Extraits

Il a bientôt sorti du sac une grosse bouteille en plastique, de la taille d'un magnum et munie d'une poignée coulée dans la masse. Elle était si lourde que son avant-bras tremblait quand il l'a tendue à Julian.

Edgar ne se montrait aussi volubile que lorsque les Mutants se retrouvaient chez lui. Ils adoraient se réunir à son appartement. En dépit de ses allures effacées, il habitait en pleine Cité de Dieu, un immeuble années 1950 dont les locataires étaient essentiellement hispaniques ou chinois.

Peu après onze heures le lendemain matin, le cours de Mr Quat avait à peine débuté que le professeur s'est méchamment payé Curtis Jones, ainsi que ce dernier l'aurait sans doute exprimé.

"L'Amérique à l'âge de la Révolution" - celle de 1776, puis la révolution industrielle.

Nouveaux éclats de rire extasiés. Il n'empêche que c'étaient tout de même des... camarades.Charlotte aurait aimé être encore en plein milieu de l'examen ; pendant cette heure, au moins, elle s'était trouvée au sein d'un groupe qui se consacrait au même objectif, et puis, elle, en tout cas, s'était tellement absorbée dans sa tâche qu'elle n'avait plus eu la possibilité de penser à ... sa solitude.

Restée sur place les doigts plaqués contre les joues, Charlotte a attendu que les intrus soient hors de vue pour laisser éclater des sanglots désespérés qui semblaient venir de ses poumons. Son père a regardé ses mains, se demandant ce qu'il allait en faire et ce qu'il devait dire sa fille.

Charlotte avait compris à quoi il voulait en venir. Elle ne voulait pas aller jusque-là, bien-sûr, mais elle avait envie de lui faire plaisir, de passer ses mains dans ses cheveux, de l'amener à lui sourire comme il lui avait souri toute la soirée, seulement avec encore plus d'intensité extatique, de l'avoir à sa merci, comme un... animal.

Une première-année invitée à une soirée habillée à Washington par le plus cool représentant de la plus cool fraternité de Dupont ! Et pas n'importe quelle première-année : Moi, Charlotte Simmons ! (...) Elle s'est vue comme si elle se regardait d'au-dessus d'elle, comme par projection astrale, et ce qu'elle a vu l'a effrayé : une fillette solitaire récemment descendue de ses montagnes, vêtue d'un jean moulant, d'un tee-shirt et d'un affreux anorak couleur kaki, trop rembourré (...) lui donnait l'air d'une gamine de huit ans boursouflée...

Tout le monde connaissait l'imposant bâtiment, les gargouilles baroques qui surgissaient de ses parapets. A cette heure de la nuit, dans la faible lumière des réverbères, elles semblaient encore plus massives, de même que les ogives. Cette fois, Charlotte, qui ne voulait pas rester seule dans la voiture, a insisté pour accompagner Beverly. Ce n'était pas sa première visite, apparemment, car celle-ci est allée directement à une porte de service en chêne, ornée de gonds en fer médiévaux et protégée par une grille en fer forgé. Ensuite, il y avait un petit vestibule de style gothique. Devant, un escalier étroit ; à droite, une autre lourde porte et à gauche l'accès au vétuste ascenseur, qui a mis un temps considérable à arriver, ce qui a amené Beverly à jurer entre ses dents. AU troisième étage, elle est sortie, elle gîtait toujours autant. Elle a descendu le couloir en faisant claquer ses talons, le bruit se répercutant le long des hauts murs cirés jaune ocre.

Qui, à Sparta, caresserait même l'idée d'avoir son fils ou sa fille à Dupont University ? Personne, certainement. C'est pourquoi la nouvelle que l'une des filles de terminale, une certaine Charlotte Simmons, allait entrer à Dupont à l'automne suivant occupait toute la première page de l''Alleghany News', l'hebdomadaire local (...) Une jeune fille qui, dans quelques mois, sera la première lycéenne de notre comté à rejoindre Dupont University, où elle a reçu une bourse couvrant tous ces frais.- Des murmures admiratifs se sont élevés de la portion adulte du public. - Ladies and gentleman, Charlotte Simmons, à qui revient le discours de clôture !

A Dupont, elle allait faire la connaissance de gens comme elle, des gens dont le cerveau continuait à vivre, pour lesquels l'avenir était une notion qui dépassait le samedi soir suivant...