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Commentaires de livres faits par missi972

Extraits de livres par missi972

Commentaires de livres appréciés par missi972

Extraits de livres appréciés par missi972

— « Les morts ne sont pas autorisés à franchir cette
porte », lut-il à voix haute de l'autre côté du battant. «
Oui, si vous avez tout à coup la faculté de passer à travers
les murs, vous êtes mort. Vous n'êtes pas allongé quelque
part dans un égout en attendant de vous réveiller. Alors
faites-vous une raison et restez loin de ma salle de bains,
pigé ? » (Il passa de nouveau la tête à travers la porte.)
C'est un peu rude, vous ne trouvez pas ?
Avez vous apprécié cet extrait ? +53
— Pour moi aussi, c’est un soulagement de ne pas devoir faire
constamment attention à ce que je dis, de peur de vendre la
mèche.
— Une chance qu’on se soit trouvés, alors ? a-t-il lancé avec un
nouveau sourire éclatant. Mais je ferais peut-être mieux de te
laisser te reposer. Tu sors du boulot, après tout.
Il s’est levé et, après avoir déplié ses deux mètres de splendeur
virile, s’est étiré – un geste impressionnant chez quelqu’un
d’aussi musclé. Il n’était pas impossible non plus qu’il sache
pertinemment qu’il était à son avantage quand il s’étirait. J’ai
baissé la tête pour cacher mon sourire. Ça m’amusait plutôt
qu’il essaie de m’impressionner. Et ça ne me déplaisait pas du
tout, bien au contraire.
Il m’a tendu la main et, d’un simple geste, m’a relevée. Je
sentais toute son attention focalisée sur moi.nouvel extrait
Avez vous apprécié cet extrait ? +4
— Houston ? demandai-je en sourcillant, quand nous arrivâmes à l'embarquement, à Seattle.
—Juste une étape en chemin, me rassura-t-il avec un grand sourire.
Lorsqu'il me réveilla et qu'il m'entraîna à travers les terminaux, j'eus l'impression que je venais à peine de m endormir. Dans les vapes, j'étais obligée de lutter pour garder les paupières ouvertes. Il me fallut quelques minutes pour comprendre ce qui se passait, devant le comptoir international pour notre prochain vol.
— Rio de Janeiro ? m'enquis-je, soudain un peu plus enthousiaste.
— Encore une étape.
Le trajet jusqu'en Amérique du Sud fut long mais confortable, grâce aux larges sièges de première classe et aux bras d'Edward enroulés autour de moi. Je dormis comme une masse et me réveillai parfaitement alerte, ce qui chez moi était plutôt rare, au moment où l'avion entama sa descente vers l'aéroport, au crépuscule.
Contrairement à ce à quoi je m'attendais, nous ne prîmes pas un troisième vol, mais un taxi qui nous emmena à travers les rues sombres, bondées et pleines de vie de Rio. N'ayant rien compris aux paroles qu'Edward avait lancées en portugais au chauffeur, je présumai que nous nous rendions dans un hôtel quelconque, histoire de prendre un peu de repos avant la suite de notre voyage. L'idée provoqua quelque chose qui ressemblait à du trac et me noua le ventre. Peu à peu, la cohue s'éclaircit, et nous finîmes par arriver aux extrêmes limites de la ville, près de la mer.
Notre destination se révéla être le port.
Edward me précéda dans une marina où était ancrée une longue file de yachts blancs qui se reflétaient sur les eaux noires. Le bateau devant lequel il s'arrêta était plus modeste que les autres, plus racé, visiblement conçu pour la vitesse et non pour l'espace. Il restait néanmoins luxueux, et fort gracieux. Edward sauta à bord, en dépit des lourds bagages dont il était chargé. Il en laissa tomber un sur le pont afin de m'aider à le rejoindre.
Silencieuse, je l'observai préparer l'embarcation pour le départ, m'étonnant de son habileté et de son habitude des choses, car il n'avait jamais mentionné un quelconque intérêt pour le nautisme. En même temps, il excellait dans tout ce qu'il entreprenait.
Tandis que nous nous éloignions vers le large, je repassai mentalement ce que j'avais appris en cours de géographie. Pour autant que je me souvienne, il n'y avait pas grand-chose à l'est du Brésil, sinon... l'Afrique. Cela n'empêcha pas Edward de foncer droit devant, cependant que les lumières de Rio s'estompaient, puis disparaissaient derrière nous. Il arborait son fameux sourire radieux, celui qui naissait toujours dès qu'il avait l'occasion de goûter à l'ivresse de la vitesse. Le bateau fendait les vagues, m'aspergeant d'embruns. La curiosité que j'avais réussi à contenir jusqu'à présent finit par l'emporter.
— Nous allons très loin, comme ça ?
Il n'était pas du genre à oublier que j'étais humaine, mais je me demandai s'il avait prévu que nous vivrions à bord de cette petite embarcation pour un temps donné.
— Encore une demi-heure, répondit-il.
Avez vous apprécié cet extrait ? +2
— Si, mais... eh bien, j'ai une raison de rester humaine que je n'avais pas avant.
— Laquelle ?
— Devine.
Sur ce je me redressai pour l'embrasser. Il me rendit mon baiser, mais pas d'une façon qui me donna à penser que j'étais en train de gagner. C'était plutôt comme s'il prenait soin de ne pas me vexer ; il se contrôlait d'une manière totale et agaçante. Tendrement, il rompit notre étreinte et me colla contre lui.
— Tu es tellement humaine, Bella, rit-il. Dominée par tes hormones.
— C'est tout l'intérêt, justement. J'aime cet aspect-là de mon humanité. Je n'ai pas envie d'y renoncer tout de suite. Je ne veux pas attendre des années, pendant lesquelles je serai un vampire nouveau-né avide de sang, pour la retrouver.
Je ne pus retenir un bâillement, et il sourit.
— Tu es fatiguée. Dors, mon amour.
Il se mit à fredonner la berceuse qu'il avait composée pour moi.
— Je me demande pourquoi je suis aussi éreintée, marmonnai-je. J'espère qu'il ne s'agit pas d'une de tes entourloupes.
Avez vous apprécié cet extrait ? +13
« Personne ne te regarde. Personne ne t'observe. Personne ne t'épie », me rassurai-je.
Comme j'étais incapable de mentir de façon convaincante, y compris à moi-même, je me sentis obligée de vérifier, néanmoins.
En attendant que l'un des trois uniques feux de Forks passe au vert, je jetai un coup d'oeil sur ma droite - à l'intérieur de son monospace, Mme Weber avait le buste tourné dans ma direction. Son regard me transperça, et je tressaillis. Pourquoi me fixait-elle ainsi ? N'était-il pas impoli de toiser ainsi les gens ? Ou cette règle ne s'appliquait-elle plus à moi ? Puis je pris conscience que les vitres teintées de la voiture étaient si sombres qu'elle ne se rendait sans doute pas compte que je m'y trouvais, encore moins que je l'avais surprise en train de me reluquer. Je tâchai de me consoler en concluant que ce n'était sans doute pas moi qu'elle examinait ainsi, mais le véhicule.
Mon véhicule. Je poussai un soupir.
Un nouveau coup d'oeil, à gauche cette fois. Un gémissement m'échappa. Deux piétons s'étaient figés sur le trottoir au lieu de traverser la rue. Derrière eux, M. Marshall était pétrifié dans la vitrine de sa petite boutique de souvenirs. Du moins n'avait-il pas le nez collé au carreau. Pas encore.
Le feu passa au vert et, toute à ma hâte de fuir, j'appuyai sur l'accélérateur sans réfléchir, comme je l'aurais fait pour ébranler mon antique camionnette Chevrolet. Le moteur grondant comme une panthère en chasse, la voiture bondit avec une puissance telle que je fus plaquée sur le siège en cuir noir, et que mon estomac s'écrasa contre ma colonne vertébrale.
— Aaahhh ! criai-je en cherchant la pédale de frein.
Je l'effleurai, ce qui n'empêcha pas l'engin de s'arrêter net, avec un soubresaut. Je n'osai inspecter les alentours afin de jauger les réactions des témoins. Si quelqu'un avait eu des doutes quant au conducteur de cette automobile, ce n'était plus le cas à présent. De la pointe de ma chaussure, j'enfonçai l'accélérateur d'un millimètre, et la voiture repartit à toute vitesse.
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date : 07-08-2011
—Mary K., Bakker n'est pas digne de confiance, j'espère que tu t'en rends compte, ai-je dit à ma soeur le lendemain matin dans la voiture.
J'avais essayé de ne pas employer un ton trop sec, c'était raté. Elle n'a pas répondu et s'est contentée de regarder par la vitre. Le givre avait tout recouvert d'une couche de sucre glace.
Je conduisais doucement afin d'éviter les plaques de verglas qui s'étaient formées sur les nids-de-poule boueux. Mon souffle formait des nuages dans l'habitacle de Das Boot.
—Je sais qu'il est sincèrement désolé, ai-je poursuivi. Mais je crois qu'il est incapable de se contrôler.
Avez vous apprécié cet extrait ? +2
d'un ton qui résonna comme une menace.
Beth se jeta littéralement entre nous.
- Fiche-lui la paix ! gronda-t-elle.
- Elle m'appartient. Nous nous appartenons l'un à l'autre,
répondit-il, d'un ton calme. Tu ne peux rien contre ça, louve.
- Elle ne peut pas te tuer à cause de ce foutu truc charnel
entre vous, mais moi, si. Alors, garde tes distances, connard, fitelle
tandis que ses yeux viraient au jaune.
J'avais instinctivement enroulé mes bras autour de mon corps
comme pour créer une barrière de protection. Mes ongles se
plantaient dans mes côtes.
- Regarde-la. Et dis-moi qu'elle ne veut pas de moi...
répondit-il d'un ton condescendant.
- Mark ! fit tout à coup Fergusson, en fronçant les sourcils. Ça
suffit. Ce n'est ni le lieu, ni le moment !
Le muteur terrifié du début s'était transformé en médecin sûr
de lui, contrarié qu'on puisse entraver son travail avec nos petits
conflits personnels. Super.
- Désolé, fit Mark en reculant contre le mur.
Avez vous apprécié cet extrait ? +12
- Qui êtes-vous ? aboya-t-il en me lançant un regard hostile.
Il avait une taille moyenne et ressemblait à un représentant.
Ou à un commercial quelconque.
- Quelqu'un qui n'a pas de temps à perdre avec ces
enfantillages, répondis-je en le fusillant du regard.
- On vous a demandé qui vous étiez, grogna méchamment un
grand type baraqué flanqué sur sa droite.
Je reconnus aussitôt Dante. Nous nous étions brièvement
croisés chez Beth lors d'un barbecue, avant que je ne devienne
Assayim. Et si lui ne se souvenait pas de moi, son aspect
physique le rendait difficile à l'oublier.
Ses bras étaient tatoués, son crâne entièrement rasé et son
blouson de cuir portait des insignes tribaux. Il ressemblait à un
lutteur de fête foraine ou à un Hell's Angel. Un genre
généralement peu apprécié par les loups qui préféraient
généralement adopter une apparence inoffensive et ordinaire.
- Dante, fiche-lui la paix, entendis-je gronder Beth un peu
plus loin.
Elle avait fait demi-tour et tentait de se frayer un chemin
jusqu'à moi.
- Écarte-toi, dis-je d'un ton peu cordial.
Il me jeta un regard haineux.
- Ou quoi ?
Je sentais qu'il mourait d'envie de se défouler sur quelqu'un.
Malheureusement pour lui, il n'avait pas tiré le bon numéro.
- Ou tu risques de passer un sale quart d'heure, dis-je.
- Tu frais mieux de l'écouter et d'laisser la dame tranquille, fit
une voix que je reconnus aussitôt.
Linus me regardait en souriant. Il n'avait pas changé. Toujours
ce physique un peu rugueux de rugbyman et son horrible accent
du Sud.
- Cette humaine n'a rien à foutre ici, cracha Dante.
Les loups ne pouvaient pas sentir mon énergie. Et aucune
créature surnaturelle n'en était capable d'ailleurs. Ça faisait
partie de mes pouvoirs. Et m'avait permis pendant dix ans de me
cacher parmi les humains et d'échapper aux traqueurs de mon
clan.
- Et qu'est-ce que tu comptes faire ? Me jeter dehors ?
demandai-je d'une voix glaciale.
- Non. Je vais devoir te buter, ma jolie, fit-il en gonflant ses
pectoraux.
Les autres membres de la meute s'étaient instinctivement
reculés pour nous faire de la place et assister à ma mise à mort.
Ça m'ennuyait presque de les décevoir.
- Tu te souviendras que tu ne m'as pas laissé le choix, dis-je
d'un air mauvais.
Il se mit à rire et me poussa contre le mur, mais pas assez
violemment pour m'assommer. Il avait visiblement envie de faire
durer. Moi pas. J'appelai mon pouvoir. La magie afflua alors des
fenêtres, du sol, de l'air et pénétra ma peau comme une tornade.
Puis, explosa en milliers de tentacules qui se projetèrent vers
Dante. Elles s'engouffrèrent dans sa bouche, son nez, son ventre,
ses jambes et le soulevèrent à un mètre du sol tandis qu'il
poussait un hurlement de douleur.
- Alors mon loup, tu disais ? murmurai-je en m'approchant
de lui assez près pour que la brûlure de mon pouvoir s'intensifie
et le fasse convulser.
Je sentis soudain un mouvement dans mon dos.
- Un seul geste et je le tue ! clamai-je sans tourner la tête.
- J'te présente Rebecca Kean, Dante. L'Assayim du Directum,
dit Linus, hilare.
Avez vous apprécié cet extrait ? +36
Beth pinça ses lèvres pour ne pas rire.
- Un pick-up ?
- Ben oui. C'est un bon truc pour trimballer des corps.
- Tu m'as prise pour qui ? Un. employé des pompes funèbres
?
- Ben... si on regarde les choses en face, je dirais que tu as
enterré plus de gens ces derniers temps que Morbin&Hamer.
Morbin&Hamer était le croque-mort local. D'après la rumeur, les
enterrements qu'ils organisaient étaient de toute première
classe...
- Qui t'a parlé de ça ? demandai-je en lançant un regard noir
à Beth.
Elle secoua la tête en signe de dénégation.
— Personne. Mais je sais ce qu'est un Assayim et j'ai compté le
nombre de fois où tu es rentrée à la maison avec des vêtements
tachés de sang, dit-elle en continuant de fredonner.
- Remarque, fit Beth, elle n'a pas tort pour le pick-up. On
pourrait peut-être demander au Directum de te fournir une
voiture de fonction.
- Ne me donne pas de faux espoirs, je suis fragile en ce
moment, raillai-je.
Avez vous apprécié cet extrait ? +21
- Comment est-ce arrivé ? demandai-je doucement.
- On l'a retrouvée dans sa chambre. Elle a été violée et
assassinée.
- Dans sa chambre ? Tu veux dire dans la maison de ses
parents ?
Elle hocha la tête d'un air sombre.
Pourquoi fallait-il toujours que ça tombe sur son clan ? Deux
mois plus tôt, ils avaient déjà perdu un jeune Bêta, enlevé par
une bande de scientifiques complètement tordus. J'avais réglé le
problème, mais le père de la victime, Jerry, y était resté, et la
meute était encore traumatisée.
- Et où étaient-ils ? Les parents, je veux dire...
- En week-end chez leur fille aînée. Ils avaient laissé Myriam
à la maison parce qu'elle avait insisté pour rester avec son fiancé.
Ils devaient peaufiner les préparatifs de la fête.
Tuer un loup-garou était assez compliqué. Pas infaisable.
Particulièrement avec des balles en argent, mais compliqué. Ils
avaient une force herculéenne et guérissaient systématiquement
des blessures qui leur étaient infligées. Le coupable n'était
sûrement pas humain.
- A quel titre veux-tu que j'intervienne ?
Elle fronça les sourcils, un instant désarçonnée.
- Comment ça ?
Je renouvelai ma question.
- Tu me le demandes en tant qu'amie ou qu'Assayim ?
Avez vous apprécié cet extrait ? +10
- Tu devrais changer de vêtements, tout le monde va encore
penser que je suis ta petite soeur, dit-elle en riant.
Je fronçai les sourcils et jetai un coup d'oeil au reflet dans la
glace posée devant l'armoire de ma chambre. J'avais 26 ans, mais
on me donnait rarement plus de 20. Et j'étais incroyablement
jolie. Deux sacrés handicaps pour un Assayim qui avait besoin
d'être pris au sérieux.
- Tu veux que je te démêle les cheveux ?
Ma fille adorait me coiffer. Et mes cheveux bruns, longs et
épais, nécessitaient pas mal de soins.
- Non, on verra plus tard.
- Mais t'as des noeuds partout !
- Et alors ? Je ne vois vraiment pas où est le problème, râlaije,
les cheveux hirsutes et la bouche pâteuse, en me
dirigeant vers la cuisine.
- Maman, s'il te plaît.
- Chérie, on va aller s'entraîner, pas défiler à l'élection de
Miss Univers. Laisse-moi tranquille et va réviser tes
incantations. Je ne tiens pas à ce que tu te blesses.
- Je ne suis pas nulle à ce point...
- Je ne l'étais pas non plus, mais une fois, je suis tombée dans
le coma pendant près de deux jours.
- Qu'est-ce qui t'était arrivé ? demanda-t-elle.
Avez vous apprécié cet extrait ? +19
Quand Bruce me déposait à la maison, une heure plus tard, le
soleil d'août pointait déjà son nez mais il faisait encore un peu
frisquet. Burlington, Vermont, Nouvelle-Angleterre était plus
réputée pour son calme, son lac, sa proximité avec les stations de
ski et ses longs hivers que pour la chaleur de ses étés. Ici, la
température dépassait rarement les trente degrés.
- Maman ?
Ma fille, Leonora, était assise en tailleur, par terre, devant la
télévision.
- Tu es déjà réveillée ?
Les volets étaient encore fermés. Depuis quelque temps, elle
supportait de plus en plus difficilement la lumière du soleil.
- Je sens l'odeur de Bruce, fit-elle en se levant brusquement.
Il était encore avec toi ? Vous vous êtes bien amusés ?
Ses cheveux bruns tombaient le long de son dos et ses yeux
avaient la couleur de l'émeraude. Dans quelques années (et
quelques centimètres de plus), on aura l'air de vraies jumelles.
- Oh oui, tu penses... une vraie fiesta, répondis-je en
balançant mes baskets sur le sol.
Elle se releva brusquement et je vis ses narines se pincer.
- Il y a des gouttes de sang sur tes chaussures, fit-elle, tandis
que deux petits crocs de vampire descendaient lentement sur ses
gencives.
- Léo, fais attention, dis-je, tu vas encore te couper les lèvres.
- Oh pardon ! fit-elle en posant la main sur sa bouche.
Le père de Léo était un vampire. Ce qui aurait dû le rendre
incapable de procréer. Mais j'avais toujours eu le chic pour les
situations inédites. Les phénomènes étranges et inexpliqués. Les
catastrophes en chaîne. Bref, pour les emmerdes...
- Tu as bien dormi ?
- Oui. Beth t'a laissé un message, fit-elle en me tendant un
morceau de papier.
Je lus rapidement les quelques mots griffonnés sur une
enveloppe : « J'ai dû partir à 5 heures. Léo dort. Tout s'est bien
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Chapitre 1
— Un cow-boy, un avocat et une garagiste regardaient La Reine des Damnés, murmurai-je.
Warren, qui, il y a très longtemps, avait effectivement été un cow-boy, ricana en remuant ses orteils nus :
— On dirait le début d’une blague à deux balles ou d’une histoire qui fait peur.
— Non, intervint Kyle, l’avocat, dont la tête reposait sur ma cuisse, si c’était une histoire qui fait peur, cela commencerait ainsi : « Un loup-garou, son bel amant et une changeuse…»
Le loup-garou en question, Warren, eut un rire amusé et secoua la tête :
— Non, pas assez clair. Personne n’a la moindre idée de ce qu’est une changeuse.
En général, on nous confondait plutôt avec les marcheurs de peau, puisque ces deux créatures sont des métamorphes amérindiens. Cela ne m’étonnait pas, vu que le terme de « changeur » était probablement l’invention d’un Blanc ignorant incapable de faire la différence.
Mais je ne suis pas une marcheuse de peau. Déjà, je ne viens pas de la bonne tribu. Mon père était un Pied Noir, originaire du nord du Montana, alors que l’on retrouvait plus les marcheurs de peau dans les tribus du Sud-Ouest, en particulier chez les Hopis et les Navajos.
De plus, les marcheurs de peau, comme leur nom l’indique, ont besoin de la dépouille d’un animal, loup ou coyote, la plupart du temps, pour pouvoir changer d’aspect, et leurs yeux restent toujours les mêmes. Ce sont des magiciens maléfiques qui répandent la mort et la pestilence où leurs pas les mènent.
Quand je me transforme en coyote, je n’ai nul besoin d’une peau ou – je considérai Warren, autrefois cow-boy et aujourd’hui loup-garou – de la Lune. Sous mon aspect de coyote, je ressemble à
5
n’importe lequel de mes congénères. Un être assez inoffensif, si l’on devait le placer dans la hiérarchie de pouvoir des créatures magiques de l’État de Washington. C’était d’ailleurs l’une des raisons qui m’avaient permis de rester en sécurité jusqu’à présent : je n’étais pas assez dangereuse pour mériter qu’on s’occupe de mon cas. Néanmoins, tout cela avait un peu changé ces derniers temps. Pas que je sois soudain devenue plus puissante, non, mais mes actions avaient attiré l’attention de certains. Et si les vampires découvraient que j’avais tué non pas seulement un, mais deux des leurs…
Comme si le film avait lu dans mes pensées, je vis un vampire traverser l’écran de télévision, l’un de ces écrans géants qui n’auraient même pas tenu dans le salon de mon mobil-home. Le vamp était torse nu et la ceinture de son pantalon tombait quelques centimètres sous les muscles très sexy de ses hanches.
À mon grand dam, ce fut de la peur, et non du désir, que je ressentis face à cette image. Bizarre comme le fait de tuer des vampires ne les rendait que plus effrayants. Mes rêves étaient peuplés de vampires rampant hors des interstices de mon parquet, murmurant dans les coins sombres, de la sensation du pieu s’enfonçant dans la chair et de crocs déchirant mon bras.
Si Warren avait reposé sa tête sur mes genoux et non pas Kyle, il aurait remarqué mon malaise. Mais Warren, étendu au sol, était captivé par l’écran.
— Vous savez quoi ? dis-je d’un ton léger en m’enfonçant encore plus profondément dans les coussins moelleux du canapé en cuir (celui-ci trônait dans la salle télé au premier étage de l’énorme maison de Kyle). Je me demandais pourquoi Kyle avait choisi ce DVD. Bizarrement, je ne m’attendais pas qu’il y ait tant de jeunes mâles dévêtus dans un film dont le titre est La Reine des Damnés.
Warren eut un ricanement de dérision en saisissant une poignée de pop-corn dans le bol posé sur son ventre plat et dit, avec une nette pointe d’accent texan :
— Tu t’attendais à plus de femmes nues et moins de garçons à moitié à poil, Mercy ? Pourtant, tu devrais mieux connaître Kyle. (Il désigna l’écran en riant doucement :) Hé, je ne savais pas que les vampires n’étaient pas soumis aux lois de la gravité. Vous avez déjà vu un vampire suspendu au plafond, vous ?
6
Je secouai la tête et regardai le vampire en question se laisser tomber sur ses deux groupies de victimes.
— Oh, ils en seraient bien capables. Après tout, je n’en ai pas encore vu manger des gens, non plus. Beurk.
— Chut, vous deux. J’aime ce film, plaida Kyle, l’avocat, pour défendre son choix. Plein de jolis garçons qui se tortillent dans des draps et galopent partout seulement vêtus de pantalons à taille basse. Je me disais que ça te plairait à toi aussi, Mercy.
Je baissai mes yeux vers son corps tonique et bronzé et me fis la réflexion qu’il était plus intéressant que n’importe lequel de ces jolis garçons à l’écran, plus réel.
Au premier regard, il avait tout du stéréotype de l’homosexuel, en passant par le gel dans ses cheveux coupés chaque semaine jusqu’aux vêtements de luxe sur mesure qu’il portait. Et si l’on s’arrêtait à cela, on risquait de ne pas voir l’extrême intelligence qui se dissimulait sous cette belle façade. Ce qui était d’ailleurs le but de la manoeuvre, Kyle étant ce qu’il était.
— Ce film n’est vraiment pas assez mauvais pour mériter de figurer dans nos soirées navets, reprit Kyle, pas vraiment inquiet à l’idée de nous empêcher de suivre l’action : aucun d’entre nous ne regardait celui-ci pour ses dialogues étincelants. J’aurais bien pris Blade III, mais, étonnamment, il était déjà loué.
— Tout film où joue Wesley Snipes mérite d’être vu, même s’il faut pour cela couper le son, décrétai-je en me tortillant pour attraper une poignée de pop-corn dans le bol de Warren.
Ce dernier était toujours un peu maigre. Avec son boitillement, c’était la seule séquelle des blessures qu’on lui avait infligées un mois plus tôt, et dont j’avais cru qu’elles lui seraient fatales. Mais les loups-garous sont costauds, heureusement, car, sinon, il aurait été l’une des nombreuses victimes d’un vampire possédé par le démon. Celui-ci était le premier vampire que j’avais tué, avec la permission expresse de la maîtresse de l’essaim de vampires du coin. Le fait qu’elle ne s’attendait vraiment pas que je le tue n’entrait pas en compte, je l’avais fait avec sa bénédiction. Elle n’avait pas le droit de me punir pour sa mort, et elle ignorait que j’étais derrière celle de l’autre vampire.
— Sauf s’il joue les travestis, grogna Warren.
Kyle pouffa en acquiesçant :
7
— Wesley Snipes est certes un bel homme, mais il fait une femme d’une laideur atroce.
— Hé, objectai-je en revenant à la conversation en cours, Extravagances était un bon film.
Nous l’avions regardé chez moi la semaine précédente.
Un bourdonnement léger retentit du bas de l’escalier et Kyle se releva du canapé dans un mouvement gracieux de danseur qui échappa totalement à Warren. Celui-ci était en effet focalisé sur l’écran, même si son grand sourire n’était probablement pas la réaction que les auteurs avaient voulu susciter chez le spectateur en imaginant cette scène de festin sanglant. Ce que je ressentais, moi, en revanche, y ressemblait peut-être plus. Il m’était bien trop facile de m’imaginer à la place de la victime.
— Les brownies sont prêts, mes chéris, dit Kyle. Quelqu’un veut quelque chose à boire ?
— Non merci, dis-je en me répétant devant le spectacle du repas des vampires que ce n’était qu’un film.
— Warren ?
Entendre son nom réussit à sortir Warren de sa transe télévisuelle :
— Un peu d’eau, merci.
Warren n’était pas aussi mignon que Kyle, mais il maîtrisait à merveille le style « rude homme de la pampa ». Il admira Kyle qui descendait l’escalier avec des yeux gourmands.
Je réprimai un sourire. Cela faisait du bien de voir Warren de nouveau heureux. Mais son regard sérieux se porta sur moi aussitôt que nous fûmes seuls. Il monta le son avec la télécommande et se redressa en se tournant vers moi, sachant que Kyle ne pourrait entendre ce que nous dirions.
— Il faut que tu choisisses, me dit-il sur un ton pressant. Adam ou Samuel, ou aucun des deux. Mais tu ne peux pas les laisser dans cette situation.
Adam était l’Alpha de la meute de loups-garous de la ville, mon voisin, et parfois mon cavalier. Samuel était mon premier amour, ma première grande déception et, ces temps-ci, mon colocataire. Et seulement cela, même s’il aurait parfois aimé plus.
Je ne faisais confiance ni à l’un ni à l’autre. Sous l’apparence bonhomme de Samuel se dissimulait un prédateur patient et sans
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pitié. Et Adam… eh bien, Adam me fichait tout simplement les jetons. Et ce qui me faisait encore plus peur, c’est que je croyais bien être amoureuse des deux.
— Je sais.
Warren baissa le regard, ce qui trahissait son malaise.
— Je n’ai pas sorti les décorations de Noël juste pour le plaisir de t’enguirlander, Mercy, la situation est sérieuse. Je sais bien que ce n’est pas facile, mais il est impossible que deux loups dominants se disputent la même femelle sans qu’à un moment ou un autre, le sang coule. Et aucun autre loup ne t’aurait laissé une telle marge de manoeuvre, mais si tu ne fais rien rapidement, l’un d’eux va finir par craquer.
Mon téléphone sonna, faisant retentir la « Baby Elephant Walk ». Je le sortis de ma poche et regardais qui appelait.
— J’en ai bien conscience, répondis-je à Warren. Je n’ai juste pas la moindre idée de ce que je dois faire.
L’amour persistant qu’il me portait n’était que l’un des problèmes de Samuel, mais cela ne concernait que nous deux, pas Warren. Quant à Adam… pour la première fois, je me demandai s’il ne vaudrait pas mieux que je lève tout simplement le camp.
Le téléphone sonnait toujours.
— C’est Zee, dis-je. Il faut que je réponde.
Zee était mon ancien employeur et mon mentor. Il m’avait tout appris : comment reconstruire de zéro un moteur… et comment tuer les vampires responsables de la patte folle de Warren et des cauchemars qui lui faisaient un regard fatigué. Cela lui donnait donc le droit d’interrompre le sacro-saint Cinéma du Vendredi Soir.
— Réfléchis-y, insista Warren.
Je lui fis un petit sourire et ouvris mon téléphone :
— Salut, Zee.
Il y eut un moment de silence, puis mon mentor dit, d’un ton étrangement incertain que l’accent allemand ne pouvait camoufler :
— Mercedes.
Quelque chose n’allait pas.
— Que se passe-t-il ? dis-je en me redressant sur le canapé. Warren est avec moi, précisai-je afin que Zee sache que la conversation ne serait pas confidentielle.
9
La présence d’un loup-garou rendait tout concept de conversation privée complètement obsolète.
— Cela te dérangerait-il de m’accompagner à la réserve ?
La réserve en question aurait pu être celle d’Umatilla, juste à l’extérieur des Tri-Cities, mais vu que c’était Zee qui me parlait, j’imaginais qu’il s’agissait en fait de la réserve Ronald Wilson Reagan, non loin de Walla Walla, plus connue sous le sobriquet de « Royaume des Fées ».
— Maintenant ? demandai-je.
En même temps, me dis-je en considérant le vampire à l’écran, même s’ils n’avaient pas parfaitement réussi à transcrire la nature intrinsèquement maléfique de ces créatures, c’était bien trop proche de la réalité à mon goût. Et bizarrement, je ne voyais pas d’inconvénient majeur à rater la fin du film… ou à cesser cette conversation sur mes amours, d’ailleurs.
— Non, grogna Zee d’un air agacé, la semaine prochaine. Jetzt. Bien entendu, maintenant ! Où es-tu ? Je passe te prendre.
— Tu sais où Kyle habite ? lui demandai-je.
— Kyle ?
— Le copain de Warren. (Zee connaissait ce dernier, je me rendis compte qu’il n’avait jamais rencontré Kyle.) C’est à West Richland.
— Donne-moi l’adresse, je me débrouillerai.
Le camion de Zee ronronnait en remontant l’autoroute, alors qu’il était plus vieux que moi. Dommage que les sièges n’aient pas été dans l’état impeccable du moteur, me dis-je en bougeant mon derrière pour éviter qu’un ressort récalcitrant s’y enfonce trop profondément.
La lumière du tableau de bord éclairait le visage buriné que Zee arborait à la face du monde. Ses fins cheveux blancs étaient ébouriffés comme s’il s’était frictionné le crâne.
Warren n’avait pas poursuivi la conversation au sujet d’Adam et de Samuel parce que, Dieu merci, Kyle était revenu avec ses brownies. Je n’étais pas contrarié par son intervention : après tout, j’étais moi-même assez intervenue dans sa vie sentimentale pour considérer qu’il en avait un peu le droit. C’est juste que je n’avais pas envie de penser à ça.
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Un an plus tôt
9 juillet, Ashford, Géorgie, États-Unis
Température : 34 °C à l'ombre. Taux d'humidité de l'air : quatre-vingt-dix-sept pour cent.
Dans le Sud profond, l'été est d'une chaleur suffocante. En revanche, il n'y a pratiquement pas d'hiver, ce qui me convient à merveille. J'aime à peu près toutes les saisons : l'automne avec son cortège de nuages et de crachin, un temps idéal pour rester à la maison avec un bon bouquin ; l'été et son ciel d'un bleu éclatant - sauf l'hiver. La neige, le verglas, très peu pour moi. Je me suis toujours demandé comment les gens du Nord pouvaient supporter la rudesse de leur climat... et surtout, pourquoi ils le faisaient. Mais je suppose que c'est une bonne chose qu'ils s'en satisfassent. Sinon, ils voudraient tous vivre ici, et il n'y aurait pas assez de place pour tout le monde.
En vraie fille du Sud habituée aux températures caniculaires, je prenais un bain de soleil au bord de la piscine de mes parents, vêtue - si l'on peut dire - d'un bikini à pois roses idéalement assorti à mon nouveau vernis à ongles Rêve de Grenadine. Paresseusement étendue sur un transat, j'avais relevé mes longs cheveux blonds sur le sommet de mon crâne en l'un de ces chignons grotesques que l'on ne peut se permettre que dans l'intimité de sa salle de bains, ou lorsqu'il n'y a personne à l'horizon. Mes parents étaient absents. Pour fêter leurs trente ans de mariage, ils s'étaient offert une croisière dans les îles qui avait débuté quinze jours plus tôt à Maui et devait s'achever une semaine plus tard à Miami.
Depuis leur départ, je travaillais activement à mon bronzage. Entre deux siestes, je plongeais dans l'eau bleue pour me rafraîchir, avant de m'étendre de nouveau au soleil.
Mon iPod branché sur la chaîne hi-fi de mon père, sur la table en teck de la terrasse, j'écoutais la sélection de chansons que j'avais spécialement préparée en vue de mes séances de farniente : un choix des cent meilleurs tubes des vingt ou trente dernières années, option « Ne fatiguons pas nos méninges ».
« What a Wonderful World », s'extasiait Louis Armstrong, et dans l'ensemble, j'étais bien d'accord avec lui. Je dois reconnaître que je ne suis pas toujours en phase avec ma génération, laquelle est en général persuadée qu'il n'y a rien de plus cool que d'afficher son cynisme et ses airs blasés dans les soirées étudiantes.
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— NOUS AVONS BETH DE TAMPA A L'ANTENNE. Salut Beth.
— Salut Kitty. Il y a une question que j'ai envie de poser depuis longtemps. Est-ce que tu crois que Dracula existe toujours ?
Je me suis appuyée sur l'accoudoir de mon fauteuil et j'ai fixé le micro avec de grands yeux ronds.
— Dracula ? Comme dans le livre ? Le personnage ?
Beth de Tampa semblait joyeuse et enthousiaste.
— Ouais. Ben quoi, c'est quand même le plus connu de tous les vampires. Il était vachement puissant et tout, et je n’arrive pas à croire que Van Helsing et sa bande aient réussi à l'éliminer.
J'ai fait de mon mieux pour rester polie.
— Mais si, ils ont réussi. C'est un livre, Beth. C'est de la fiction. Ce sont des personnages de roman.
— Mais tu répètes à qui veut l'entendre, semaine après semaine, que les vampires et les loups-garous existent pour de bon. Sûrement qu'un livre comme ça s'est inspiré de faits réels. Il ne s'appelait peut-être pas Dracula, mais Bram Stocker a dû créer son personnage d'après un vrai vampire, tu ne crois pas ? Tu ne t'es jamais demandé qui pouvait être ce vampire ? Stocker avait peut-être rencontré un vrai vampire, il s'en était peut-être même effectivement inspiré pour son personnage de Dracula. Mais si ce vampire était toujours dans les parages, j'étais prête à parier qu'il se cachait au fond d'un trou tellement il avait honte d'être associé à ce bouquin.
— Même si tu as raison et que Stocker s'est inspiré d'un vrai vampire, les événements qu'il raconte sont sortis tout droit de son imagination. Je dis ça parce que Dracula n'est pas vraiment un livre sur les vampires, ni sur la chasse aux vampires. Ce livre traite de milliers d'autres choses : de sexualité, de religion, d'impérialisme inversé, de xénophobie. Mais le thème central de ce bouquin, c'est la technologie qui sauve le monde.
J'ai marqué une légère pause pour jouir de mon petit effet. J'adorais cette partie.
— Réfléchis bien. Ils en font tous des tonnes à propos de leurs machines à écrire, leurs phonographes, la sténographie... c'est comme un techno-thriller d'époque. Et à la fin, ils trouvent la solution grâce à Mina qui est vraiment top pour la saisie et la recherche de données. Qu'en dis-tu ?
— Euh... J'en dis que c'est un peu tiré par les cheveux.
— Tu as lu le bouquin ?
— Ben, non. Mais j'en ai vu plusieurs versions au cinéma ! a-t-elle ajouté avec force, comme si cela la rachetait.
J'ai réprimé un grognement.
— OK. Quel est le film que tu as préféré ?
— Celui avec Keanu Reaves !
— Ça m'aurait étonnée !
Je lui ai raccroché au nez.
— Auditeur suivant.
— Kitty, hé ! Ça fait longtemps que je t'écoute mais c'est la première fois que je téléphone. Je suis vraiment content que tu aies pris mon appel.
— Avec plaisir. Qu'est-ce que tu as à nous dire ?
— Ben, j'ai une question à te poser. As-tu une idée des liens qu'il peut y avoir entre les lycanthropes et la communauté jurry ?
Le conducteur disait que ce type avait une question à propos des lycanthropes et des modes de vie alternatifs. Le réalisateur qui filtrait les appels faisait du bon boulot dans l'approximation. Je savais bien que le sujet finirait par tomber. Apparemment, le moment était venu et je ne pouvais plus y couper.
Qu'à cela ne tienne. Mes auditeurs attendaient que je sois sincère.
— Tu sais, ça va faire bientôt un an que j'anime cette émission, et personne n'avait encore abordé la question des furries. Merci de piétiner le peu de dignité qui me reste.
— Pas la peine d'être si...
— Écoute, sérieusement. Pour répondre à ta question, je n'en ai pas la moindre idée. Ce sont deux choses différentes. La lycanthropie est une maladie. Les furries font ça... parce que ça leur plaît. Ce qui signifie sans doute qu'on peut être les deux à la fois. Et quand tu parles de furries, tu veux dire les fans des animaux anthropomorphiques dans les dessins animés, genre les renards sur deux jambes, ou les gens qui enfilent des costumes d'animaux pour s'envoyer en l'air ? Peut-être qu'une partie des auditeurs qui m'appellent pour savoir comment devenir des loups-garous sont en réalité des furries désireux de passer à l'étape supérieure ? Combien des loups-garous que je connais sont en fait des furries ? Ce n'est pas une question que je pose aux gens en règle générale. C'est un peu compliqué, tu vois.
— Mouais. Mais je me demande quand même, si une personne est persuadée qu'elle était faite pour appartenir à une autre espèce — comme les transsexuels qui sont persuadés d'être des femmes et qui se font opérer, tu vois dans ce cas, tu ne crois pas qu'il est raisonnable de...
—- Non. Ce n'est pas raisonnable. Dis-moi, est-ce que tu penses que tu étais fait pour appartenir à une autre espèce ?
Il a exhalé un profond soupir, du genre de ceux qui précèdent une confession vraiment très glauque, de celles que le gros de mes auditeurs adorait.
— Je rêve souvent que je suis un alpaga.
J'ai légèrement tiqué, convaincue que j'avais mal entendu.
— Pardon ?
— Un alpaga. Je fais tout le temps des rêves où je suis un alpaga. Je suis dans les Andes, tout en haut des montagnes. Dans la vallée voisine, il y a les ruines d'une grande cité inca. Tout est si vert.
Il aurait pu décrire les photos d'un numéro de National Géographie.
— Et l'herbe a un goût délicieux.
Bon, d'accord, ça ce n'était pas dans National Géographie.
— Hum... Intéressant.
— J'aimerais aller là-bas un jour. Voir les Andes de mes propres yeux. Est-ce que... par le plus grand hasard, est-ce que tu connaîtrais un alpaga-garou ?
Si ce n'était pas si déprimant, je lui aurais ri au nez.
— Non, je ne connais pas ça. Tous les lycanthropes dont j'ai entendu parler sont des prédateurs, alors ça ne me semble pas très probable.
— Oh, a-t-il soupiré. Tu crois que j'ai pu être un alpaga dans une vie antérieure ?
— Sincèrement, je n'en sais rien. Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider. J'espère vraiment que tu trouveras un jour une réponse à tes questions. Je pense qu'aller dans les Andes est une super-idée.
Voyager et découvrir le monde ne faisait de mal à personne, à mon avis.
— Merci de ton appel.
Après ça, je ne voyais pas trop dans quelle direction je pouvais embrayer. J'ai pris une ligne au hasard.
— Auditeur suivant, de quoi veux-tu parler ?
— Salut Kitty. Ouais... Euh, merci. Je... Je crois que j'ai un problème.
C'était un homme, voix de ténor fatiguée. J'avais toujours une oreille attentive pour les voix fatiguées ; leurs problèmes étaient souvent croustillants.
— Voyons voir ce qu'on peut faire pour toi. Quel est le problème ?
— Tout a commencé quand ces deux types sont arrivés en ville. Un loup-garou et un vampire. Ils sont en couple, tu vois le truc ?
— Il y a donc ces deux types. Tu veux dire deux hommes, c'est bien ça ?
— Correct.
— Et le problème, c'est...
— Jusque-là, il n'y a pas de problème. Et puis un tueur à gages s'est amené pour tuer le vampire ; je suis sûr que c'est l'ancienne esclave humaine du vampire qui l'a envoyé.
— Ce vampire voyageait sans son esclave humaine ?
— Oui, il l'a laissée tomber pour partir avec le loup-garou.
C'était déjà assez compliqué comme ça, mais j'ai pris mon courage à deux mains pour le relancer.
— Et alors ?
— Alors, un autre loup-garou s'est pointé ; une fille, l'ancienne femelle Alpha du premier loup-garou avant qu'il se fasse la malle avec le vampire. Elle voulait le récupérer, et lui a sorti le grand jeu comme quoi les loups s'accouplent pour la vie et tout ça, mais lui ne voulait plus rien avoir à faire avec elle, alors il a engagé le même tueur pour se débarrasser d'elle...
— Et ce chasseur de primes ne s'appellerait pas Cormac par hasard ?
Je connaissais un chasseur de loups-garous et de vampires du nom de Cormac, et c'était bien le genre de trucs foireux auquel il aurait pu être mêlé.
— Non.
Ouf.
— C'était juste pour savoir.
Son histoire commençait à devenir bien glauque. À chaque fois que je pensais qu'il venait de nouer le dernier nœud de la comédie de mœurs surnaturelles qui se jouait dans cette bourgade, mon auditeur en rajoutait une couche.
J'ai fini par réussir à en placer une et je lui ai demandé :
— Et quel rôle joues-tu exactement dans cette histoire ?
Il a poussé un gros soupir.
— Je suis l'esclave humain du Maître des vampires du coin, et je leur sers à tous de messager. « Dis-leur qu'ils doivent quitter la ville. » « Dis à ton maître que nous ne voulons pas partir ! » « Dis au chasseur de primes qu'on lui rachète ses contrats ! » « Dis-lui que s'il ne revient pas, je me tire une balle en argent ! » Ça ne finit jamais ! Et moi, tout ce que je voudrais savoir...
Il cherchait sans doute un défouloir, et c'est ce que j'étais. Il n'allait peut-être pas me demander de démêler cet écheveau à sa place. J'ai croisé les doigts et je l'ai encouragé.
— Oui?
— ... C'est pourquoi on ne peut pas essayer de vivre tous ensemble ?
Bingo. C'était une nuit sans.
— Ça, coco, c'est la question à un million de dollars. Tu sais quoi ? Envoie-les se faire voir. Ce sont tous des égoïstes qui te refilent leurs histoires dans les pattes. Dis-leur qu'ils n'ont qu'à transmettre leurs messages tous seuls.
— Je... Je ne peux pas faire ça !
— Mais si tu peux. Il faut leur mettre le nez dans leur caca pour qu'ils se rendent compte combien tout ça est ridicule.
— Ben, moi je veux bien. Je leur ai déjà dit, mais...
— Mais quoi ?
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J'ai repéré Jeffrey Miles dans le public. Il m'a souri en levant les deux pouces. J'avais envie de l'embrasser, mais il était à l'autre bout de la salle.
Henderson s'est penché sur son micro en se raclant la gorge. Les bruits de pieds et de conversations se sont tus comme il appelait l'attention du public.
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