Miterrand l'autre histoire

Résumé

L'histoire de François Mitterrand avant 1945 a livré nombre de ses secrets. Il restait à explorer les années d'après guerre.

Qui aime bien châtie bien Dans l'intense floraison de livres prétendant, d'une manière ou d'une autre, faire le bilan des deux septennats ou de la carrière de François Mitterrand, celui de Paul Webster, qui a choisi de traiter les cinquante dernières années et donc de ne point s'attarder sur les années de jeunesse, étonnera plus d'un lecteur. D'abord parce que l'immuable correspondant du quotidien londonien Guardian à Paris apporte sur la vie du Président le regard, non exempt de fascination, d'un excellent connaisseur; mais qui feint de ne pas comprendre pourquoi les auteurs français ne choisissent pas la manière britannique pour parler des grands hommes, à savoir l'enquête minutieuse sur leurs secrets d'alcôve. Bien qu'il aborde le sujet, on sent qu'il s'est retenu, et qu'il regrette de n'avoir pas osé aller plus avant dans les histoires de coeur, lui qui a «reçu beaucoup de confidences sur les présumés exploits amoureux de François». Mais le lecteur apprendra là le drame ­ peu connu ­ que constitua pour le couple Mitterrand la perte de leur fils Pascal, peu de temps après leur mariage.

Ce sont donc des grandes lignes de force d'une carrière exceptionnelle qui font l'objet de soins particuliers. Par exemple, cet attachement quasi charnel pour la Nièvre qui aura marqué toute la carrière de François Mitterrand; l'auteur rappelle comment, après un premier échec électoral à Neuilly en 1946 sous l'étiquette du Parti républicain de la liberté, le publiciste Edmond Barrachin, qui voyait en lui un concurrent potentiel, lui lança un jour: «Ecoute, mon petit gars, il y a une place à prendre dans la Nièvre, démerde-toi, vas-y.» Et c'est ainsi que le futur président changea de cieux. Webster, qui entend donner aux lecteurs les moyens de se déterminer sur le fait de savoir si son héros «mérite d'être considéré comme un grand homme plutôt que comme un politicien habile», n'apporte pas de réponse. Mais à travers le jugement très sévère qu'il porte sur l'ensemble de la carrière, et singulièrement sur l'épisode vichyssois, ou sur les scandales financiers qui ont marqué son entourage durant ses deux septennats, on peut considérer que Webster fait sien le vieux précepte: Qui aime bien châtie bien.