Extrait

L’esprit de Rich chancela. Son père était fier de lui ? « Alors pourquoi est-il si lointain ? ». Sans même penser à ce qu’il disait, pas plus qu’à la présence des autres à table, il ajouta :

— Ce doit être parce que je suis gay.

Johnny recracha son café par le nez. Rich releva les yeux et vit que Monsieur et Madame Milloway étaient bouche bée et puis, lentement, ils retournèrent leur attention sur Johnny.

— Mon fils, y a-t-il quelque chose que tu voudrais nous dire ? demanda doucement Monsieur Milloway.

Johnny regarda simultanément son père puis sa mère, sa bouche s’ouvrant mais rien ne sortit.

— Monsieur, votre fils n’est pas gay, dit Rich, venant à son secours.

— Non ! s’exclama Johnny en s’essuyant le nez et le menton. Vraiment, je ne suis pas gay.

— Qui n’est pas gay ? demanda une jeune femme en entrant dans la salle à manger, vêtue d’un peignoir violet, ses cheveux bouclés s’agitant sauvagement autour de sa tête.

— Je ne suis pas gay, sortit rapidement Johnny.

— C’est trop dommage, dit-elle en s’asseyant. Peut-être que tu serais plus amusant si tu l’étais. D’ailleurs, qui s’en soucie ?

— Anita, voici Rich, un ami d’université de Johnny, dit Madame Milloway pour les présenter l’un à l’autre en rougissant.

Anita était assise à côté de Rich et lui tendit la main pour serrer la sienne.

— Ravie de te rencontrer. Oh, tu es gay. Maintenant, je comprends. Pourrais-tu me passer les œufs, s’il te plaît ?

Le reste de la table était impassible. Rich lui passa les œufs comme elle l’avait demandé.

Elle lança un coup d’œil autour d’elle en prenant le plat.

— Quoi ? Est-ce que je pue ou j’ai quelque chose de travers ?

Personne ne répondit quoi que ce soit.

Madame Milloway regarda son fils, puis Rich.

— Mais… Vous deux… Eh bien, je ne vous ai pas espionné, mais… Vous avez couché ensemble la nuit dernière.