Extraits

— Sais-tu à quoi tu viens d'assister ? a demandé mon maître à Julien.

Julien l’a regardé avec une évidente inquiétude. Il devait craindre de devoir dépasser cette limite.

— Je… je…

— Si tu n’as pas compris, il vaut sans doute mieux que tu t'en ailles, a dit mon maître.

Julien semblait déçu de n’avoir pas réussi à passer ce test imposé par son dom temporaire.

— Si vous voulez, je peux essayer...

— Non, Julien. Si tu n’as pas vu la beauté de ce que nous venons de faire, ce ne serait pour toi que dégradation et humiliation. Et ce n’est rien de tel. Alors, il vaut mieux que tu partes.

J’étais désappointé, mais mon maître avait sans doute raison. Il était conscient de la totale inexpérience de notre invité et il préférait donner, enseigner plutôt qu’obliger un néophyte à ce qu’il n’était pas prêt à vivre parce qu’il n’en percevait ni le sens ni l’importance.

Julien pleurait. Il prétendait comprendre.

— Vous… vous lui avez offert une part de vous ! C’était comme… comme le vin consacré, comme une eucharistie ! C’était presque… mystique ! a-t-il dit avec passion.

Mon maître lui a souri.

— Le jour où tu ressentiras non pas le désir, mais le BESOIN de communier ainsi pour celui que tu considéreras comme ton seul vrai maître, tu seras devenu un esclave digne de ce titre. D’ici là, tu n’es qu’un joueur comme tant d’autres, rien de plus. Mais c’est bien de jouer ; tu es un débutant et c'est de cette façon que tu acquiers de l’expérience en attendant de rencontrer ton complément, celui qui réalisera tous tes espoirs et comblera tes manques.

Nous avons regardé les larmes mouiller le beau visage de Julien.