Extraits

Les Tahitiennes portaient très souvent une fleur de tiaré à l'oreille, à gauche pour dire qu'elles étaient libres et à droite lorsqu'elles avaient un copain ou un mari.

Il paraît qu'à Ua pou, l'île voisine de la nôtre, un garçon est parti à Honolulu. D'accord, ce n'est pas l'Inde, mais c'est déjà très loin.

Mes amis viendront me chercher lors de leur prochaine tournée...

En les attendant, je finis d' écrire pour vous l' histoire de Mémine et je profite de la saveur des figues !

Mamie m’empêche de savoir ce qui s’est passé ensuite et évidemment je ne peux pas demander ce genre de choses à la maîtresse ; il est interdit de poser trop de questions sur le passé, on ne nous parle que de la catastrophe et des efforts à fournir. Mémine dit qu’il existait des millions de livres, de films, mais nous n’en voyons jamais. Le mot d’ordre est de se concentrer sur l’avenir de l’humanité. Plus tard, quand notre survie sera assurée, le gouvernement nous laissera consulter toutes les archives qu’il amasse à Pondichéry, la capitale de notre nouveau monde. Plus tard… quand nous aurons trouvé un moyen de régler le climat, de retourner vivre au-delà des tropiques. Pour cela, il faut beaucoup de monde, et donc beaucoup d’enfants.

Le secret, c’est que personne ne sait que nous avons Mémine à la maison parce que, aussi bavards que nous soyons dans la famille, aucun d’entre nous n’a révélé sa présence ici en vingt ans !

Sinon…

« Sinon, on nous l’enlèvera. »

Mémine raconte plein de choses, tout le temps, ça se voit qu’elle aime ça même si parfois elle se fait un peu prier. Mais elle commence à perdre la boule alors, plus le temps passe, plus elle répète les mêmes histoires. Et ses dessins sont de plus en plus tremblotants, mais heureusement, elle ne le voit plus, alors on ne le lui dit pas.