Commentaires de livres faits par Moirabelle
Extraits de livres par Moirabelle
Commentaires de livres appréciés par Moirabelle
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Jack s'écarta.
— Tu as raison. Il faut instaurer des limites. Ce n'est pas une mauvaise idée.
Il fourragea dans ses cheveux, puis s'appuya contre le comptoir à côté d'elle.
— Première règle : dorénavant, interdiction de se balader dans la maison en T-shirt moulant et pantalon de yoga.
— Très bien. Je ne le ferai plus si toi, en contrepartie, tu te rases.
Jack se frotta le menton, le sourire aux lèvres.
— On n'est pas insensible aux joues ombrées de barbe, hein ?
Et comment ! pensa-t-elle.
Il crispa la mâchoire.
— Je t'ai déjà dit de ne pas me regarder de cette façon, la prévint-il, les yeux soudain brûlants de désir.
Et puis zut !
Je sursautai. Avait-il lu dans mes pensées ?
— De la musique, dis-je dans un souffle.
C’était tout mon univers. Les basses étaient le battement de mon cœur, les compositions ma ligne de vie, qui parvenait la plupart du temps à me maintenir au-dessus de l’eau.
— J’écris des chansons, expliquai-je.
— Où est-ce que tu puises l’inspiration ?
À vrai dire, je ne m’étais jamais posé la question.
— En général, je m’assieds et… ça vient comme ça. Je superpose des pistes en tâtonnant. Selon l’humeur…
C’était incroyable que je lui en révèle autant. Mais j’avais l’impression qu’il était capable de comprendre.
Il me serre les mains.
– J'ai peur que tu le fasses.
– Vous allez jeter tout ça ? demande-t-elle incrédule.
Ces paroles s’adressent à la femme qu’elle vient d’entraîner dans le couloir. Je connais cette femme, elle s’appelle Lydia, mais j’ignore le nom de la jeune fille. Malgré l’intérêt que je lui porte.
Lydia se retourne. Elle jette un regard vers le contenu du carton qu’elle porte dans les bras, relève les yeux vers son interlocutrice.
– Il n’a pas touché un pinceau depuis des semaines. Il n’en a plus besoin, et ça prend de la place.
Là-dessus, elle place le carton sur le comptoir des infirmières.
– Pourriez-vous jeter ceci ? demande-t-elle à l’une d’elles.
Sans lui laisser le temps de répondre, Lydia retourne dans la chambre puis en ressort quelques secondes plus tard, armée de toiles vierges qu’elle vient déposer à côté du carton avant de repartir.
Restée seule, la jeune fille vient regarder de plus près le matériel. Elle semble triste. Comme si elle avait autant de mal à le voir partir que son propriétaire.
Je l’observe un moment, jusqu’à ce qu’elle se mette à verser des larmes. Elle les essuie, avant de demander à l’infirmière :
– Il faut vraiment les jeter ? Vous ne pourriez pas… au moins les donner à quelqu’un ?
L’infirmière semble comprendre son désarroi et lui sourit en hochant la tête. Après quoi la jeune fille retourne à son tour dans la chambre.
Je ne la connais pas, mais j’aurais sans doute eu la même réaction si quelqu’un était venu prendre les affaires de mon père pour les jeter.
Jusqu’ici, je ne me suis jamais essayé à la peinture, mais il m’arrive de dessiner parfois. Et voilà que je me lève, que je m’approche du comptoir. Je jette un regard dans le carton, plein de tubes de peinture et de pinceaux.
– Je peux… ?
Je n’ai pas le temps d’achever ma phrase que l’infirmière pousse le tout devant moi.
– Je vous en prie. Prenez-les. Je ne saurais pas quoi en faire.
Sa poitrine généreuse étirait un tee-shirt violet au niveau d’un personnage Disney à moitié effacé – la fée Clochette. John sourit intérieurement en se demandant de quelle couleur était le soutien-gorge qu’elle portait en dessous. De longues jambes lisses s’étiraient d’un court short en jean, et les ongles de ses pieds étaient recouverts de vernis prune, indice d’un goût discret pour la séduction. Cette femme était le péché incarné.
Et en matière de péchés, John s’y connaissait.
Je faillis sourire. Même si, au fond, je comprenais que [ma soeur] puisse le penser. De son point de vue extérieur, mon comportement semblait aberrant. En contradiction totale avec ma personnalité, mes convictions, et ma ligne de conduite passée.
– Il n’est pas si méchant, je t’assure, plaidai-je. Je reconnais que sa réputation est atroce, mais… il a de grandes qualités.
– Où ça ? Dans son froc ?"