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Ange est une jeune femme sans histoire
Jusqu’au soir où elle doit réécrire la sienne.
Ange avait tout pour être heureuse : un petit ami, une famille, un travail passionnant. Tout aurait été pour le mieux si son monde n’avait pas volé en éclat la nuit du Nouvel An.
Désormais célibataire, Ange n’a qu’un homme dans sa vie qu’elle chérit plus que tout : son petit pirate. Pour lui, elle est prête à enchaîner les nuits blanches, à dépenser ses maigres
économies, au point d’accepter une collaboration peu ordinaire sur un gros dossier pour sa société.
Simuler des fiançailles, est-ce vraiment si difficile ? Tout dépend du partenaire, et de sa motivation.
Afficher en entierMa respiration s’accélère, signe que je suis sur le point de me sentir mal. Le manque de sommeil, de repos tout simplement, commence à avoir raison de moi. La lassitude également, sans parler de l’abattement et du désespoir qui cherchent à s’inviter.
— Bonjour, mesdemoiselles ! Belzébuth !
Je ferme les yeux en entendant la voix de Benjamin Tollec. Ce n’est décidément pas le moment pour une des joutes dont nous avons le secret. À vrai dire aujourd’hui, rien que mon surnom suffit à me donner les larmes aux yeux.
La main toujours posée sur le réfrigérateur, j’appuie mon front dessus. Il faut que je sois forte. Je n’ai pas le choix. Et ce soir, je me coucherai plus tôt. Peut-être qu’ainsi je pourrai rattraper mon sommeil en retard.
Dans mon dos, ils continuent de parler. De S’Leksak ? Mes collègues demandent-elles au fils du patron si toutes ces folles rumeurs sont vraies ? Avec Thomas, le frère aîné de
Benjamin, poser une telle question ne serait pas envisageable, mais avec ce dernier tout est possible. Il est beaucoup plus accessible, et plus détendu. Au point que nous passons notre temps à nous chamailler et que mon prénom, Ange, est devenu…
Afficher en entier— Le grand patron de Swedish Toys, enfin S’Leksak dans sa version originale, est assez traditionnel. Il est très porté sur la famille, le mariage… continue-t-elle.
Son nez se fronce, comme si une mauvaise odeur lui parvenait aux narines. Il est de notoriété publique que Miranda est contre le mariage et toutes les institutions qui tendent à
« rendre la femme esclave d’un homme ». Certains disent juste qu’elle est aigrie d’être toujours célibataire à son âge, et sans relation sérieuse depuis longtemps.
— Le directeur de la campagne de publicité a été surpris par son épouse, dans le lit conjugal avec non pas une, mais deux autres femmes !
— Miranda, ce ne sont que des rumeurs ! s’offusque Marie en remontant ses lunettes.
— Et il paraît que l’épouse trahie était avec sa fille quand elle les a découverts, insiste
Miranda.
— Seul le nombre de femmes dans le lit ne varie pas selon les versions, s’amuse Sacha avant de croquer dans sa pomme.
Ne voyant aucun intérêt à tout cela, je retourne mon attention vers ma salade. Je n’ai pas assez d’appétit pour la finir. D’un geste mécanique, je referme ma boîte en plastique et pars la ranger dans le frigo, pour mon déjeuner de demain. Cela me fera ça en moins à préparer ce soir.
Afficher en entierSa voix grave me berce. Il a parlé doucement, certainement pour que notre conversation reste loin des oreilles indiscrètes. Il agit toujours ainsi avec moi, peut-être craint-il que son père, le grand patron, n’ait vent de nos joutes verbales. Ou alors que ce soit son frère aîné.
Toujours est-il que c’est inutile. Tout le monde sait que nous nous entendons comme chien et chat. Enfin, c’est ce qu’ils supposent, parce que je n’ai pas particulièrement d’inimitié à son encontre. Par contre, je ne peux nier adorer nos échanges.
Afficher en entierAussitôt je me remémore les dernières minutes, mon arrivée dans les toilettes de l’entreprise, mon départ en trombe pour éviter Benjamin et… sur la table ! Je l’ai laissé sur la table avec mes collègues.
Seulement quand je reviens dans la salle de pause, elles sont déjà retournées travailler, et rien ne traîne. Pas même un smartphone.
— Non, non, non !
Je pivote sur moi-même, paniquant à l’idée d’avoir perdu mon portable. Et si Blaise a besoin de moi ? J’ai bien donné le numéro de téléphone de l’agence, mais il serait malvenu de prendre un appel personnel, d’autant plus que personne ici n’est au courant…
Et s’il a sonné en mon absence et que quelqu’un a répondu ?
Une sueur froide. Deux. À la troisième, je me demande si je ne vais pas finir par vomir ou m’écrouler. Les deux me paraissent envisageables et la seconde option délicieusement tentante. Si je m’évanouis, je me réveillerai plus reposée, non ?
Un fou rire monte en moi, et je l’endigue comme je peux. Je suis sur le point de craquer.
Mes nerfs n’en peuvent plus.
— Tiens, Belzébuth !
D’un bond, je me tourne vers la porte contre laquelle est appuyé Benjamin, mon téléphone à la main. Aussitôt, je me jette sur lui, le lui arrache et vérifie que je n’ai manqué
aucun appel.
Rien.
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