celle qu’il n’avait pas su prévoir, malgré ses années d’étude, ses cours du soir et les dizaines de livre qu’il avait, patiemment, méticuleusement résumés. "
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