Extraits

Il l'aime et elle l'aime. L'avenir s'ouvre à elle, un chemin plein de possibles ! Cette fois, peut-être que la chance est de son côté.

- Moi aussi, j'ai cru ne plus jamais te revoir. Mais mon plus grand regret... mon plus grand remords, ç'aurait été de ne t'avoir jamais dit que je t'aimais.

C'est son cœur que je veux.

Merde.

Elle m'a mis à nu.

Je n'ai pas pleuré à l'hôpital.

Je n'ai pas pleuré aux obsèques.

Je n'ai pas pleuré depuis la mort de mon père, j'avais seize ans.

Mais là, je laisse mon chagrin s'exprimer et sanglote dans les bras d'Alessia.

Il est à tomber.

Le cœur d'Alessia déborde d'amour.

Oui. Elle l'aime.

Je l'embrasse plus profondément. Quand ma langue taquine ses lèvres, elle entrouvre la bouche.

C'est tellement bon.

Sa langue hésite puis s'abandonne. Elle a le goût de la grave et de la séduction. C'est adorable, envoûtant, excitant...

L’une des résidences londoniennes des Trevelyan se trouve sur Cheyne Walk, non loin de mon appartement. Édifiée en 1771 par Robert Adam, Trevelyan House est la demeure de Kit depuis la mort de mon père. Elle recèle bien des souvenirs d’enfance – certains heureux, d’autres moins. Maintenant, je peux en faire ce que je veux. Du moins, elle fait partie de mon patrimoine. Confronté une fois de plus à mon nouveau statut, je secoue la tête et remonte mon col pour m’abriter du froid mordant, qui semble venir non pas de l’extérieur, mais de mon cœur.

Fasciné, je fixe les flammes dansantes de la cheminée de mon club, à Mayfair. Comte de Trevethick. C’est moi, maintenant. C’est inconcevable. Accablant. Dire que j’ai envié le titre et la position de mon frère quand j’étais plus jeune ! Dès sa naissance, Kit a été le préféré de mes parents, surtout de ma mère. Il est vrai qu’il était l’héritier, pas le joker. Après avoir porté le titre de vicomte Porthtowan, Kit est devenu le douzième comte de Trevethick à l’âge de vingt ans, lorsque notre père est brusquement décédé. À vingt-huit ans, je suis le treizième, un chiffre porte-bonheur. Et bien que j’aie convoité ce titre et tout ce qui va avec, depuis que c’est le mien, j’ai l’impression d’être un intrus dans le domaine de mon frère.

Avant le décès de Kit, je passais mes journées à me remettre de la nuit de la veille et à planifier les divertissements de la suivante. À peu de chose près, voilà à quoi se résumait ma vie. Je n’éprouve aucun plaisir à exhiber la vacuité de mon existence. Au fond, je sais que je suis un raté. Dès l’âge de vingt et un ans, j’ai hérité d’un fonds fiduciaire conséquent. Du coup, je n’ai jamais bossé. Contrairement à mon grand frère. Il a beaucoup travaillé, lui. Il est vrai qu’on ne lui a pas laissé le choix.

Ce soir, c’est Caroline. Elle ne se range pas dans la catégorie des coups d’un soir. Elle ne s’y rangera jamais. Mais qu’est-ce qui m’a pris, bon sang ? Je ferme les yeux pour tenter de faire taire la petite voix qui me demande s’il était bien raisonnable de coucher avec ma meilleure amie… une fois de plus. Elle dort à mes côtés, son corps svelte baigne dans la lumière argentée de la lune de janvier, ses longues jambes entremêlées aux miennes, sa tête sur ma poitrine.